L'épidémiologie et l'histoire ont montré que l'homme était au moins en grande partie responsable des apparitions et/ou extensions de la plupart des maladies infectieuses émergentes (parasitaires et virales notamment). On l'a clairement compris avec la peste noire et les maladies amenées par les colons, qui ont décimé les populations amérindiennes. Les épidémiologistes l'ont confirmé depuis pour bien d'autres maladies.
Ils identifient de nouveaux facteurs de risque avec une empreinte nouvelle et plus étendue de l'homme sur son environnement, qui est par ailleurs un inépuisable réservoir d'espèces susceptibles de devenir pathogènes et/ou invasives hors de leur milieu d'origine, faute d'immunité de leurs cibles, ou après une légère mutation, ou suite à l'élimination par l'Homme de leurs prédateurs naturels ou des leurs espèces concurrentes).
Les comportements en cause sont notamment les incessants transferts et introductions d'espèces d'un pays et d'un continent à l'autre. La vie en mégapoles, la déforestation, la promiscuité homme-animal, qui ajoutent leurs effets à ceux de l'intensification des cultures et de l'élevage. Les modes d'élevage et d'alimentation animale inadaptés et impliquant fortement les transports dont le transport aérien sont probablement un facteur majeur de diffusion des zoonoses. Sont aussi en cause l'abus de l'usage des antibiotiques, la climatisation, la pollution, l'exposition à un nombre croissant d'agents mutagènes, à des leurres hormonaux, etc. Ce à quoi il faudra peut-être ajouter de possibles effets pervers du génie génétique, voire certains effets paradoxaux des progrès de l'hygiène et de la médicalisation.
Comme le rappelait en France le Professeur Patrice Bourdelaix, dans une audition publique de l'OPECST sur le risque épidémique, le 16 février 2005 : « Toutes les expériences historiques similaires d'ouverture de nouveaux territoires et de changements d'échelle dans les relations internationales se sont soldées par des grandes catastrophes pandémiques (la peste noire, les grandes épidémies de choléra du XIXe siècle, la grippe espagnole). Cette expérience permet de justifier la vigilance actuelle des experts […] Dans les années récentes, le VIH a constitué le signe le plus spectaculaire de cette alarme mais il a été suivi par l'apparition des prions ou de virus nouveaux comme le SRAS. »
Nombre de catastrophes naturelles ont aussi des causes (par exemple : l’effet de serre) ou des effets décuplés par les activités humaines.
Dans le même temps, des maladies en voie d'éradication se manifestent à nouveau (poliomyélite) ou s'étendent (tuberculose), devenant parfois des maladies nosocomiales (selon la DRESS, 7 % des hospitalisés acquièrent une infection à l'hôpital en 2004 en France, avec gravité très variable, mais causant plus de 4000 décès directs/an, dont 46 % seraient évitables. La France a dû relancer en 2005 un programme national de lutte contre les maladies nosocomiales, et le 6 février 2006 elle a publié l'ICALIN de 2004 (Indice composite des activités de lutte contre les infections nosocomiales) qui montre que d'importants progrès sont encore à faire.
Selon le nouveau directeur général français de la santé annonçait début juin 2005) que la France allait privilégier le « curatif ». Or, l'INVS, mi-2005 alertait déjà sur le manque d'antiviraux : Rappel : En 1918-19,il y a eu environ un milliard de malades (avec symptomatologie grippale, mais bien plus ont été en contact avec le virus). Certains quartiers ou villages européens furent touchés à 100 %. Et dans un cas (Canada / à vérifier) tous les habitants du village sont morts. Si la grippe touchait un quart des français, il faudrait 132 millions de doses d'oseltamivir (tamiflu) pour espérer réduire la mortalité de 32 %. Or, fin 2005, on n'aura que 13,8 millions de traitements (soit 138 millions de doses), donc rien pour la prévention. De plus, on a vu en Asie que pour plus d'efficacité la dose de tamiflu et/ou la durée du traitement devaient peut-être être augmentées.
Or, pour enrayer une pandémie produite par un virus très pathogène et très contagieux, il faut un grand nombre d’individus immédiatement opérationnels dont médecins, soignants, pompiers, secteur de la production d'électricité/nucléaire, sécurité civile, forces de l'ordre, services publics (dont transports, communications) et secteurs industriels indispensables (soit environ 3,645 millions de personnes en France).
On voudrait leur assurer une protection, mais on ne peut la garantir.
Sans prévention, 22 % de ces personnes exposées sur le front de la lutte contre le virus pourraient être malades et 6400 pourraient décéder rapidement selon l'INVS en 2005. Pour les traiter préventivement, il faudrait 510 millions de doses de tamiflu.
Le Professeur François Bricaire (Pitié-Salpêtrière) estimait en 2005 qu'il faudrait au moins trois fois plus de comprimés que ce qui est prévu.
Le laboratoire Roche, seul fabricant de tamiflu jusqu'en 2005 a augmenté sa production, mais cet antiviral manquera à l'échelle mondiale et une haute efficacité de ce produit n'est pas garantie.
Si la pandémie émerge et s'étend avant mi-2006, les antiviraux traiteront au mieux 10 % de la population et essentiellement dans les pays riches, alors qu'il faudrait selon les modélisateurs en traiter au moins 20 %, dans des délais très brefs et à la source des foyers de pandémie qui risquent de s'étendre dans les pays pauvres.
30 septembre 2005 : selon des chercheurs de Hong Kong, une souche du virus H5N1 apparue en 2005 dans le nord du Viêt Nam résiste déjà à l'oseltamivir (le principe actif du Tamiflu).
Le Pr. William Chui, (service de pharmacologie de l'hôpital Queen Mary) estime que l'industrie pharmaceutique devrait développer une version plus efficaces du Relenza, autre médicament antiviral connu pour son efficacité contre le H5N1.
En 2007, des chercheurs suédois ont suggéré que trop prescrire de Tamiflu pourrait être dangereux. Ils ont en effet montré qu'un pourcentage significatif de l'oseltamivir ingéré est éliminé via l'urine ou les excréments dans les réseaux d'assainissement et non-dégradé par les stations d'épuration. Dans certains pays (ex : Japon), où le tamiflu est déjà très utilisé, les taux susceptibles d'être présents dans les égouts et eaux des milieux naturels ne sont plus négligeables selon les chercheurs. Des virus grippaux excrétés par des animaux ou des humains grippés, et éliminés dans les eaux de surface en aval des stations d'épuration, en contact avec le tamiflu pourraient muter et contribuer au développement de résistances à l'oseltamivir. Roche estime de son côté qu'une telle résistance est improbable.
Des sociétés se préparent ou vendent déjà en ligne des produits miracles ou des antiviraux qui ne sont pas ceux qui sont recommandés par les agences de l'ONU.
Y a-t-il risque d'apparition d'une grippe nosocomiale, d'adaptation rapide du virus notamment en cas d'automédication anarchique via la vente libre de tamiflu et l'Internet ?
Le même risque existe pour des médicaments vétérinaires. Par exemple, selon l'OMS rapporte en janvier 2002 l'utilisation des antimicrobiens hors médecine humaine et les résistances qui en résultent chez l'homme dans [1]
Il y a aussi des risques de fraudes et de trafics.
Pourtant certaines des médecines alternatives pourraient réellement présenter un intérêt. Qui les étudie, les teste avant, pendant et après une éventuelle pandémie ? (par exemple : les huiles essentielles).
La majorité des experts estiment de plus qu'une telle pandémie serait extrêmement difficile à contrecarrer sans vaccin et sans une action parfaitement coordonnée de tous les pays, à toutes les échelles de collectivité.
Le nouveau virus s'il apparaît devra être contenu dans un délai maximum d'un mois expliquaient les expert de l’OMS au début 2005, faute de quoi il risque de se propager à grande vitesse. Or, dans certains pays en 2005 la détection et le signalement des cas de grippe aviaire prenaient encore des mois, et des semaines début 2006 alors que la zoonose s'étendait.