Risque pandémique lié à la grippe aviaire - Définition

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Manque de formation

Le plan français (cf. circulaire) dit dès 2005 vouloir former les acteurs concernés et le public, en associant : les ordres professionnels, les représentants des soignants et paramédicaux, les SAMU - Centres 15, les facultés, la coordination régionale des groupements régionaux d'observation de la Grippe (GROG), l'Union régionale des médecins libéraux (URML), la cellule interrégionale d'épidémiologie (CIRE), les chefs des services d'infectiologie, de biologie, de santé publique et les présidents des CLIN des services hospitalo-universitaires de votre région et de l'établissement de santé de référence zonal. Mais le constat est que les formations tardent à se développer, même pour les médecins ou vétérinaires (en Belgique des formations pour les vétérinaires ont eu lieu, parfois débordées par leur succès)

L'AUSVETPLAN recommande aussi aux vétérinaires et gestionnaire de risque animal de s'exercer avant les crises (on a vu des poules mal euthanasiées s'enfuir hors des sacs, ou se réveiller quand on les jetait dans les flammes, et s'enfuir : il faut aussi savoir reconnaître les symptômes, conduire une désinfection, planifier et gérer l'élimination de milliers de cadavres, de déchets souillés, etc.)

Les « bons gestes » et comportements-barrières pourraient aussi être améliorés. Tousser ou éternuer dans ses mains est mieux que rien, mais contamine les mains qui à leur tour peuvent contaminer des fomites. D'autres gestes existent, mais ils sont peu vulgarisés.

Vaccination

  • Il faut au mieux 4 à 6 mois pour créer et tester un vaccin et 2 à 3 mois, voire plus pour le produire et diffuser en grande quantité,
  • Les nouveaux vaccins-ADN ou cultivés sur cultures de tissus pourraient être une alternative aux productions conventionnelles (sur œufs) mais leur technologie n'est pas encore approuvées par la FDA ni les instances similaires européennes ou d'autres régions du monde.
  • Le vaccin peut cacher la maladie en atténuant ses symptômes alors que l'animal reste contagieux. Et une analyse sérologique classique ne permet pas de différentier un animal vacciné d'un animal infecté.
    C'est pourquoi l'EFSA a recommandé en 2005 que les vaccinations des volailles se fassent en respectant Concept DIVA (Différenciation des animaux infectés et des animaux vaccinés), soit par des tests sérologiques appropriés soit par des animaux sentinelles non vaccinés laissés dans les élevages ou basses-cours, pour identifier et traiter de façon appropriée le troupeau s'il vient à être infecté. Certains experts recommandent que ces deux mesures soient prises à la fois.

Situation en 2005-2006 : points communs et différences avec l'émergence des 3 pandémies grippales précédentes

Notamment pour les raisons listées ci dessus, on ne peut pas directement s'inspirer de la pandémie de 1918-1919 pour les scenarii de prévalence du virus dans la population.

En effet, au sortir de la guerre 1914-18, le virus a été diffusé en trois vagues, aux États-Unis via le train notamment, puis vers l'Europe via les navires, avant qu'un nouveau variant du virus ne colonise le monde en quelques semaines via les ports puis les routes, notamment véhiculé par les soldats ramenés au pays par la mer (pas de quarantaine, sauf en Australie).

On imagine généralement que le virus de 1918 a surpris le Monde à une époque où la médecine et les structures de santé étaient incapables d'y faire face, et que les états et les populations n'y étaient pas préparés. Ce n'est pas exactement le cas.

Il faut en effet intégrer dans les analyses rétrospective qu'en 1918 : Les Etats étaient, en raison de l'état de guerre mondiale, presque tous suréquipés en matériel médical d'urgence (de l'époque) dont hôpitaux de campagne,

  • la pandémie s'est développée alors qu'un personnel médical, des médecins, des décideurs et la population venaient d'être formés durant 2 à 4 ans (selon les pays) à une gestion réelle, de terrain et permanente de guerre, équivalent à une crise mondiale sans équivalent depuis les épidémies de peste ;
  • jamais la médecine d'urgence n'avait été si développée et entraînée : 14-18 fut une guerre « totale », environ trente fois plus meurtrière par unité de temps que les guerres du siècle précédent ; deux fois plus de morts directs en quatre ans que dans le total des conflits des 120 années précédentes ! (en ne comptant que les victimes directes, soit près de 9 millions de morts au combat, c'est-à-dire en moyenne 900 tués par jour rien que pour le front français et 1300 du côté allemand, et bien plus de blessés et victimes des gaz toxiques. Environ 40 % des soldats français ont été blessés une ou plusieurs fois entre 1914 et 1918 ! 500 000 morts rien qu'à Verdun en quelques mois !

Cette guerre industrielle a également fortement affecté les populations civiles, elle a fait naître et concrètement éprouver de nouvelles formes de médecine d'urgence. Les progrès de l'hygiène, la stérilisation des outils ainsi que des consommables et des vêtements, comme l'usage plus systématique des désinfectants ont permis de juguler les flambées de gangrènes et d'infection dès les premiers mois de guerre alors que les conditions de promiscuité et la nature des blessures et affections (contexte des tranchées et séquelles des gaz de combat) n'avaient jamais été aussi favorables à la diffusion de nombreuses épidémies, du tétanos ou de la gangrène.

Certes, il y a 90 ans, les médecins ne disposaient pas de nos antibiotiques, mais :

  • ceux-ci sont inefficaces contre les virus ;
  • on sait maintenant qu'en 1918-19, la pneumopathie qui tuait les grippés était d'abord virale et que d'autres organes étaient touchés comme avec le H5N1 HP aujourd'hui ;
  • même si la pneumonie induite par un futur virus pandémique est due à une surinfection bactérienne susceptibles d'être combattue par des antibiotiques, l'usage abusif des antibiotiques depuis 50 ans a fait que de nombreux microbes responsables d'éventuelles surinfections sont aujourd'hui devenus résistants ou multi-résistants aux antibiotiques, voir à une ou plusieurs familles d'antibiotiques. Une pandémie contre laquelle on généraliserait l'usage préventif des antibiotiques risque d'encore augmenter l'antibiorésistance.

En 1918, les États ont généralement très vite imposé des mesures exceptionnelles, souvent bien accepté par la population qui n'a pas paniqué dans la plupart des cas. Par exemple, au Canada où la grippe arrive en octobre 1918, le service d'hygiène s'organise très vite et impose rapidement la fermeture des écoles, des cinémas, des théâtres et de tous lieux publics. Néanmoins, l'épidémie a fait de nombreux morts : les chariots passaient la nuit ramasser les corps et les conduire au cimetière. Le glas sonnait presque jour et nuit, et plusieurs mois après la dernière des 3 vagues, à la moindre rumeur de grippe on craignaient une nouvelle vague grippale. Du 10 au 20 octobre 1918, la grippe ne fera « que » 500 morts à Québec (3 500 à Montréal) mais ailleurs le pourcentage de la population tuée par le virus sera parfois bien plus élevé. En quelques jours l'hôpital civique de Québec a été débordé, mais le Bureau de santé a pu rapidement ouvrir des hôpitaux temporaires dans plusieurs quartiers de la ville de Québec.

Le H1N1 laissera 13 000 morts au Québec en un an, et en tout plus de 400 000 Américains et près de 43 000 Canadiens y succomberont. La grippe en vingt mois (1918–1919) a tué bien plus de gens dans la force de l'âge que la guerre mondiale.

Aussi, les milliers de travailleurs chinois appelés pour aider les alliés en France ont payé un lourd tribut à la grippe espagnole. Ils étaient mal payés, mal nourris et mal protégés du froid, des gaz, des toxiques de guerre et des cadavres qu'ils étaient chargés de retrouver, transporter et enterrer.
On peut supposer qu'ils étaient plus exposés ou vulnérables aux maladies de par leur pauvreté ou conditions de travail, mais on notera que leur origine asiatique ne semble pas leur avoir conféré une immunité particulière au virus de 1918.

À cette époque l'hygiène était en plein progrès dans les idées (Elle est plutôt en relatif recul aujourd'hui, alors qu'un contexte de nosocomialité devrait inciter à plus de précautions) : La très forte chute de la mortalité liée aux épidémies, au cours du XXe siècle, résulte d'abord de l'amélioration de l'hygiène qui, pour bon nombre de scientifiques, a eu un impact global supérieur au progrès médical. Vaccins et antibiotiques ont permis un second recul des maladies, mais les pathogènes ont en quelques décennies développé une grande variété de résistances, alors même qu'une trop grande confiance dans le progrès médical et médicamenteux fait reculer nos pratiques d'hygiène individuelle.

Qui se lave encore systématiquement les mains avant de préparer les aliments et avant de manger ? (y compris dans les maisons de retraite, cantines scolaires et universitaires où il n'y a parfois pas de lavabos disponibles à proximité des réfectoires).

Curieusement l'Allemagne, bien qu'a priori aussi épuisée et ruinée que la France semble avoir été plus tardivement et moins gravement touchée par la grippe espagnole (ou s'agit-il d'un effet de la censure de l'époque ?). La France voisine semble avoir subi l'impact sanitaire le plus fort (en prévalence et nombre de mort), même si caché par la censure militaire jusqu'en novembre 1918.

L'Australie a également connu un pic de mortalité décalé (parce que dans l'hémisphère sud et/ou grâce aux mesures de quarantaine ?!?)

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