Pierre Louis Moreau de Maupertuis | |
Philosophe et Scientifique | |
Époque Moderne | |
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Naissance | 28 septembre 1698, Saint-Malo, Royaume de France |
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Décès | 27 juillet 1759, Bâle, Canton de Bâle |
École/tradition | Lumières |
Principaux intérêts | Physique, mathématiques, astronomie, biologie, métaphysique, religion, morale, linguistique |
Idées remarquables | Principe de moindre action, précurseur du transformisme |
Œuvres principales | Essai de Cosmologie, Examen philosophique de la preuve de l'existence de Dieu, Vénus physique, Essai de Philosophie morale, Système de la nature, Lettres |
Influencé par | Newton, Leibniz, Descartes, Malebranche, Harvey, Fermat, Bernoulli, Berkeley, Euler |
A influencé | Euler, Diderot, Kant |
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Pierre Louis Moreau de Maupertuis, né le 28 septembre 1698 à Saint-Malo et mort à Bâle le 27 juillet 1759, est un philosophe, mathématicien, physicien, astronome et naturaliste français.
Il a énoncé le principe de moindre action. On lui doit, après Lucrèce, d’avoir eu l’intuition de ce principe. Plus d’un siècle et demi avant la révolution quantique, il ouvre la voie conceptuelle de l’intégrale des chemins de Feynman et de l’électrodynamique quantique.
Il est le fils d’un corsaire malouin anobli par Louis XIV, commerçant. À l’âge de vingt ans, son père, avec lequel il a une relation très proche, lui offre un régiment de cavalerie (mousquetaires gris) dont il est lieutenant mais il préfère étudier les mathématiques et devient membre de l’académie des sciences en 1723. Il publie divers travaux de mécanique et d’astronomie mais aussi des « observations et expériences » sur des animaux encore mal connus à l’époque, comme les salamandres et les scorpions, ce qui montre déjà ses talents de biologiste.
En 1728, il visite Londres et est élu membre de la Royal Society. Ce voyage marque un tournant décisif dans sa carrière. Il y découvre les idées de Newton, en particulier l’attraction universelle, dont il va devenir un ardent propagandiste en France. Il a quelque mérite à le faire car, à l’époque, c’est la théorie cartésienne des « tourbillons » qui tient lieu de doctrine officielle pour expliquer le fonctionnement de l’univers. Cette conception de Descartes stipulait que les mouvements des planètes étaient dus à leur entraînement par des « tourbillons d’une matière subtile occupant les espaces intersidéraux ». Par des considérations théoriques, Newton avait trouvé que la terre devait avoir la forme d’un ellipsoïde de révolution, aplati aux pôles, contrairement à Jacques Cassini qui affirmait qu’elle était allongée aux pôles. Cette controverse entre newtoniens et cassiniens occupa une grande partie des dissertations scientifiques de la fin du XVIIe et du début du XVIIIe siècle. Seules des mesures directes pouvaient trancher le débat.
Deux expéditions furent donc organisées par l’Académie des Sciences de Paris pour régler ce problème. Cette grande expédition géodésique avait pour but de mesurer la longueur d’un arc polaire et d’un arc équatorial pour déterminer la forme de la Terre. Une controverse scientifique s’établit alors, notamment entre Jacques Cassini et Maupertuis. La première, est celle de Laponie, qui dura de 1736 à 1737. Dirigée par Maupertuis, elle confirma la théorie de Newton (et ramena deux Lapones). Il en fut de même de la seconde expédition menée au Pérou par Godin, Bouguer et La Condamine. En 1736, il agit donc comme chef de l’expédition envoyée par Louis XV en Laponie pour mesurer la longueur d’un degré du méridien, et à son retour il devint membre de presque toutes les sociétés scientifiques d’Europe. Le doute sera levé en 1756. Cassini avait tort, Maupertuis avait raison. Les résultats des mesures confirment pleinement les vues de Newton et permettent de décrire la véritable « forme de la Terre ». Il est auréolé de gloire et Voltaire lui rend hommage :
ainsi que D’Alembert, qui dans le Discours préliminaire à l’Encyclopédie, écrit :
Il a une relation proche avec Émilie du Châtelet.
En 1740, Maupertuis se rend à Berlin à l’invitation de Frédéric II de Prusse et prend part à la bataille de Mollwitz où il est fait prisonnier par les Autrichiens. À sa libération, il retourne à Berlin puis à Paris où il est admis à l’Académie française. Maupertuis devient la cible des philosophes et Voltaire, désormais jaloux de son amitié avec Frédéric II, se brouille avec lui et devient un de ses plus virulents ennemis. Le roi prend la défense de Maupertuis et c’est Voltaire qui doit quitter Berlin, disgracié, tandis qu’on brûle sur la place publique ses libelles les plus sarcastiques comme l’impitoyable caricature Micromégas.
Après être resté quelque temps dans le sud de la France pour soigner sa santé déclinante, il meurt à Bâle. Son caractère ombrageux le fit se quereller, notamment avec Samuel König.
Comme nombre de savants de l’époque, Maupertuis ne se cantonne pas à une discipline étroite mais s’illustre tour à tour en tant que mathématicien, astronome, géographe, naturaliste. Il se préoccupe également de philosophie. Il fait des propositions pour améliorer l’organisation de la médecine et d’autres sciences appliquées.