Lernen durch Lehren (LdL), (anglais: Learning by teaching) correspond à la technique d'enseignement mutuel pratiquée depuis la fin du XVIIIe siècle en Angleterre et en France. Pour faire face à une pénurie de professeurs on demandait à des élèves de transmettre à leurs condisciples les connaissances qu'ils venaient d'assimiler. Depuis lors, mais pour des motifs didactiques, cette idée a été reprise dans le cadre de la pédagogie active. C'est au début des années 1980 que cette méthode a été placée sur des bases théoriques modernes (psychologie de la cognition) et répandue en Allemagne par Jean-Pol Martin, professeur de didactique du Français à l'Université catholique d'Eichstätt-Ingolstadt (Bavière).
L'idée n'est pas nouvelle. À la fin du XVIIIe siècle Andrew Bell observe à Madras que le manque de professeurs conduit à faire enseigner les élèves les plus jeunes par les plus âgés. Rentré en Angleterre, Bell publie un livre dont les idées sont aussitôt reprises par Joseph Lancaster, qui fonde des écoles fonctionnant d'après ce système, les Bell-Lancaster Schools.
En Suisse, le franciscain Grégoire Girard instaure des « cours gradués » basés sur le monitorat systématique en petits groupes. À partir de 1815 apparaissent en France des écoles de ce type rebaptisées écoles mutuelles, qui, après la révolution de 1830 verront leur effectif monter jusqu'à 2 000 écoles. Il s'agissait toutefois de concepts très traditionnels (imiter et mémoriser) destinés uniquement à pallier le manque d'enseignants.
À partir du début du 20e siècle ces techniques sont utilisées pour des motifs pédagogiques pour arracher les élèves à leur passivité (pédagogie active). On note sur ce sujet les publications de Gartner (1971) pour les États-Unis, et pour l'Allemagne de Krüger (1974) et de Wolfgang Steinig (1985) Mais la méthode a élargi son audience surtout depuis les années 1980, lorsque Jean-Pol Martin en fit pour l'enseignement du FLE en Allemagne, un système didactique cohérent avec une base théorique solide.
Cette méthode se répandit en Allemagne particulièrement à partir de 1987, lorsque Martin développa un réseau de plus de mille collègues qui utilisent la méthode dans toutes les matières. Ces enseignants documentent leurs résultats et les présentent dans de nombreux stages de formation. La méthode élargit son audience particulièrement depuis 2001, date où la publication de l'enquête PISA, étude comparative sur les résultats des différents systèmes scolaires en Europe, a révélé de graves déficits en Allemagne. Aujourd'hui cette méthode est traitée dans tous les programmes d'enseignement des centres de formation pédagogique et recommandée par les ministères de l'éducation des Länder.
Parmi les enseignants et dans la formation des professeurs l'œuvre de Martin est largement connue et son enseignement transmis : Depuis 1985 plus de 100 mémoires ont été réalisés sur LdL par des enseignants stagiaires de toutes les matières. Ceci concerne aussi les instituts de formation et les instances ministérielles, aussi bien pour ce qui est de la pratique que de la théorie de LdL (voir Margret Ruep 1999). Enfin cette méthode est évoquée dans les ouvrages de référence (dans « Didactique du français langue étrangère » paru en 2006 LdL est présenté comme une « méthode où le concept d'activation de l'élèves est porté à sa forme la plus radicale »).