Le SNES, Syndicat national des enseignements de second degré, est le premier syndicat des personnels enseignants (professeurs certifiés, agrégés et non-titulaires), d'éducation (conseillers principaux d'éducation et étudiants-surveillants) et d'orientation (conseillers d'orientation-psychologues) des collèges et des lycées généraux et technologiques.
L'origine du SNES est à chercher dans les divers syndicats du second degré, souvent liés aux "ordres", des années trente. C'est en 1931 que naît le SNPES (Syndicat National de l'Enseignement Primaire Supérieur), tandis qu'au sein de la CGT se crée le Syndicat de l'Enseignement Technique (1936), puis le SPES (Syndicat du Personnel de l'Enseignement Secondaire, décembre 1937). Interdits par le régime de Vichy, les syndicats se reconstituent dans le cadre de la résistance et, en 1944, le SNES est créé, comme syndicat de la Confédération générale du travail (CGT), par la fusion du SNPES et d'un syndicat autonome, le SNCL.
La scission de la CGT, avec la création de FO, et la décision de la Fédération de l'éducation nationale (FEN) de se replier dans l'autonomie, va rendre caduque la tentative de rapprochement des différents syndicats du secondaire de la CGT, entamée en 1946. Seuls le SNES et le SNCM vont fusionner, en 1949, sous le nom de SNES "classique et moderne". L'enseignement professionnel et technologique va lui se rassembler autour de deux syndicats, le SNET (Syndicat National de l'Enseignement Technique) et le SNAA (Syndicat national de l'Apprentissage Autonome, qui deviendra rapidement le SNETAA).
Tout comme sa fédération (la FEN), les syndicats SNES et SNET ont mis en place un système de représentation proportionnelle dans leurs instances délibératives, qui sont élues directement par les syndiqués. Les listes "autonomes", favorables à la majorité fédérale, y sont majoritaires jusqu'à la fin des années 60.
Dans les années 50 et 60, SNES et SNET vont se retrouver dans les combats syndicaux de la FEN : pour le reclassement (revalorisation des grilles salariales), pour la laïcité, contre la guerre d'Algérie, et pour le développement des enseignements de second degré, qu'on ne nomme pas encore "démocratisation". Au cours des années 60, les deux syndicats se rapprochent, au fur et à mesure que les corps qu'ils syndiquent sont progressivement alignés dans leurs statuts. La fusion est effective en 1966. Le nouveau syndicat s'appelle le SNES "classique, moderne, technique" et une direction bicéphale, composée de Louis Astre (ex-SNET) et André Mondot (ex-SNES) est mise en place. Mais cette direction ne tient pas très longtemps. La minorité Unité et Action (UA), issue du courant "cégétiste" (CGT) progresse de façon considérable et, en mai 1967, devient majoritaire suite au vote des syndiqués. André Drubay, professeur de lettres classiques en Seine-et-Oise, et ancien chef de file du courant B (cégétiste) du SNES est élu secrétaire général.
Le SNES va très rapidement s'éloigner de la ligne définie par la majorité autonome de la FEN, rebaptisée d'ailleurs UID (Unité Indépendance et Démocratie) en 1971, et prendre la tête de l'opposition interne, qui s'appuie aussi sur le syndicat national de l'éducation physique (SNEP) et une trentaine de section fédérales départementales. Cette opposition va rapidement recouper le clivage politique entre communistes UA et socialiste UID, et connaître les mêmes aléas et vicissitudes que l'union de la gauche politique.
Dans les années 70 et 80, le SNES se bat pour la démocratisation de l'enseignement secondaire, approuvant l'objectif des 80% d'une classe d'age au niveau du baccalauréat, tout en défendant la diversification des voies de formation et la nécessité de dégager des moyens financiers pour le service public d'éducation. En 1984, le SNES est le premier syndicat de cette importance à désigner à sa tête une femme, Monique Vuaillat, professeur de bureautique à Grenoble.
A la fin des années 80, il impulse une forte mobilisation pour la revalorisation de la fonction enseignante et, après plusieurs mois de lutte, obtient finalement partiellement gain de cause face au ministre de l'éducation, Lionel Jospin. Sa ligne revendicative sur la revalorisation s'oppose à celle prônée par le syndicat du premier degré de la FEN, le SNI-PEGC, chacun des deux syndicats cherchant à rendre prioritaire son propre champ de syndicalisation.
La tension au sein de la FEN devient de plus en plus nette. La direction UID, qui est encore majoritaire au sein du principal syndicat de la fédération, le SNI (Syndicat National des Instituteurs), sent ses positions s'effriter, d'autant plus qu'une scission a lieu en son sein : une partie des militants, dont ceux de la direction du SNETAA, créent une nouvelle tendance, Autrement. UID tente alors un coup de force : forcer les syndicats enseignants à fusionner, pour annuler le poids des directions du SNES, du SNEP et du SNETAA.
Ce projet est éventé dans des conditions rocambolesques (la serviette d'un des responsables UID du SNES, Jacques Estienne, est oubliée dans un café et donnée à un autre responsable, UA celui-là...), et les réactions sont très vives. A l'issue de trois années de grave crise interne, le SNES, exclu de la FEN tout comme le SNEP, est à l'origine de la création en 1993 de la Fédération syndicale unitaire (FSU), qui regroupe rapidement tous les minoritaires de la FEN, exclus ou non, et devient en décembre de cette même année, la première fédération de l'éducation nationale.
Après une période d'embellie qui voit ses effectifs grimper en flèche, le SNES est, à partir de 1997, aux prises avec le ministre de l'Education Nationale Claude Allègre. Allègre est contraint à la démission, tandis que le SNES s'installe dans une baisse du nombre de ses syndiqués, même s'il confirme successivement en 1999, 2002 et 2005 qu'il a toujours la majorité absolue des voix chez les personnels qu'il représente.
Après la désignation de Monique Vuaillat comme co-secrétaire générale de la FSU, le SNES décide de se doter d'une direction collégiale dont la géométrie variera selon les années. Engagé dans la lutte contre la réforme des retraites et contre la décentralisation en 2003, il s'exprimera aussi contre la loi d'orientation de l'éducation nationale de François Fillon.
Le SNES a tenu son dernier congrès en mars 2007.