Le radar embarqué, l'équipement et l'armement spécialisés
Le chasseur de nuit (en allemand, Nachtjäger au singulier, Nachtjagern au pluriel) est un appareil dont le rôle spécifique nécessite une technologie embarquée particulière. Ce type d'appareil naquit précisément pendant la Seconde Guerre mondiale grâce au développement du radar. Avant cela, la défense anti-aérienne nocturne n'était constituée que de canons anti-aériens, de projecteurs et de mesures passives de black-out.
Outre le radar, ce type d'appareil nécessite aussi un goniomètre indicateur de direction (en conjonction avec la balise installée sur sa base) pour permettre au pilote de retrouver celle-ci dans la nuit ; des moyens de télécommunication ; des feux de positions et un éclairage de cockpit particuliers. Le poids de cet équipement nécessite l'utilisation d'un bimoteur (chasseur lourd appelé Zerstörer — litt. destroyer — dans la Luftwaffe) pour permettre notamment l'installation frontale dans le nez (place occupée par le moteur sur un monomoteur) de l'équipement de détection, voire aussi d'une partie de l'armement. La Luftwaffe engagea cependant aussi des monomoteurs dans le rôle de Nachtjagern en les équipant simplement d'un indicateur directionnel et d'un phare d'atterrisage, le pilote repérant simplement sa cible à la lueur de fusées éclairantes, des projecteurs et des incendies au sol.
Radar embarqué
Vue du radar de nez FuG 220 monté sur un Me 110 conservé au musée d'Hendon (GB). Ce remarquable document présente en outre tous les équipements dont il est question dans le texte ci-contre.
Les radars embarqués allemands Lichtenstein furent utilisés dans quatre versions/configurations différentes, extérieurement identifiables aux combinaisons de modèles d'antennes utilisées : FuG (Funk-Gerät) 202 Lichtenstein B/C, FuG 212 Lichtenstein C-1, FuG 220 Lichtenstein SN-2 et FuG 228 Lichtenstein SN-3. Les alliés étant peu à peu arrivés à plus ou moins neutraliser ces systèmes grâce à la capture d'avions intacts, des développements ultérieurs permirent la mise en service en petit nombre de modèles plus performants : le FuG 228 Lichtenstein SN-3 et le FuG 240 Berlin, ce dernier extrapolé de radars alliés capturés. Le système de contre-mesures allié Windows (brouillage par largage d'essaims de bandes d'aluminium) resta toujours un lourd handicap pour la chasse de nuit allemande et même pour les radars au sol.
Un système d'arme Schrägemuziek testé sur un F-80 Shooting Star de l'USAF dans l'immédiat après-guerre
Armements spéciaux
Gondoles d'armement ventrales
Schräge Musik (litt. Musique syncopée) : système d'arme conçu pour les chasseurs lourds bi-moteurs.
Équipements spéciaux
Outre ceux mentionnés plus haut, les chasseurs allemands furent également équipés d'un carénage spécial des pipes de tuyaux d'échappement, non pas pour réduire la signature thermique (la détection infra-rouge n'en était encore alors qu'à ses balbutiements) mais pour éviter que les suies des fumées n'encrassent les vitres de verrière et que les flammèches n'éblouissent les membres d'équipage et ne trahissent le chasseur aux yeux de ses proies potentielles.
Les dites verrières étaient également protégées par des épaisseurs de verre blindé rapportées, notamment au niveau de pare-brise. Les sièges recevaient également un blindage renforcé.