Personnalité borderline - Définition

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L'approche phénoménologique des Borderlines (ou behavioriste)

Trouble de la personnalité limite (personnalité émotionnellement instable)
Classification et ressources externes
CIM-10 F60.30 type impulsif,
F60.31 type « borderline »
CIM-9 301.83
« Il s'agit de gens, pour la plupart des femmes, qui ont grandi avec le sentiment de ne pas avoir reçu l'attention et l'appui qui leur reviennent. Ils en sont révoltés et ils cherchent des façons de compenser cela dans leurs relations. Ils ont des attentes élevées et, quand leurs besoins sont à nouveau abandonnés, ils y répondent avec de la colère et du désespoir. . »

— John Gunderson, psychiatre américain spécialiste dans la prise en charge des borderline

« Avoir une personnalité borderline n'est pas un drame en soi... car après avoir acquis une bonne conscience de ses vulnérabilités, les traits de personnalité d'hier générateurs de difficultés (trouble relationnel, chaos intense, sentiment de vide, rage, etc.) deviennent des générateurs de potentialités (intelligence émotionnelle, hypersensibilité, passion, authenticité, spontanéité, compassion, etc.). »

— Prof. Évens Villeneuve,Chef du Programme de traitement des Troubles sévères de personnalité, Institut universitaire en santé mentale Robert-Giffard (CA)

On retrouverait aussi et souvent dans l'anamnèse une carence affective (ex.: absence du père), une maltraitance, des abus sexuels (pédophilie, viols) mais ce point reste très discuté, notamment face au phénomène des faux souvenirs induits qui peuvent piéger le clinicien.

Les éléments suivants, installés à l'adolescence, et de façon prolongée, pourraient évoquer une personnalité borderline mais ceci reste à étayer, entre autres au sujet de la démarcation entre normal et pathologique:

  • sentiments de vide, d'ennui
  • sentiment d'être abandonné (peur irraisonnée de l'abandon)
  • dévalorisation
  • abus de substances (alcool, stupéfiants)
  • automutilations, conduites à risque (par exemple conduire en état d'ébriété, prostitution), tentatives de suicide
  • intolérance à la frustration
  • fragilité narcissique : extrême vulnérabilité au jugement d'autrui
  • difficulté à identifier et à réguler ses émotions (cyclothymie)
  • trouble du comportement alimentaire (anorexie, boulimie)
  • trouble voire refus de la sexualité
  • insomnie chronique

La personnalité borderline est parfois, mais pas toujours, associée à un trouble bipolaire. De brefs épisodes psychotiques (délires) sont possibles mais toujours de façon limitée dans le temps, parfois en rapport avec la consommation de substances toxiques. En aucun cas le trouble borderline n'est une schizophrénie.

L'évolution naturelle de ce trouble de la personnalité est l'apparition de symptômes à l'adolescence, et leur régression vers l'âge de 40 ans. Tout l'enjeu de la prise en charge est d'accompagner ces années de « jeune adulte » le mieux possible.

Plusieurs facteurs associés, qu’ils soient biologiques, psychologiques ou sociaux, peuvent contribuer au développement du trouble de personnalité limite.

Facteurs biologiques

Aucun facteur biologique unique n’est directement lié à ce trouble. Par contre et selon certains chercheurs, les traits d’impulsivité ou la labilité affective, composantes majeures du trouble de personnalité limite, seraient associés aux déficits de certains neurotransmetteurs. De plus et bien que ça n'aie pas été démontré, l’hérédité pourrait être en cause dans la présence de ces traits de personnalité.

Facteurs sociaux

L’environnement familial et social de ces personnes a pu être ou peut être invalidant ou dysfonctionnel.

On peut retrouver également une fréquence élevée d’événements traumatiques subis au cours de leur vie tels que de la négligence ou des abus physiques ou sexuels bien que cette dimension doive être abordée avec prudence face au phénomène des souvenirs induits par le clinicien.

Comportement social et couple

Les relations humaines du patient sont souvent très instables. Ceci est en rapport avec son image de lui-même troublée. Ainsi même des liens émotionnels intenses n'empêchent pas que la position vis-à-vis des membres de la famille, d'amis ou de partenaires soudainement tourne d'idéalisation (admiration et amour fort) en dépréciation.

Quand le patient croit être traité de façon injuste (que cela soit vrai ou non), il réagit souvent violemment et impulsivement et ne trouve, des jours et des semaines durant, pas d'issue à son univers d'idées de vengeance, de reproches vis-à-vis de lui-même et des autres ou même de haine de soi-même. Beaucoup de gestes des autres sont interprétés faussement ou qualifiés comme hostiles de par une sur-interprétation. Ils sont intensément analysés et examinés par rapport à leur contenu de « signaux ». La personne a des difficultés à interpréter justement le comportement des autres. Sa perception de l'autre est très changeante (« constance d'objet insuffisante »).

Il y a un rapport entre la peur d'être abandonné et la difficulté de se sentir émotionnellement lié à une personne-clé quand celle-ci est absente (« constance d'objet insuffisante »). Cela aboutit à un sentiment d'être abandonné et de n'avoir aucune valeur. Dans ces contextes, il peut y avoir des menaces de suicide ou des tentatives de suicide.

Critères diagnostiques du DSM-IV

Le trouble de la personnalité borderline est décrit comme :

« un schéma envahissant d'instabilité dans les relations interpersonnelles, de l'image de soi et des affects, également marqué par l'impulsivité commençant chez le jeune adulte et présent dans un grand nombre de contextes. »

— DSM-IV, axe 2

Selon le DSM-IV, il faut au moins 5 des 9 critères présents pendant un laps de temps significatif :

  • Efforts effrénés pour éviter un abandon réel ou imaginé ;
  • Mode de relations interpersonnelles instables et intenses caractérisées par l'alternance entre les positions extrêmes d'idéalisation excessive et de dévalorisation ;
  • Perturbation de l'identité : instabilité marquée et persistante de l'image ou de la notion de soi ;
  • Impulsivité dans au moins deux domaines potentiellement dommageables pour le sujet (par ex., dépenses excessives, sexualité, toxicomanie, conduite automobile dangereuse, crises de boulimie ou d'anorexie) ;
  • Répétition de comportements, de gestes ou de menaces suicidaires, ou d'automutilations ;
  • Instabilité affective due à une réactivité marquée de l'humeur (par exemple, dysphorie épisodique intense, irritabilité ou anxiété durant habituellement quelques heures et rarement plus de quelques jours) ;
  • Sentiments chroniques de vide ;
  • Colères intenses (rage) et inappropriées ou difficulté à contrôler sa colère (par ex., fréquentes manifestations de mauvaise humeur, colère constante ou bagarres répétées, colère subite et exagérée) ;
  • Survenue transitoire dans des situations de stress d'une idéation persécutoire ou de symptômes dissociatifs sévères.

En somme, le trouble de personnalité limite est principalement caractérisé par :

  • l'instabilité de l’humeur ;
  • la difficulté à contrôler les pulsions, les actions, les agirs ou les réactions impulsives souvent néfastes ;
  • les relations interpersonnelles instables ;
  • une difficulté avec l’intimité ;
  • une dissociation et une méfiance importante en présence de stress.

Quelques modalités de traitements inspiré de la psychothérapie cognitivo-comportementale

Plusieurs interventions peuvent contribuer à améliorer la qualité de vie des personnes atteintes du trouble de la personnalité limite. Différentes approches thérapeutiques, de courte ou de longue durée, peuvent être utilisées :

  • psychoéducation ;
  • psychothérapie individuelle ;
  • thérapie de groupe ;
  • intervention familiale ;
  • pharmacothérapie.

Les objectifs thérapeutiques sont alors :

  • d’acquérir une meilleure connaissance de soi ;
  • d’analyser, comprendre et modifier ses réactions impulsives ;
  • de développer des stratégies pour mieux gérer ses émotions et sa détresse ;
  • de développer des relations interpersonnelles plus harmonieuses ;
  • d’améliorer sa qualité de vie.

Cependant, il n'existe pas de médicaments spécifiques pour traiter ce trouble. Dans certains cas, une médication peut être prescrite afin d'atténuer des symptômes difficiles à maîtriser, tels que :

  • l'anxiété ;
  • la dépression ;
  • l'impulsivité ;
  • les variations de l'humeur ;
  • la perte de contact avec la réalité.

Psychothérapie dialectique comportementale

Cette approche spécifique au traitement du trouble de l'état limite a été développée par Marsha Linehan à l'Université de Washington à Seattle dès les années 1980. La recherche établit que cette thérapie est plus efficace que les approches usuelles en ce qui concerne le comportement suicidaire et les hospitalisations. De plus, les patients abandonnent moins fréquemment la thérapie. La philosophie de l'approche de Linehan est basée sur la dialectique de Marx et Hegel. Cette thérapie s'inscrit dans une approche globale de la personne d'un point de vue bio-psycho-social. Et de ce fait, elle est considérée comme un traitement cognitivo-comportemental. Cette perspective permet de travailler sur la pensée dichotomique typique de ce trouble de la personnalité, appelée clivage par les psychanalystes. Le thérapeute aide le patient à intégrer les deux polarités.

La psychothérapie dialectique comportementale contient quatre phases, qui suivent le pré-traitement. Le pré-traitement sert à obtenir des informations pour arriver à une décision mutuelle du thérapeute et du patient à travailler ensemble. Dans les années qui suivent, le patient arrive à intégrer le passé, le présent et le futur, les visions contradictoires de soi et d'autrui, en somme d'accepter la réalité telle qu'elle est.

Statistiques)

ÉPIDÉMIOLOGIE du Trouble de personnalité limite (TPL)

  • Encore peu d'études.
  • Prévalence du TPL de 1% (similaire à celle de la schizophrénie) (DSM-IV-R).
  • D'autres études rapportent des prévalences variant de 2% à jusqu'à 3% (prévalence en services psychiatriques de 10%).
  • Environ 80% des personnes recevant des traitements psychothérapeutiques pour le TPL sont des femmes (voir note);
  • Les différences entre les genres sont moins marquées dans les échantillons issus de la population.
  • Le trouble de personnalité limite est associé à un niveau social défavorisé et à de faibles niveaux de scolarisation.
  • 30 % à 40 % des patients ayant reçu un diagnostic de trouble de la personnalité limite feront une ou plusieurs tentatives de suicide au cours de leur vie.
  • 10 % des patients ayant reçu un diagnostic de trouble de la personnalité limite décéderont des suites d'une tentative de suicide.

NOTE: Le trouble de personnalité limite affecte probablement autant les hommes que les femmes dans la population générale et une étude récente évoquait même que le taux de prévalence chez les hommes est supérieur aux femmes. Par contre, il y a plus de femmes à peu près 75% versus 25% d'hommes envers lesquels on a posé un diagnostic de trouble de personnalité limite qui consultent ou recherchent de l'aide auprès des services de santé physique ou psychiatrique. On constate donc un peu un effet de boucle rétroactive; parce que les psychiatres sont habitués à poser ce diagnostic chez des femmes, il le font mais ils peuvent moins bien reconnaitre le trouble chez des hommes. Les hommes ont aussi tendance à exprimer leurs malaises psychologiques par des gestes souvent dans la violence et l'abus de drogue ce qui fait qu'on pense alors plus à un trouble de personnalité antisociale et qu'on les retrouve en prison. Alors que les femmes ont plus de facilité à rechercher des services en santé mentale et on les retrouve plus en clinique de psychiatrie.

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