Plusieurs concepts et problématiques intéressent les sociologues de l'urbain.
On peut en résumer le cadre général avec deux principes énoncés par Henri Lefebvre:
Comme études descriptives, on peut citer les territorialités et leurs échelles, les formes de sociabilités, de civilités et d'échanges, les trajectoires résidentielles, la formation des prix de l'immobilier, les représentations populaires et savantes de la ville, les monumentalités, etc.
Comme problématiques, on peut citer les dynamiques d'intégration ou de ségrégation socio-spatiale (phénomènes de ghettoïsation), de gentrification, ) les violences urbaines, les pratiques de mobilité, les représentations sociales de la ville, les instances citadines de socialisation, le contrôle social sur l'espace public, les mégapoles, etc.
L'étude de la morphologie urbaine, à toutes les échelles depuis les formes d'habitations et plus généralement d'immeubles (Maisons, grands ensembles d'habitation, équipements publics ou commerciaux tels que mairies, postes, tribunaux, lycées, théâtres, gares, magasins et supermarchés, églises, etc..) jusqu'aux formes complètes des villes (avec l'articulation des quartiers, des rues, des places, des rivières, des monuments, de la campagne environnante, des liaisons avec d'autres villes, etc.), s'il est peu étudié en sociologie urbaine, l'est en géographie urbaine: elle s'appuie sur les modelés urbains matériels et symboliques entre les différentes échelle et formes du bâti et du cadastre, des couleurs, des aspects, des symétries, des rythmes, et plus généralement de tout ce qui fait la culture matérielle.
Le mouvement paradoxal de l'urbanisation (population de plus en plus nombreuse qui vit en ville), et de la désurbanistion (disparition des caractéristiques morphologiques qui font la ville dense, comme la proximité, la diversité, la sécurité, la mitoyenneté, l'interconnaissance) est une conséquence de l'évolution de la morphologie urbaine générale. En effet, la facilitation des transports, puis la dématérialisation de la communication sociale provoquent une désagrégation du bâti, l'effacement des formes génériques des villes (rues, places, cours, îlots,..) et un éparpillement en unités plastiquement isolées dans un no man's land de rocades, d'entrepôts, de friches urbains et de décharges.
Pour prendre en compte cette tendance au chaos moderne, il faut considérer le parti urbanistique du zoning posé par le CIAM qui consiste :
La surface des voies de communication, de dessertes, de transit et de stationnements est devenue si importante que les villes post-urbaines avec leurs habitations et leurs bureaux empilés sur des dizaines d'étages finissent par avoir une densité bien moindre que les villes anciennes ou les cités-jardin avec leurs constructions de deux ou trois étages.
Les problèmes posés par les formes urbaines et architecturales de la périurbanisation ne sont pas simplement fonctionnels et économiques, ils sont aussi anthropologiques et politique lorsque la question de la disparition du centre de la ville et de la maison devient aussi la perte d'une référence commune pour la cité, ou la famille; perte d'un centre de modération et de régulation qui fonde la cohésion sociale dans un lieu que tout le monde connaît et qui puisse jouer le rôle de nomos de la société, au sens que Carl Schmitt a donné à ce mot.
Le mouvement que l'on observe pendant la deuxième moitié du XXe siècle, en même temps que la marginalisation de la place principale, celle du marché, de l'église, de la mairie, du tribunal, de la convergence des rues, est l'émergence du supermarché comme nouveau lieu de ralliement et de centralité où chacun des groupes dispersés ne vient pas seulement pour se réapprovisionner, mais pour se promener, se ressourcer, reprendre contact avec la totalité de la cité, trouver de nouvelles idées, s'informer, et s'émerveiller devant la beauté et l'abondance de tout ce qu'on peut produire et consommer.