Le facteur temps intervient aussi de plusieurs manières. Statistiquement et de manière générale, la probabilité (risque) qu'une pandémie apparaisse est faible pour le court terme, mais élevé à long terme (il y a en moyenne 2 à 4 pandémies grippales par siècle).
Quand un virus pandémique apparaît, le facteur temps devient critique, car la réaction doit être très rapide pour bloquer un début d’épidémie due à un virus très contagieux, et si les premiers foyers ne peuvent être contenus, il faut développer au plus vite un vaccin.
Si le virus H5N1 devait devenir pandémique, on espère qu'il mettra au moins 6 à 9 mois pour devenir très contagieux pour l'homme, ce qui donnerait du temps à la recherche de vaccins et médicaments. Cependant, dans le même temps, le virus aura probablement touché de nombreux autres oiseaux sauvages ou volaille ou d'autres espèces (mammifères) et peut-être d'autres régions d'élevages en y développant un réservoir. Il augmenterait alors ses chances de recombinaison ou mutation, ainsi que son pouvoir de diffusion dans l'espace et dans le temps, rendant son suivi et la lutte plus difficile que lorsqu'il était confiné à l'Asie du Sud-est…
Certains s'inquiètent moins dans les pays riches non asiatiques au motif que ces virus touchent habituellement plutôt l'Asie. Si statistiquement parlant, sur 100 terriens, 59 sont asiatiques, 14 africains, 14 américains et 13 seulement européens, il faut néanmoins savoir que si le virus s'étend chez l'homme en Asie, son réservoir sera gigantesque et il aurait finalement plus de chances de muter et provoquer des variants résistants que dans une région moins peuplée. C'est déjà en Asie qu'on connaît la plus grande fréquence de résistance des virus grippaux (saisonniers) aux antiviraux (dont au japon, pour le Tamiflu).
En cas d'épidémie, il faut agir vite. De ce point de vue, les risques liés au H5N1 ne peuvent en aucun cas être comparés à ceux qui ont caractérisé l'émergence du SRAS. Le SRAS a été remarquablement rapidement jugulé. Il a constitué un bon exercice d'alerte sanitaire mondiale, mais à la différence de la grippe aviaire, un patient atteint de SRAS n'est contagieux qu'à partir du moment où les symptômes apparaissent, ce qui a beaucoup facilité la détection des malades et a permis de contrôler assez facilement l'épidémie en isolant et soignant ces malades.
La grippe est contagieuse 1 à 2 jours avant les symptômes.
L'ONU a produit le 31 août 2005 un communiqué d'alerte relayant celui de la FAO : « État d'alerte et mesures préventives sont indispensables dans les pays situés le long des voies migratoires ». Si les oiseaux migrateurs ne semblent pas finalement présenter les plus grands risques, les évènements de fin 2005, début 2006 ont donné raison à l'ONU qui craignait une extension géographique de l'épidémie. Mi-2006 si les foyers semblent les uns après les autres contrôlés (avec des moyens lourds), le virus touche néanmoins un nombre croissant de pays et un troisième clade est apparu, avec un variant indonésien très dur, qu'on n'a pas trouvé chez les animaux, et qui est suspecté d'être impliqué dans plusieurs cas potentiels de transmission interhumaine.
L'épidémiologie est une science complexe, et nécessairement pluridisciplinaire.
Après les mathématiques complexes, l'informatique, la sociologie, l'écologie microbienne, elle intègre peu à peu l'écologie du paysage, l'écotoxicologie et les sciences de l'environnement qui contribuent aussi à expliquer (et bientôt à mieux prévenir ?) l'explosion brutale, la réémergence ou l'impact nouveau de certaines maladies.
Néanmoins, une maladie aussi commune que la grippe est encore mal comprise, et la compréhension progressive de la coévolution du couple hôte-pathogène fait apparaître une complexité insoupçonnée et ce que Claude Combes nomme des « interactions durables » qui incitent à la prudence, en particulier dans nos relations avec le monde animal.
Selon de nombreux experts et rapport, dont de l'OIE, les risques sanitaires les plus difficiles à maîtriser au XXIe siècle seront liés aux microbes, parasites, ou particules infectieuses de type prion que nous partageons avec le monde animal, et il semble bien que l'histoire lui donne déjà raison.
La Chine est au croisement de routes de migration d'oiseaux, qu'elle est considérée comme le berceau de la grippe aviaire et qu'elle est aussi le premier continent à avoir été presque entièrement déforesté (début de la déforestation massive il y a 8 000 à 10 000 ans environ). Comme l'Indonésie en plein développement démographique, elle est victime d'une pollution générale, importante et rapidement
Rapidité et fiabilité insuffisante de la détection.
Outre qu'on manque dans certains pays de personnes formées à l'épidémiologie humaine et vétérinaire, le H5N1 pourrait muter si vite qu’on pourrait ne plus le dépister efficacement. Le Pr Prasert Auewarakul, chargé du monitoring du H5N1 HP en Thaïlande au Siriraj Hospital medical school alertait sur ce point le 22 août 2006 : l’identification des mutations virales et la mise en place des mesures contre une pandémie doivent se faire en quelques jours au plus et non en semaines. Or, le virus peut muter soudainement pour devenir pandémique, et en 2006, malgré d'importants progrès le monitoring reste trop lent et incertain : Une pandémie pourrait débuter avant que nous ne nous en soyons rendu compte.
Source principale : journal thaïlandais Nation.
Enfin, le H5N1 ne doit pas faire oublier d’autres maladies émergentes (Chicungunya) ou réemergentes Maladie de Chaga : 50 000 morts/an, tuberculose, etc), ou pandémies (HIV/SIDA) croissante de l'environnement, en particulier de l'air et des fleuves, par des agents mutagènes ou facteurs de déficience immunitaire, ce qui pourrait être favorable au développement d'épidémies.