Jardins de Versailles - Définition

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Le défi de l’eau

Hier comme aujourd’hui, les fontaines sont une des merveilles des jardins de Versailles. Pourtant, l'élément qui leur est nécessaire et qui anime si remarquablement les jardins, l'eau, est restée depuis l’époque de Louis XIV un problème.

En effet, les jardins de Louis XIII avaient besoin d'eau et les étangs des alentours du château fournissaient aux fontaines des jardins la quantité d’eau adéquate. Plus tard, avec les agrandissements que commanda Louis XIV, l’alimentation de l’eau devint un défi, parfois crucial.

Afin de satisfaire les besoins en eau lors des premiers agrandissements des jardins de Louis XIV, l’eau était pompée dans les étangs proches du château, notamment dans l’étang de Clagny qui servait de source principale. L’eau de l’étang était pompée jusqu'à un réservoir situé sur le toit de la grotte de Thétys, d’où l’eau, par un système de canalisations complexe, alimentait les fontaines, plus bas dans les jardins, par simple gravité. On captait aussi d'autres sources que l'on amenait jusqu'à des réservoirs construits sur la colline de Satory, au sud du château.

En 1664, les demandes d'eau accrues nécessitaient des sources supplémentaires. Cette année-là, Louis Le Vau conçu la Pompe, un moulin à eau au nord du château. La Pompe tirait de l’eau de l’étang de Clagny par un système de pompes éoliennes (ou, en l’absence de vent, à l'aide d'un cheval) jusqu'à un réservoir. La capacité de la Pompe - 600 m³ par jour – réduisait la pénurie d’eau dans les jardins.

Avec l’achèvement en 1671 du Grand Canal qui servait de canal d’écoulement pour les trop-pleins des fontaines, l’eau fut redirigée vers le réservoir de la grotte de Thétys par un système de pompes éoliennes. Quoique ce système ait résolu certains des problèmes d’approvisionnement en eau, il n’y avait jamais assez d'eau pour faire fonctionner toutes les fontaines en même temps.

S'il était possible de faire fonctionner tout le temps les fontaines que l'on voyait depuis le château, celles qui étaient cachées dans les bosquets ou dans les régions reculées n'étaient mises en marche que ponctuellement. En 1672, Jean-Baptiste Colbert imagina pour les responsables des fontaines un système de communication par sifflets à l’arrivée du roi. Un coup de sifflet indiquait que sa fontaine devrait être mise en marche. Une fois le roi parti, le responsable devait arrêter sa fontaine et avertir le suivant que la prochaine fontaine pouvait être mise en marche.

En 1674, la Pompe fut agrandie et devint la Grande Pompe. Avec la Grande Pompe, la capacité de distribution d’eau fut augmentée à presque 3 000 m3 d'eau par jour grâce à un nombre plus important de pistons. Cependant, l’étang de Clagny dans lequel elle puisait se trouva souvent à sec.

La demande accrue pour l’eau et les contraintes sur le système d’alimentation d’eau nécessitèrent des nouvelles mesures afin d’amener plus d’eau à Versailles. Entre 1668 et 1674, un projet fut entrepris pour canaliser l’eau de la Bièvre à Versailles. Par des barrages sur la rivière et un système de pompes avec cinq moulins à eau, l’eau fut dérivée aux réservoirs situés sur la colline de Satory. La dérivation de la Bièvre débitait 72 000 m3 d’eau supplémentaires pour les jardins de Versailles.

Malgré l’augmentation de débit venant de la Bièvre, les jardins en nécessitèrent encore plus. De nouveaux projets d’alimentation d’eau furent nécessaires. En 1681, un des plus ambitieux et plus remarquables projets du règne de Louis XIV fut entamé. En raison de la proximité de la Seine à Versailles, un projet fut proposé pour amener l’eau du fleuve jusqu'au château. Profitant de la réussite du système datant de 1680 qui alimentait en eaux les jardins du château de Saint-Germain-en-Laye grâce au même fleuve, la construction de la machine de Marly commença l’année suivante.

La machine devait amener l’eau de la Seine en trois montées successives à l’aqueduc de Louveciennes, une centaine de mètres au-dessus du niveau du fleuve. Une machine à 14 grandes roues actionnait 64 pistons qui amenaient l’eau à un réservoir 48 mètres au-dessus du fleuve. Depuis ce premier réservoir, l’eau était refoulée par un système de 79 pompes à 56 mètres au-dessus du premier réservoir à un deuxième réservoir. Finalement, les dernières 78 pompes amenaient l’eau jusqu’à l’aqueduc qui l'acheminait vers Marly et Versailles.

En 1685, la construction de la machine de Marly s’acheva. Pourtant, en raison des pannes et des fuites sur la canalisation, la machine n'était capable d’augmenter l’alimentation d’eau aux jardins seulement de 3 200 m³ par jour – la moitié du débit prévu. La machine était une attraction pour tous les visiteurs de France. Bien que la consommation de l’eau par les jardins de Versailles surpassât celle de Paris, la machine de Marly continua à alimenter les jardins de Versailles jusqu’à 1817.

Pendant le règne de Louis XIV, les dépenses pour les systèmes d’alimentation d’eau représentèrent un tiers de toutes les dépenses de construction à Versailles. Même avec l’augmentation supplémentaire fournie par la machine de Marly, les fontaines ne pouvaient qu'être mises en marche à l’ordinaire, c’est-à-dire à demi-pression. Avec cette mesure d’économie, les fontaines consommaient 12 800 m³ par jour, une consommation qui excéda de loin des capacités disponibles. En ce qui concerne les Grandes Eaux – les occasions où toutes les fontaines étaient mises en marche au maximum – la consommation d’eau pour un de ces spectacles surpassait 10 000 m³ pour moins que trois heures de jeu. Par conséquent, les Grandes Eaux furent réservées aux occasions exceptionnelles, telles que la réception de l’ambassadeur du Siam (1685-1686).

En 1685, une dernière tentative de gagner le défi de l’eau fut entreprise. Un projet fut proposé pour dériver l’Eure – 160 km au sud de Versailles et qui domine les réservoirs de Versailles à 26 mètres. Le projet nécessitait non seulement le creusement d’un canal et la construction d’un aqueduc (celui de Maintenon) mais aussi la construction d’un chapelet d’écluses et des canaux de navigation pour le ravitaillement des ouvriers sur le canal principal. À partir de 1695, 9 000 à 10 000 soldats furent occupés par la construction du canal ; l’année suivante, plus que 20 000 soldats y furent affectés. Entre 1686 et 1689, l’année où la guerre de la Ligue d'Augsbourg se déclencha, un dixième du contingent du royaume était occupé par la construction du canal de l'Eure. Avec le déclenchement de la guerre, le projet fut abandonné sans jamais être achevé. Si le projet de la dérivation de l’Eure avait été achevé, 50 000 m3 supplémentaires d’eau par jour auraient pu être amenés à Versailles – un débit suffisant pour mettre fin au défi de l’eau pour les jardins.

Aujourd’hui encore, les autorités du musée de Versailles font face au défi de l’eau. Lors des Grandes Eaux, l’eau est recyclée depuis le Grand Canal jusqu'aux réservoirs par un réseau de pompes modernes. Les pertes par évaporation sont compensées par l’eau de pluie, récupérée dans des citernes situées un peu partout dans les jardins. La gestion assidue de cette ressource par des autorités du musée évite l’usage des réserves de l’eau potable de la ville de Versailles.

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