Antonio di Pietro Averlino ou Averulino dit le Filarète (en Grec celui qui aime la vertu) (Florence ~1400 - ~ 1469 est un architecte et sculpteur florentin, qui a été théoricien de l'architecture de la Renaissance italienne.
« Le Filarète », ainsi qu'il est généralement appelé, est probablement né à Florence, et pourrait s'être formé auprès de Lorenzo Ghiberti. Exécutant une commande du Pape Eugène IV, Averlino met douze ans à réaliser les portes de bronze de l'ancienne basilique Saint-Pierre à Rome, qu'il termine en 1445. Le Filarète espère rivaliser avec les portes de bronze exécutées par Ghiberti pour le baptistère Saint-Jean (Florence). Lorsque la basilique est détruite au siècle suivant, les portes du Filarète sont démontées, mises en lieu sûr, puis réinstallées sur la nouvelle basilique.
Le Filarète quitte Rome à l'invitation de Francesco Sforza à Milan, où il construit l'Ospedale Maggiore (environ en 1456). L'hôpital est conçu de façon géométrique : une croix à l'intérieur d'un carré. La chapelle de l'hôpital est prévue pour occuper le centre de la croix. Il reste des pans de l'édifice original de ce bâtiment maintes fois reconstruit, dont le style gothique typique de l'artisanat du quattrocento jure avec le projet à l'antique du Filarète. Il travaille aussi sur le Castello Sforzesco et sur la cathédrale de Milan.
Vers 1465, le Filarète termine son Trattato di architectura (Traité d'architecture) en 25 volumes, qui circule largement sous forme manuscrite. Vers 1465 apparaît le Codex Maglieabechiano, une copie du traité richement illustrée, dédiée à Piero de Medicis. Cette dédicace semble indiquer que le Filarète était tombé en disgrâce à Milan peu de temps après la publication de son Traité. Le style que le Filarète qualifie de style moderne barbare et qu'il encourage ses lecteurs à abandonner correspond au gothique lombard.
La majeure partie du traité, selon la mode de l'époque, se présente sous forme de dialogue, ici entre le mécène et son architecte; il décrit par le menu une cité imaginaire et quelque peu ésotérique, Sforzinda, ainsi nommée en l'honneur de son protecteur. La cité, qu'il compare à un corps humain idéal, s'inscrit dans l'étoile à huit branches de son enceinte fortifiée, dans le cercle circonscrit de ses douves.
C'est le premier plan de ville idéale en forme d'étoile conçu en réaction à l'organisation anarchique et claustrophobique de la cité médiévale. Huit tours forment des bastions aux pointes de l'étoile, huit portes s'ouvrent sur des avenues rayonnant à partir du centre. Chacune d'elles dessert une place publique où se tient un marché spécialisé dans certaines denrées. D'autres avenues rayonnantes possèdent leur église et leur monastère. Un système de canaux relie la cité avec le monde extérieur et sert à la circulation des biens. Au centre de Sforzinda se trouve la piazza, double carré d'un stade de long et d'un demi stade de large, avec au fond la cathédrale et son campanile.
Les bâtiments et leurs ornements hautement symboliques sont décrits avec minutie; le traité fournit les calculs astrologiques nécessaires pour assurer l'harmonie de la cité, ainsi que des renseignements pratiques sur les fortifications, et la découverte d'un livre d'or détaillant les bâtiments de l'antiquité classique.
L'engouement du Filarète pour le roman courtois de la fin du Moyen Âge qui transparaît dans ce traité d'architecture n'est pas du goût des penseurs plus rationnels qui lui succèdent : Giorgio Vasari enterre le traité d'un le livre le plus ridicule et peu être le plus stupide que j'ai jamais lu. Il faudra attendre 1894 pour que soit imprimé pour la première fois le Tractatus du Filarète, lorsque W. von Ottingen édite le Codex Magliabechiano.