En 1942 Helene Deutsch a décrit un type de personnalité, les as if, qui se rapproche sur beaucoup de points de ce qui deviendra les caractéristiques des borderlines : (les as if) sont des cas dans lesquels la relation émotionnelle de l'individu avec le monde extérieur et avec son propre moi apparaît appauvrie ou absente, ils sont en relation étroite avec la dépersonnalisation. Ils apparaisent selon elle comme normaux extérieurement mais manquant d'authenticité dans leur vie émotionnelle qui apparaît vide et ennuyeuse (à entendre dans le sens de sortes de dépressions).
Plus tard, Germaine Guex insistera sur ce qu'elle appela d'abord la névrose d'abandon (1950), puis syndrome d'abandon, pour décrire l'état d'enfants alors appelés caractériels, terme qui recouvrait plus une contre-attitude qu'une réelle volonté explicative. Il s'agissait d'enfants qui avaient généralement subi un abandon plus ou moins précoce qui se manifestait par une insécurité affective et un besoin constant d'obtenir à tout prix des preuves d'amour pour assurer une certaine sécurité (avidité affective insatiable). L'abandonné écrivait-elle, aspire au sentiment de fusion avec un autre être (la mère) et non au sentiment de relation qu'il ne conçoit même pas.. Elle rejoint ainsi les observations d'Helene Deutsch à propos des personnalités as if. G. Guex souligne aussi que ces personnes ne supportent guère la cure type analytique mais qu'il faut aménager un cadre qui soit adapté à leur niveau de fonctionnement. Le cruel paradoxe de ce dispositif défensif est que l'avidité se conclut souvent pour le sujet par des rejets réels, tellement le besoin exprimé tyranise les objets,.
Otto F. Kernberg proposera le terme d'« organisation limite » (1975) qui écrit sur une pathologie du caractère (de la personnalité) et une pauvre modulation de la rage envers les objets (personnes), d'où le clivage subséquent avec polarisation des relations qui soit idéalise ou soit dévalorise la vision de la personne des autres. L'organisation limite est similaire à un état limite, terme utilisé par les psychanalystes français.
Pour Herbert Rosenfeld, c'est l'atteinte au narcissisme qui doit être prise en compte dans le diagnostic et le traitement.
Harold Searles considère lui que, chez les patients borderline, le moi fonctionne sur un mode autistique.
Jean Bergeret, en 1970, suggère lui aussi un rapprochement entre les pathologies limites et la dépression . Voici le schéma qu'il effectue dans sa nosographie:
Névrose | Psychose | État limite | |
---|---|---|---|
Angoisse | Angoisse de castration | Angoisse de mort, angoisse de morcellement | de perte d'objet |
Défenses | Refoulement, déplacement | Clivage du moi, projection, déni | dédoublement des imagos, forclusion |
Relation d'objet | Objet total, génitalité | Objet partiel, relation fusionnelle | anaclitique |
Conflit | Intrapsychique | Ça / Réalité | idéal du Moi / Réalité |
Cette organisation psychique à la frontière, « entre deux eaux », suggère en fait que les théories de la névrose et de la psychose ne sauraient suffire. Ce sont de nouveaux champs d'études que les pathologies limites rendent indispensables : qu'il s'agisse de l'étude du narcissisme, de son implication dans la relation à l'autre, ou encore l'étude de la perception du temps, ou de la nature des traumatismes psychiques.
L'idée de frontière ne saurait donc éviter l'étude, l'écoute psychanalytique du singulier qu'apporte chaque patient.
En psychanalyse, il est généralement admis que cette catégorie - vaste et floue - désigne des organisations à la frontière des névroses et des psychoses. Les traitements psychanalytiques adaptés sont, parfois la cure type mais plus souvent un dispositif aménagé avec un nombre de séances hebdomadaires variant entre une à quatre par semaine, généralement en face à face. C'est ce qui appelé la psychothérapie psychanalytique, certains comme Otto F. Kernberg ajoutent "des états limites" pour souligner la spécificité de l'approche.