Cet article traite du risque pandémique lié à la grippe aviaire. Le risque pandémique est le risque que survienne une pandémie. Il est d'abord lié à l'apparition d'un virus aux caractéristiques intrinsèques particulières.
Il existe au moins trois facteurs de risque pandémique, intrinsèques aux virus, ici rappelés pour mémoire :
Il existe donc une graduation du risque : un virus de la grippe saisonnière risque peu de provoquer une pandémie, alors qu’un virus de type H5N1, s’il devenait contagieux d’Homme à Homme, ou très transmissible dans une relation Animal-Homme-Animal, sans perdre beaucoup de sa virulence présenterait un risque maximal.
Le présent article s'attache, à décrire les autres facteurs de risques, pour le cas de la grippe (aviaire et/ou humaine) à H5N1, mais nombre de ces facteurs valent pour d'autres virus ou maladies émergentes).
Chaque facteur de risque est ici un élément susceptible de favoriser ou une pandémie, soit parce qu’il peut favoriser la diffusion épidémique d’un virus pandémique, soit par ce qu’il pourrait favorise l’acquisition de caractéristiques pandémiques chez un virus qui ne les possédait pas (mi 2006, le H5N1 reste toujours difficilement contagieux).
Étant donné les nombreuses incertitudes éco-épidémiologiques concernant le H5N1, ces facteurs de risques ne peuvent hélas être classées en termes de probabilité (niveau de risque), ni même en niveau de complexité ou degré d’incertitude. C’est pourquoi la prévision épidémiologique est si difficile dans le cas des grippes pandémiques.
Les facteurs listés ci dessous sont donc contextuels, c’est-à-dire qu'ils ne dépendent pas du virus lui-même, mais du contexte local et global, qui peut renforcer la propension du H5N1 (ou d'un autre candidat-virus à une pandémie) à se développer, à circuler, à muter, à infecter, à ne pas être rapidement détecté ou traité, etc. Ils ne sont pas limitatifs
Connaître ces facteurs permet une approche plus éco-épidémiologique de la grippe aviaire. S'ils sont pris en compte par les gestionnaires de risque, ils permettront, avec une approche systémique, de :
En théorie, pour chacun de ces facteurs, le risque pandémique pourrait être formalisé à partir de trois concepts :
Dans la pratique, les niveaux de complexité sont trop élevés pour développer ici ce type d’analyse.Le lecteur trouvera donc dans cet article une liste, non exhaustive et non hiérarchisée, de facteurs de risques socio-environnementaux.
Le cas de la grippe aviaire induite par le H5N1 HP inquiète les experts. En 2005 et 2006 respectivement, Robert Webster, expert réputé du St Jude Children's Research Hospital de Memphis (Tennessee, États-Unis), ou le Dr. Michael Osterholm, épidémiologue, directeur du Centre de recherche et d’action sur les maladies infectieuses de l’Université du Minnesota estiment que le H5N1 de la grippe aviaire est le virus grippal potentiellement le plus dangereux jamais vu par les virologues.
Ces derniers ont en effet constaté de 1997 à 2006 :
La comparaison suivante n'a aucune valeur prédictive, mais peut fournir des ordres de grandeur pour une fourchette de risque : si le taux de mortalité et la contagiosité d'un virus A H5N1 HP (Hautement Pathogène) humanisé était comparable à celui de 1918-1920 (2,5 à 5 % de la population tuée), sans mesure importante de protection, il faudrait aujourd'hui s'attendre à 175 à 350 millions de morts possibles en un an ou deux et au moins 3 milliards de malades.