Dès 1913, l'armée française occupait le site, en ayant installé un relais optique dit télégraphe de Chappe. Il ne s'agissait alors que d'un modeste bâtiment en pierre.
En 1961, lors de la Guerre froide, l’OTAN s’installe et construit l’une des 82 stations de son réseau de transmission, connu sous le nom de réseau ACE HIGH (Allied Command Europe). La mise en œuvre de cette station (nom de code FLYZ) est confiée à l'Armée de terre française. Dès le début, les habitants de la région ont cru qu’il s’agissait de radars. En 1974, l’armée de terre française laisse la place à l’armée de l’air française, toujours locataire du site de nos jours. Dès 1988, l’OTAN envisage le démantèlement du réseau ACE HIGH en raison des nouveaux plans de fréquences nationaux.
La station hertzienne de l’OTAN faisait appel à des liaisons radio troposphériques. Les bonds radios étaient de l’ordre de 300 km, pouvant atteindre pour le plus long d’entre eux plus de 450Km (entre Mossy Hill – UMSH – et Lysenuten – NLYZ –). Les équipements de transmission étaient d’origine américaine. La puissance nominale d’émission qu’assurait un Klystron, était de 10 Kw. En raison de la particularité des transmissions troposphériques, ces liaisons fonctionnaient en diversité d’espace et de fréquence. Ainsi, la station de Pierre-sur-Haute qui servait de relais entre, au Sud celle du Lachens (FNIZ), aux confins des Alpes-Maritimes, du Var et des Alpes-de-Haute-Provence et, au Nord, celle de Mont-Août (FAOZ), près de Sézanne dans la Marne, faisait appel à 4 émetteurs de 10 Kw chacun (2 par sens de liaison) et 16 récepteurs (8 par sens de liaison). Pour des raisons d’économie, les amplificateurs étaient réglés sur 5 Kw.
À l’origine, Pierre-sur-Haute n’était pas reliée au réseau électrique national. Aussi, 4 groupes électrogènes alimentaient en permanence le site. Dans les années 70, une ligne moyenne tension (15 Kv) fut construite par EDF. Aussi, l’OTAN remplaça les 4 groupes électrogène par une centrale électrique avec deux groupes à temps zéro de 450 KVA chacun et construit par ADV (Aérotechnique Dreux Vernouillet).
De 1981 à 1987, la station ACE HIGH fut entièrement rénovée, notamment son bâtiment vie en vue de l’accueil de la station actuelle de l’Armée de l’air française.
Les sous-officiers, des armées de mer, terre et air, qui ont servi dans les huit stations ACE HIGH implantées en France (5 Troposphérique et 3 relais à vue – Line Of Sight), ont été formés à Borgo Piave (Latina) en Italie. Auparavant, ils suivaient un stage intensif (20 semaines) d’apprentissage de la langue anglaise au Centre de langues et d’études étrangères militaires anciennement situé à l’École militaire.
La base est localisée sur un terrain de 30 hectares situé sur les deux communes de Sauvain et de Job, la limite Rhône-Alpes / Auvergne passant au milieu de la base. Elle est entourée de barrières en bois et en métal d'une hauteur approximative de 6 mètres.
Pour accéder à la base, les militaires empruntent une route goudronnée de 4 kilomètres de longueur, partant du Col du Béal (1 390 m d'altitude). Cette route, interdite à la circulation civile, est cependant inutilisable lors d'un enneigement trop important (pouvant dépasser 2,5 mètres), et c'est alors par le chemin des crêtes qu'on accède à la base. La route et le chemin des crêtes sont longés par des poteaux de bois de 4 mètres de hauteur permettant de guider les usagers en hiver, lorsqu'ils sont recouverts d'une épaisse couche de neige.
Les infrastructures principales sont deux tours bétonnées d'une trentaine de mètres de hauteur en activité depuis 1991 assurant l'émission et la réception hertzienne. Ces tours peuvent résister au souffle d'une explosion nucléaire. De plus, quelques bâtiments supplémentaires servent de hangar aux véhicules et de lieux de vie. La base comporte une cuisine et une salle de restauration, ainsi que des chambres. Ces bâtiments sont reliés entre eux par des tunnels, afin d'éviter des déplacement extérieurs pénibles en hiver, à cause de la hauteur de neige de plusieurs mètres. Il y a environ 400 mètres de tunnels.
Le cœur de la base de Pierre sur Haute est l'ouvrage enterré, infrastructure de haute sécurité sous protection NBC (nucléaire, bactériologique et chimique). Cet ouvrage est protégé par une cage de Faraday de l'intrusion de toute onde électromagnétique extérieure, ainsi que de la sortie involontaire d'ondes émanant des appareils électroniques de l'intérieur. Il est de plus autonome grâce à un groupe électrogène et indépendant en eau. Grâce à une liaison de 2 Mbits/seconde, les communications provenant des tours arrivent dans l'ouvrage, sont redirigées par les opérateurs et repartent dans les tours pour être ré-émises.
La station hertzienne est dirigée par un major. Une vingtaine de personnes seulement se relaient sur le site, assurant la permanence pour effectuer le contrôle et la maintenance des équipements de télécommunications. Cependant, des corps de métiers différents se retrouvent au sein de la base : des électromécaniciens, des cuisiniers, des mécaniciens... Le personnel assure une défense passive, en se restant à l'abri, ainsi qu'une défense active, de ce fait il est armé.