Les moulins à eau ont eu leur âge d'or au XIXe siècle, époque de fort développement économique et agricole, (avec localement les restanques, seule solution au manque de terrain en zone aride) : on en a alors compté jusqu'à 1185 dans le Var. Mais, rapidement, et comme partout, l'industrie les a rendus non rentables.
La plupart sont tombés en ruines, certains ont été reconvertis, souvent en boites de nuit, quelques-uns en musée et un petit nombre a été maintenu en état de fonctionner, la plupart par des associations ou des passionnés comme le meunier communal de Mons, Jean Lambert.
Selon les documents abondent comme aux archives départementales du Var à Draguignan, il a existé de nombreux autres moulins peu éloignés : les deux moulin à rodet (ou à cuillères, en ruines) d'Esclapon, sur le Fil (autrefois Orfil), en rive droite, le moulin dit médiéval (ruines) immédiatement en aval du Neissoun, en rive gauche, le moulin à rodet de Villevieille (ruines), 700 en amont du nôtre, mais en rive droite , le moulin à platre dit de Fayence (ruines) : 1650 m en aval du nôtre, en rive droite , avant le vallon de San-Peyre et Frigoure, et le moulin (détruit) des Ajustadous (confluence de la Siagne et de la Siagnole) 2700m en aval du notre, en rive gauche. Il serait de plus étonnant que les romains n'en aient pas installé un lors de la construction de l'aqueduc de Mons à Fréjus.
Pour le moulin communal, les premières traces écrites sont liées à ce fief de la famille des Villeneuve qui par ses unions a contrôlé une très grande partie de la Provence. Les Villeneuve partagèrent progressivement leurs privilèges avec la population, anticipant largement 1789, qui s'en souvint peu et même les décima. Patrick et Laure de Clarens leur succédèrent. Mons put ainsi se développer notoirement et participer au développement des viles voisines.
Faisant suite à l'acte d’Habitation signé par Antoine de Villeneuve en 1468 accordant droit de chasse de pèche de pâturage, d'ouvrir une boucherie et un café … Henri de Villeneuve, surnommé 'le cruel' va plus loin et par transaction du 3 août 1551 cède ses moulins à blé et à huile :
« Le seigneur cède quitte, remet et désempare à la dite communauté de Mons ,manans et habitants d'icelle tous et chacun les droits qu'il a et peut avoir et à lui compétant, spectant et appartenant sur les deux moulins à blé posés sur la rivière de Siagne et appelés les moulins de fer, avec les droits de paradauvre, à faire au dit lieu lequel tient à service du dit seigneur. Noble Pierre Henry du dit Mons, et plus le dit seigneur cède quitte et remet et désempare à la dite communauté et particuliers d'icelle les moulins, paradours, resclause et presse déjà faits et commencés par le dit seigneur en la dite rivière de Siagne et au lieu dit au pas de la traille avec le obligés pour raison de ce fait et action qu'il a contre les maîtres auxquels la dite facture a été donnée à prix fait en argent qui en a déjà été payé et déboursé par le dit seigneur aux dits maîtres avec lissence, faculté, pouvoir et autorité que les dits manant et habitants pourront tels 'engeins' faire faire et parfaire et après iceux faire travailler à leur plaisir et prendre, lever et exiger le profit qui en proviendra, et sera permis et loisible à la dite communauté aire d'autres 'engeins' tant à blé, huile et paradours aux lieux et font dessus de la dite reclause d'aou pas de la traille et de là en bas par toute la Siagne durant le dit terroir de Mons et non point depuis la dite resclause d'aou pas de la traille en haut sauf et réservé au dit seigneur de Mons et aux siens faire en la dite rivière de Siagne et depuis la resclause d'aou pas de la traille jusqu'au 'engeins' de Noble Pierre Henry, tous les autres 'engeins' à son plaisir hormis le blé et l huile et paradour à drap, le tout sous préjudice des 'engeins' des susdits, lesquels 'engeins' serviront tant aux habitants de la dite communauté que autres étrangers qui voudront y venir. »
Son épouse, Constance Fernandez fera casser cette transaction. Cet accord signera la fin des autres moulins, celui de Fayence, sous San-Peyre, deviendra quelques temps un moulin à plâtre, et le moulin amont dit de Villevieille sera abandonné sans doute du fait de sa technologie obsolète (à rodet ou cuillères). Les temps passent, les moulins sont alors dénommés engeins et, après le grand essor agro-industriel du début du XIXème siècle, ils seront baptisés 'usines'.
Ces moulins n'ont pas encore livré tous leurs secrets. Mais les monsois y sont en permanence restés très attachés, preuve en sont les véhémentes protestations du conseil municipal de Mons à propos du projet du canal Jourdan (délibération du 14/11/1847): résultat : ils ont réussi a maintenir un droit d'eau d'un débit minimum de 100 litres par seconde aux niveau des moulins communaux sur les 300 litres de débit moyen de la source du Neissoun et dont le surplus est renvoyé à la Siagnole bien en aval par le Vallon de San Peyre.