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La sociologie urbaine est une branche de la sociologie qui tend à comprendre les rapports d'interaction et de transformation qui existent entre les formes d'organisation de la société et les formes d'aménagement des villes.
L'étude de la première de ces formes, celles qu'une société prend dans l'espace est appelée morphologie sociale depuis Marcel Mauss, Maurice Halbwachs ou Jean Brunhes; L'étude de la seconde, celle des formes de la ville avec son habitat, ses monuments, ses décors, et en général tous ses aménagements, s'appelle morphologie urbaine.
La connaissance de la réalité des interactions entre une morphologie sociale et une morphologie urbaine permet d'une part de favoriser la vie sociale dans les villes existantes, d'autre part de mieux concevoir les nouveaux ensembles urbains ou architecturaux (programmation). De telles recherches sont à la fois descriptives, compréhensives et programmatiques.
Par ailleurs, on appelle aussi sociologie urbaine des enquêtes sociales empiriques qui portent sur les populations établies sur des territoires urbanisés et qui les abordent par les problèmes qu'elles posent pour l'administration, ceci afin d'éviter les conséquences de leur mécontentement. Ces études sont le plus souvent simplement descriptives et revendicatives.
La différence entre ces deux sortes de sociologie urbaine n'est pas une question de méthode (toutes deux procèdent par comparaisons à partir de statistiques ou de monographies) mais une question de visée pratique de leurs destinataires: les unes permettent d'intervenir par l'aménagement architectural et urbain à toutes les échelles (rénovation, transformations, construction, décoration, animation), les autres visent à intervenir par des mesures administratives individuelles (subventions, assistance, information, répression, éducation, éviction) ou collectives (lois, règlements).
Les études de Robert E. Park, et des sociologues qui se réclament de l'école sociologique de Chicago sont le plus souvent parties de l'observation d'agrégats de populations déracinées, souvent des migrants et des asociaux, qui ne parviennent pas à faire société (ce n'est pas le cas de sociologues comme Norbert Elias ou Richard Senett qu'on rattache souvent à cette école). La sociologie est pensée par les premiers comme une branche de l'écologie: la ville est un milieu naturel plutôt inhospitalier où les activités humaines sont étudiées comme des comportements rationnels d'individus, avec les finalités utilitaires qu'imposent les contingences de la survie et de l'ambition. Leurs méthodes, qui consistent à naturaliser la société urbaine et à l'envisager comme un système de luttes de rivalités et d'interactions entre des individus à l'intérieur de groupes informels, ne sont d'aucune utilité pour connaître la morphologie sociale d'une société typée et constituée, c'est-à-dire complète, organisée et viable. Pour les seconds, la dimension culturelle et institutionnelles sont fondamentales.
Les études urbaines (Urban Studies en anglais) bien conduites concentrent leurs analyses des formes sociales sur la distribution des classes sociales, des groupes sociaux et des différentes ethnies au sein des espaces urbains et ruraux, en accordant une attention particulière aux coutumes, aux habitudes, aux faits culturels; Rapportées au territoire où se déploie toute société, elles mettent en évidence :
Le refus par les planificateurs des villes nouvelles d'assumer l'existence, non seulement d'une stratification sociale, mais d'une organisation polysegmentaire des sociétés, qui permette de prévoir une spécialisation des quartiers pour des catégories de population clairement définies, avec les modes de vie et les possibilités d'activités professionnelles qui leur sont propres, n'a pas abouti à un décloisonnement de la société avec une facilitation des migrations sociales, mais au contraire à un renforcement de discriminations qui sont d'autant plus problématiques, qu'imprévisibles et radicales. La raison de cette impasse était de proposer, et de mettre en oeuvre un autre système de division qui ne soit plus social, mais commercial, c'est-à-dire entre le temps de travail et le temps de consommation, ensuite entre le temps pour les courses et le temps pour les loisirs, entre temps de séjour et temps de transport. Traduites dans l'espace, ces divisions temporelles deviennent le principe directeur de l'urbanisme contemporain avec ses cités dortoirs et ses zones de bureaux éloignées par des moyens de transports collectifs. Ce sont des villes où il n'y a pas de place pour les activités hybrides et gratuites d'autoproduction, comme une simple promenade qui serait à la fois un déplacement utile, une occasion d'information, un loisir, une activité sportive, un jeu, une occasion d'observer et de se montrer.
Une étude de morphologie sociale préalable à une étude de projet architectural ou urbain ( Urban Planing en anglais) doit reconstituer le tableau complet de la polysegmentation sociale, donner ensuite les proportions idéales entre les parties, puis leurs dispositions spatiales respectives en précisant les proximités, les hiérarchies, les points de contact, les évitements, les inclusions, les frontières, pour aboutir à une cartographie sociale qui inclue les échanges, les relations, les représentations. Il est très important, si l'étude ne porte que sur un fragment de société, par exemple la population d'un ensemble de bureaux ou d'habitation, voire d'un seul édifice, de pouvoir reconstituer le reste de la société, qui concerne parfois les mêmes personnes, mais à d'autres moments, dans d'autres fonctions, voire dans d'autres époques de la vie. Pour cela, les monographies de sociétés dites fermées, réalisées en général par des ethnologues ou des historiens, mais pas toujours, sont très utiles par leur caractère d'approche globale de l'ensemble d'une société avec tous ses groupes et sous-groupes au complet.