Noël Forgeard | |
Naissance | 8 décembre 1946 La Ferté-Gaucher (Seine-et-Marne) France |
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Nationalité | française |
Profession(s) | homme d'affaires, industriel |
Formation | Polytechnique et Mines de Paris |
Distinctions | Légion d'honneur Ordre du Mérite Ordre de l'Empire britannique |
Noël Forgeard est un homme d'affaires français né le 8 décembre 1946 à La Ferté-Gaucher en Seine-et-Marne. Diplômé de Polytechnique et de l'École des Mines de Paris, il a commencé sa carrière dans divers cabinet ministériels avant de s'orienter vers l'industrie, tout d'abord chez Usinor et Matra puis Airbus qu'il a présidé d'avril 1998 à juin 2005 et EADS dont il a été, avec Thomas Enders, co-président exécutif de juin 2005 à juillet 2006.
Noël Forgeard est issu d'une famille de marins bretons au long cours, cap-horniers, et de médecins.
Il intègre l'Ecole nationale supérieure des mines de Paris après sa sortie de École polytechnique (X 65).
En mai 1981, il entre chez Usinor où il fut directeur général adjoint de filiales. Noël Forgeard a largement et très positivement, par sa vision stratégique, contribué à la consolidation des activités « aciers spéciaux » de la sidérurgie française en accélérant l'intégration de ces activités du groupe Usinor et du groupe Sacilor dans ASCOMETAL (cédée ultérieurement aux Italiens LUCCHINI).
Embauché ensuite chez Matra, il en devient en 1989 le président des activités Espace et Défense. À partir de 1992, il occupe le poste de directeur général du groupe Lagardère, puis de président exécutif de Matra Hautes Technologies.
En 1998, Noël Forgeard devient directeur général du consortium Airbus, puis le premier PDG de la société intégrée Airbus en juillet 2001.
Au début des années 2000, Forgeard pousse Airbus à se lancer dans la production d'un très gros porteur, l'A3XX qui était à l'étude depuis une dizaine d'années. Cet avion prendra le nom d'Airbus A380. En mars 2003, après le décès de Jean-Luc Lagardère, le nouveau patron, son fils Arnaud Lagardère confirme Forgeard à son poste : « Jean-Luc avait confié à Noël les clés du futur avion superjumbo pour lequel il s'est battu contre vents et marées. C'est donc à lui qu'il appartient de mener à bien l'aventure de l'A380, l'une des plus belles qui soient. Avec Forgeard, nous ferons voler l'A 380 et cela veut dire aussi que Lagardère ne se désengagera pas d'EADS. En tout cas, pas dans les prochaines années ».
La retour de Boeing à la première place de constructeur avec le Boeing 777 encore renforcé par le succès sans précédent du Boeing 787 Dreamliner remettent en cause la pertinence des choix de Noël Forgeard. Son pari sur la domination des super gros porteurs était très risqué. La mobilisation des ressources d'innovation et de production d'Airbus sur ce segment au détriment inévitable du reste de la gamme qui a pourtant fait sa fortune a été très contestée avant même la mise en production de l'Airbus A380. La gamme des long-courriers qui est aujourd'hui achetée en nombre est celle des 250/300 places. Selon certains analystes, ces derniers correspondraient mieux au besoins des compagnies aériennes qui doivent s'adapter aux exigences de leur clientèle. Les passagers choisissent les vols directs et rejettent le système des "hub" (avions de petite taille pour rejoindre une plate-forme de correspondance appelée "Hue" puis gros porteur jusqu'au prochain hub). La récente flambée du cours du pétrole renforce cette tendance.
Noël Forgeard n'a jamais douté de la justesse de ses vues sur l'existence d'un marché suffisant pour rentabiliser l'Airbus A380. Même l'abandon pour absence de rentabilité des projets de refonte du 747 en réponse à l'A380 de la part de Boeing, qui bénéficiait pourtant d'un monopole de fait sur les gros porteurs, ne l'a jamais amené à remettre en cause son choix du super gros porteur où la capacité serait le critère déterminant. Boeing s'est contenté de faire évoluer le 747 avec la future version 8 ce qui lui a permis de se concentrer sur le Dreamliner.
En 2005, il est nommé co-président d'EADS au départ de Philippe Camus. Il est remplacé à Airbus par le premier président allemand d'Airbus, Gustav Humbert.
Forgeard aurait touché une rémunération brute de 2,33 millions d'euros en 2005, comprenant un salaire fixe annuel de 1,13 million d'euros et un bonus de 1,2 million.
En tant que président d'Airbus, première filiale de EADS et première source de profit (plus de 90 %) du groupe, Noël Forgeard n'aurait jamais vraiment accepté que Philippe Camus, son vieil adversaire au service de Jean-Luc Lagardère, devienne le coprésident d'EADS et donc son supérieur hiérarchique à cette époque.
Candidat au poste de Philippe Camus à la coprésidence d'EADS alors qu'il dirigeait Airbus à Toulouse, Noël Forgeard avait délégué à Philippe Delmas le soin de promouvoir sa campagne auprès de personnalités politiques, ainsi que des principaux actionnaires du groupe : Lagardère groupe, Daimler et l'État français.
Une fois en poste, Forgeard connaîtra un autre régime de tensions internes, principalement en rapport avec le métissage franco-allemand de la présidence exécutive d'EADS. La nomination d'un président allemand à la tête d'Airbus, ne permet pas, contrairement à l'un des objectifs de la mesure, d'apaiser le climat. La composante allemande à la direction d'EADS estimera que la responsabilité de ces tensions est imputable au co-président français de par la dénonciation du système de la co-présidence qu'effectue celui-ci. D'après lui, ce régime de direction nuit à l'entreprise.
En juillet 2007, le Président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel estimeront à leur tour qu'une telle co-présidence est intenable et le français Louis Gallois sera nommé seul aux commandes d'EADS.
Dans l'affaire Clearstream 2 survenue en 2004 en marge de l'affaire des frégates de Taïwan, le bureau de Noël Forgeard à EADS a fait l'objet d'une perquisition le 3 avril 2006 ainsi que celui de Jean-Louis Gergorin, membre du comité exécutif d'EADS. Son implication dans cette affaire a été écartée.
L'effondrement du titre EADS lors de la journée du 13 juin 2006 est la conséquence de l'annonce de retards importants pour les livraisons du A380.
Noël Forgeard est licencié en juillet 2006, tout comme Gustav Humbert. Thomas Enders reste en place et prendra ensuite la direction d'Airbus. La catastrophe industrielle qui vient clore douloureusement et brutalement une série sans précédents de succès pour Airbus, et les accusations de délit d'initié qui pèsent sur Forgeard et sa famille justifiaient pour les décideurs aussi bien allemands que français son départ sans attendre les résultat de la double enquête administrativo-judiciaire en cours, qui pourrait durer des mois ou des années. Se sont-ils sentis coupables d'une injustice et d'une atteinte à la présomption d'innocence, pour lui accorder ensuite à l'unanimité une indemnité de licenciement aussi exorbitante?(reference ?)
Certains médias spécialisés ainsi que l'intéressé attribuent les retards dans la production de l'Airbus A380 aux défaillances de la direction locale de l'usine située à Hambourg « qui voulait garder ses méthodes » et aux outils informatiques hétérogènes du groupe. Noël Forgeard concède qu'il n'a pas suffisamment « tapé du poing sur la table en 2002 » (avouant ainsi à demi-mots sa connaissance des dysfonctionnements industriels d'Airbus).
Il accuse son homologue allemand Thomas Enders d'avoir essayé «de l'abattre». A noter que ni Thomas Enders, ni sa famille, n'ont vendu leurs titres avant la chute des cours. En fait, T. Enders l'a fait en novembre 2005 (Süddeutsche Zeitung du 4 octobre 2007). D'après Le Parisien « En fait, il s'apprêtait à le faire [à la fin de la fenêtre de mars 2006] quand Manfred Bischoff, qui travaillait dans le même immeuble que lui à Munich, l'a averti de l'annonce imminente de la vente des parts de Daimler dans EADS. »
Gustav Humbert est démis de ses fonctions de président d'Airbus, Thomas Enders demeure co-président du groupe EADS puis devient président d'Airbus.