Il semble que 22 Bf-109 A-0 aient été livrés, ils sont basés sur le V4, qui vole le 23 septembre 1936 les premiers sont motorisés par un Jumo 210B de 640 cv, qui cède rapidement la place, à un Jumo 210D de 670 cv. Ces avions ne sont pas identiques, avec de nombreuses différences, parfois apparentes, les prises d'air de refroidissement de l'armement et le radiateur d'huile changèrent de position à plusieurs reprises pour éviter les phénomènes de surchauffe. Ils sont suivis par les Bf 109 B-1 qui en découlent, mais qui vont eux être produits à 341 exemplaires par Messerschmitt, Fieseler et Erla. En cours de production du B-1, hélice bipale fixe Schwarz en bois cède la place à une bipale à pas variable VDM, copie sous licence de l'Hamilton Standard américaine, donnant par modification ou nouvelle construction, les Bf 109 B-2. Les avions sont parfois motorisés par un Jumo 210Da et son compresseur à deux vitesses, certains semblent avoir reçu des Jumo 210G à injection directe, après l'essai en mars 1937, sur le Bf 109 V7. Comparé aux futurs chasseurs britanniques armés de huit mitrailleuses, l'armement du Bf 109 est cependant jugé insuffisant avec seulement, deux MG-17 de 7,92 mm de capot. Plusieurs essais sont réalisés pour monter une troisième mitrailleuse, voire un canon de 20 mm MG FF, installée entre les deux rang de cylindres et tirant à travers le cône d'hélice. Mais les vibrations et l'échauffement provoqués par le tir de ceux-ci posent encore trop de problèmes et les armes montées à travers le moteur restent expérimentales et les premiers avions des séries A et B devront se contenter de l'armement du V3.
Les premiers avions sont affectés au Jagdgeschwader (escadre de chasse) JG-132 Richthofen dans le but de tester leur capacités opérationnelles et, dès le début de sa production, le Bf 109 est engagé dans les opérations de la Guerre d'Espagne, où il vole aux mains des pilotes allemands volontaires de la Légion Condor. Il semble probable que des A-0, aient servis en Espagne avec les marquages tactiques de 6-1 à 6-16, par contre l'envoi des prototypes Bf 109 V4, V5 et V6, bien que souvent cité, semble incertain. Leur apparence similaire, les fit néanmoins souvent confondre avec le modèle B1, qui leur succède. L'un d'eux, le 6-15, contraint à un atterrissage forcé suite à une panne d'essence fut capturé par les républicains, le 11 novembre 1937. Le futur et désormais célèbre pilote d'essais français, Constantin Rozanoff, eut alors l'occasion de l'évaluer, cet avion sera livré aux soviétiques pour une étude plus poussée. Par la suite, au moins une cinquantaine de Bf 109B et une trentaine de Bf 109C seront envoyés combattre, l'envoi de modèles D lui n'est pas certain. La pratique durera tout le long du conflit, jusqu'à l'envoi d'une quarantaine de Bf 109E en 1939, le total des avions fournis aux forces nationalistes se situant au-delà de 130. Au cours des combats en Espagne, le Bf 109 fut opposé, en particulier, aux chasseurs soviétiques Polikarpov I-15 et I-16, extrêmement maniables et bien armés, qui dominent alors le ciel espagnol. Incapables de prendre l'avantage en combat tournoyant, les pilotes allemands, mettent alors au point des tactiques mettant l'accent sur la vitesse et l'avantage d'altitude. Groupé par quatre dans des Schwärme ("essaims"), qui se subdivisent en deux Rotten ("bandes"), les Messerschmitts engagent et rompent le combat à leur convenance du fait de leur grande vitesse. Lorsqu'ils bénéficient de la supériorité en altitude, ils plongent alors sur leurs adversaires pour effectuer une passe, groupés en formation, puis remontent avec la vitesse acquise pendant le piqué, restant ainsi complètement hors d'atteinte des contre-attaques de leurs adversaires. Cette nouvelle méthode de combat, connue comme combat à l'énergie, ou Boom and Zoom, inventée par des pilotes comme Adolf Galland et Werner Mölders, devint par la suite le style de combat dominant dans les airs, lors du second conflit mondial. Le Bf 109 se révèle magnifiquement adapté à cette utilisation. Plus de deux cent pilotes allemands firent leurs premières armes en passant par la légion Condor, devenant par la suite le noyau de la future chasse de la Luftwaffe, la Jagdwaffe.
Le Bf 109 V8 est le premier à apporter une réponse satisfaisante au problème de la faiblesse de l'armement, ses ailes ont été modifiées, pour permettre le montage de deux mitrailleuses supplémentaires, aux emplantures, le V9 est encore mieux armé car ce sont des canons de 20 mm MG-FF qu'il embarque dans les ailes, mais la structure de celles-ci se révèle alors trop faible pour supporter le recul et les avions de série Bf 109C devront se contenter de quatre mitrailleuses MG 17. Les deux prototypes et la série est motorisé par le Jumo 210 Ga, et pour la première fois embarque une radio FuG 7, qui permet les liaisons avec les forces terrestres. Pour Willy Messerschmitt, le principal problème de son chasseur est que, malgré les améliorations du Jumo, il n'arrive pas à lui faire atteindre des vitesses supérieures à 480 km/h. Il est persuadé que la solution est dans l'adaptation des Daimler Benz de la série 600. Son premier essai, le Bf 109 V10, l'ancien prototype de la série C, motorisé avec un DB 600A de 900 cv, est détruit à l'atterrissage par Ernst Udet, lors d'une tentative de record en juillet 1937. Le V11 lui succède, toujours avec un DB 600A, puis les deux V12 et V13. Le moteur de Daimler Benz manque encore de fiabilité et le DB 601 à injection devant être bientôt disponible, on décide donc de construire une série transitoire, le Bf-109D, encore équipé des Jumo 210D et toujours armés de quatre MG 17. Cette version sera la première à être exportée vers la Suisse et la Hongrie.
Les premières productions du Bf 109 | |
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Bf 109 A-0 | |
production basée sur le Bf 109 V4, 22 exemplaires. | |
présérie du Bf 109B | |
Bf 109 V5 2 MG-17, moteur junkers Jumo 210B, 1er vol 5 novembre 1936 Bf 109 V6 2 MG-17, moteur junkers Jumo 210B, 1er vol 11 novembre 1936. | |
série du Bf 109B | |
surnommée Bertha, 341 exemplaires, 2 MG-17 capot |Bf 109B-1 début de série avec hélice fixe en bois Schwarz, moteur junkers Jumo 210G de 670 cv, hélice fixe en bois Schwarz Bf 109B-2 exemplaires rééquipés de l'hélice bipale à pas variable VDM-1, moteurs Jumo 210Da. | |
présérie du Bf 109C et Bf 109D | |
Bf 109 V7 non-armé, moteur junkers Jumo 210G, 1er vol 5 novembre 1936 Bf 109 V8 armé de 2 MG-17 capot, moteur junkers Jumo 210Ga, 1er vol 11 novembre 1936 Bf 109 V9 prototype, armé de 2 MG-17 de capot et 2 MG FF dans les ailes , moteur junkers Jumo 210G, 1er vol 11 novembre 1936 Bf 109 V10 moteur Jumo 210Ga de 700 cv puis Daimler-Benz DB-600a de 900 cv pour une tentative de record. | |
série du Bf 109C | |
surnommée Clara ou Caesar, moteur Jumo 210G ou Ga, armé de 2 MG-17 de capot et de 2 dans les ailes, 58 exemplaires. | |
série du Bf 109D | |
surnommée Dora, moteur Jumo 210Da ou Ga, armé de 2 MG-17 de capot et de 2 dans les ailes, 647 exemplaires. |
Le nouvel avion est utilisé de façon intensive par la propagande nazie du Troisième Reich, dans le but d'impressionner ses futurs alliés et adversaires. On manipule de nombreux détails techniques et caractéristiques de l'avion pour amener les services de renseignement et la presse étrangère à surévaluer l'appareil. Dans ce but on utilise beaucoup les prototypes, dont certains sont transformés en machine de record, ayant peu de rapport avec les chasseurs de la production de série. Par exemple, le Bf 109V13, qui bat le record du monde de vitesse avec 610,5 km/h, en novembre 1937, emploie un DB-601 spécialement préparé et dépourvu de tout armement. Les services de la Luftwaffe entretiennent alors un flou sur ces avions, en les classant comme prototypes du chasseur, laissant sous entendre que la production serait basée sur ces modèles. L'influence de ces mesures se fait encore sentir de nos jours, certains croyant que les Bf-109D furent dotés de moteurs Daimler-Benz.
Autre domaine où la Luftwaffe essaye de tromper les experts, celui de l'armement. Des manuels sont même publiés pour des avions qui n'existent pas, ou alors sous forme de prototype, sans avenir. Les différentes variantes d'armement des modèles C et D, outre leur côté expérimental, sont certainement à classer dans ces tentatives de tromperie, destinées à masquer la faiblesse de l'armement du Bf 109 à ses débuts. Sont vraisemblablement à classer dans ces efforts :
Les montages d'armes dans le moteur et de canon dans les ailes se révélant impraticables avant la fin de l'année 1939, nombre de ces avions n'ont vraisemblablement jamais existé autrement que sur papier, et ce même si une documentation existe sur leur emploi opérationnel. Ces efforts portent leurs fruits, là encore même de nos jours, les premières versions du Emil étant décrites comme armées d'un canon tirant à travers le moteur, voire de trois canons. Ces procédés continueront par la suite, présentant l'avion de record Messerschmitt Bf 209 comme une future évolution du Bf 109, en le désignant Me 109R, alors qu'il est impossible de l'armer sans que ses performances ne s'effondrent.