Superphénix - Définition

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Débat sur Superphénix

Superphénix a été au centre d'une vive controverse, ses défenseurs argumentant sur son intérêt, les militants antinucléaires exposant de nombreux arguments contre lui : après la lutte des écologistes Les Verts contre Superphénix depuis sa planification et construction, un réseau national appelé Sortir du nucléaire a été formé à sa fermeture, rassemblant des centaines d'organismes : comités locaux, associations écologiques, mouvements de citoyens et partis.

Risques d'accident et sécurité

La centrale contient cinq tonnes de plutonium et 5 000 tonnes de sodium liquide, qui s'enflamme spontanément au contact de l'air, et explose au contact de l'eau en produisant de l'hydrogène, lui-même extrêmement réactif. Par ailleurs, on ne sait toujours pas éteindre un feu de plus de quelques centaines de kilogrammes de sodium. Cependant "en brûlant, le sodium liquide forme à sa surface une croûte qui empêche l'incendie de se développer en profondeur et limite le rayonnement de chaleur" ce qui permet de l'approcher et de le combattre contrairement à un feu d'hydrocarbures, par exemple.

Dès 1976, un ingénieur d'EDF - J.P. Pharabod - déclare dans Science et Vie (n°703, avril 1976) qu'« il n'est pas déraisonnable de penser qu'un grave accident survenant à Superphénix pourrait tuer plus d'un million de personnes », ce qui déclencha une vive polémique en France sur la sécurité de Superphénix.

Le 8 décembre 1990, une partie du toit de la salle des turbines s'est écroulée à cause de la neige, nécessitant de reconstruire la superstructure de la moitié du bâtiment. Le réacteur était arrêté ce jour-là. Le bâtiment de l'alternateur et le réacteur sont séparés, il n'aurait donc pas pu y avoir de conséquences graves.

Une des problématiques pour la sécurité est l'augmentation de la viscosité du fluide caloporteur (le sodium liquide) en cas de pollution mal maîtrisée.

Intérêt de la surgénération

Selon les industriels du nucléaire, la surgénération représente toujours une solution au problème de la pénurie d'uranium. En effet, même si les prévisions des années 1970 se sont révélées trop pessimistes en raison des politiques de maîtrise des dépenses énergétiques au lendemain des crises pétrolières et d'une sous-estimation de la quantité et de la teneur des gisements d'uranium économiquement exploitables, la réserve d'uranium (au niveau de consommation actuel) est estimée entre 50 et 90 ans suivant les projections.

L'énergie des neutrons rapides, contrairement aux réacteurs à eau pressurisée, permet de transformer non seulement tous les atomes lourds initiaux, mais aussi ceux, à vie longue, engendrés par la réaction : neptunium, plutonium, américium, curium, etc. De plus, un réacteur de ce type peut être utilisé en surgénération pour optimiser le rendement matière (l'uranium naturel est peu à peu transformé en plutonium qui est brûlé à son tour) ou en sousgénération, auquel cas il brûle des excès de matière fissile et permet notamment d'éliminer le plutonium militaire. Enfin, un réacteur à neutrons rapides pourrait accélérer la transmutation de produits de fission à vie longue en produits à vie plus courte et donc contribuer à réduire la toxicité à terme de ces déchets. De telles études étaient menées à Superphénix et sont poursuivies sur le réacteur Phénix, en accord avec la loi Bataille.

Les difficultés rencontrées par Superphénix, surtout pour raisons administratives, et finalement son arrêt, n'obèrent pas l'intérêt des surgénérateurs comme solution durable pour l'industrie nucléaire. Jean-Marc Jancovici voit dans la surgénération une solution d'avenir pour résoudre les problèmes liés à la pénurie prévisible d'énergies fossiles et au réchauffement climatique.

Connaissances techniques développées

Superphénix a permis au CEA et à EDF de développer des techniques pointues. Des données technologiques ont été collectées, notamment quant au caloporteur : le sodium liquide. Ces connaissances pourraient être réutilisées pour les futurs réacteurs à neutrons rapides à caloporteur sodium, une des solutions préconisées par le Forum International Génération IV, qui regroupe les grandes puissances du nucléaire civil : Allemagne, États-Unis d'Amérique, France, Royaume-Uni, Italie, Japon, etc.

Décisions de construction / fermeture

Selon les opposants, le démantèlement de Superphénix a été décidé sans consultation publique, tout comme sa construction. Ses promoteurs soulignent au contraire que l'abandon de Superphénix a été décidé par un arrêté ministériel , tandis que sa construction avait été décidée par une loi.

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