(à compléter)
Malgré son travail harassant qui fit de lui un des meilleurs cartographe de son époque, Bacler d’Albe fut selon le Dictionnaire Bouillet aussi un excellent peintre de bataille et de paysage et un graveur prolifique dont la qualité des œuvres le place au même rang que ses contemporains plus connus comme Antoine-Jean Gros.
Un biographe résume : "L'œuvre artistique de Bacler d'Albe est considérable. Le nombre de ses tableaux s'élève à plus de 500 et comprend des toiles, des aquarelles, des gouaches, des gravures et des lithographies.". L'œuvre artistique de Bacler d'Albe peut se diviser en trois grandes parties : les vues des Alpes ; la peinture au service de Bonaparte ; et la réalisation de gravures à partir surtout des souvenirs de ses campagnes à travers l'Europe.
Installé dans les Alpes en 1785-1793, Bacler d'Albe dessine de nombreux paysages de la région du Mont-Blanc à l'époque où un public préromantique commence à s'intéresser à la beauté et au pittoresque des montagnes. Un spécialiste estime que "Entre 1785 et 1800, l'artiste qui se vendait le plus, en Savoie et en Suisse, était Bacler d'Albe, sans cesse en excursion dans le pays pour prendre de nouvelles vues, sans cesse visité par les voyageurs illustres.".
Parmi les principales œuvres de cette période, son biographe Despax cite notamment :
À partir de 1796-1797, Bacler d'Albe est embauché par Bonaparte pour réaliser des tableaux de sa campagne d'Italie. Bacler d'Albe peint notamment de grandes toiles (batailles d'Arcole, Rivoli, Lodi, passages du Pô dont celui à Plaisance) et, plus tard, la veillée d'Austerlitz (1805) et le bombardement de Vienne de 1809. Plusieurs de ces tableaux sont exposés à Versailles. Des historiens citent en particulier deux tableaux, la bataille d'Arcole et la veille d'Austerlitz auxquelles il avait assisté. Le premier de ces tableaux se voyait à Trianon et le second dans la galerie de Diane aux Tuileries à Paris.
Cette œuvre présente un double intérêt à la fois pour l'histoire de l'art (le renouvellement du genre de la peinture militaire) et pour l'histoire politique (elle est l'un des éléments de la formation du mythe de Bonaparte dans l'esprit des Français).
Sur le plan artistique, les tableaux militaires de Bacler d'Albe constituent une œuvre novatrice appelée à faire école. Ses toiles de la campagne d'Italie introduisent notamment la précision topographique dans la peinture militaire. Un historien d'art juge ainsi que "La peinture militaire de ce temps a modifié la manière traditionnelle dans le sens de l'exactitude topographique et de la fidélité narrative" et cite Carle Vernet, Thévenin, Bacler d'Albe, Lejeune. Bacler d'Albe, à la fois artiste et topographe, est particulièrement bien placé pour réaliser cette synthèse.
En même temps, Bacler d'Albe ne néglige pour autant la représentation de l'humain. Un historien spécialisé écrit : "Le dessinateur, fort des connaissances militaires de l'officier, place l'homme au premier plan de ses œuvres. C'est l'apport original de Bacler qui décrit toujours les actions des combattants alors que les autres artistes peignent les paysages dans lesquels se sont passés les événements. De là l'atmosphère unique qui émane de ses gouaches. Enfant des Lumières, Bacler est un humaniste pour lequel l'homme au centre de la Création est la mesure de toutes choses".
Ces nouveautés renouvelleront ce genre artistique et seront un peu un "prototype" copié par les plus grands, y compris Giuseppe Pietro Bagetti, Lejeune ou Carle Vernet, Antoine-Jean Gros.
Au-delà de ses qualités artistiques, l'œuvre de Bacler d'Albe (comme celle d'un Bagetti par exemple) jouera un grand rôle historique : elle concourt, à la demande de Bonaparte, à créer le mythe du général Bonaparte dans l'esprit des français, préparant ainsi l'accession au pouvoir de son chef. Bacler d'Albe réalise ainsi en 1797 le premier portrait de Bonaparte (probablement avant celui réalisé par Gros).
Notons qu'à l'époque impériale, Bacler d'Albe réalise également quelques tableaux mythologiques qui semblent avoir disparu :
Après la chute définitive de l'Empire en 1815, ruiné et privé de tout emploi public, Bacler d'Albe réalise des centaines de gravures à partir des dessins ramenés des campagnes menées à travers l'Europe de 1793 à 1814 (Italie, Allemagne, Europe centrale, Espagne, Paris et la région parisienne). Il est l'un de ceux qui lancent la mode de la lithographie (gravure sur pierre, en couleur). Son biographe écrit : "A cette époque, la lithographie, sous l'influence de deux imprimeurs, Engelmann, en 1815 et de Lasteyrie en 1816, commençait à acquérir une grande vogue parmi le public. Bacler d'Albe en fût l'animateur : il créa à Sèvres un groupement artistique pour la propagande de ce nouveau procédé de reproduction artistique, les peintres de Sèvres.".
Celui qui fut, selon certains, le deuxième personnage le plus important du quartier-général impérial, travaille également anonymement comme peintre d'assiettes, tasses, soucoupes et autres vases à la Manufacture de porcelaine de Sèvres, voisine de sa maison.
Il publie pendant cette période :
Il est le père de l'artiste Louis Marc Bacler d'Albe.