Théorème d'unicité de Stokes - Définition

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Introduction

Le théorème d'unicité de Stokes, dû à George Stokes, trouve des applications en mécanique des fluides.

Énoncé et démonstration

George Stokes (1819–1903)

Ce théorème peut s'énoncer de la manière suivante : étant donnée une surface équipotentielle Σ qui renferme en son intérieur toute la matière, le potentiel extérieur à Σ n'est pas modifié lorsqu'on modifie la répartition des masses de telle façon que Σ reste la même surface équipotentielle. En termes plus mathématiques, ce théorème peut aussi s'énoncer comme suit :

Théorème d'unicité de Stokes — Une fonction V harmonique à l'extérieur d'une équipotentielle Σ est déterminée de façon unique par ses valeurs sur Σ.

La démonstration de cette proposition est aisée. En effet, soit un champ de densité qui donne lieu à un potentiel V, et soit Σ une surface fermée régulière (de normale extérieure unitaire \mathbf n ) qui renferme toutes les masses. En élargissant éventuellement le domaine B intérieur à cette surface, on admettra que V est constant sur Σ. Supposons maintenant qu'il existe une distribution de matière différente qui génère un autre potentiel, désigné par V', mais qui prend sur Σ les mêmes valeurs que V. Soit V * = V' − V. Alors, d'après notre hypothèse : V * = 0 sur Σ. Posons u = v = V * dans la première identité de Green, qui peut s'écrire :

\iiint_{B} u \nabla^{2} v\,\mathrm d \tau + \iiint_{B} \nabla u \cdot \nabla v \,\mathrm d \tau = \iint_{\Sigma} u \left(\frac{\mathrm d v}{\mathrm d n}\right) \mathrm d \sigma

On trouve alors

\iiint_B \left[V^{*} \nabla^2 V^* + (\nabla V^*)^2\right]\,\mathrm d \tau = \iint_{\Sigma} V^* \left(\frac{\mathrm d V^*}{\mathrm d n}\right) \mathrm d \sigma

Désignons par CB le complémentaire du volume B intérieur à la surface Σ, autrement dit la région extérieure à Σ. V * étant la différence de deux fonctions harmoniques dans CB est elle-même une fonction harmonique dans CB : \nabla^2 V^* = 0 dans CB. Par conséquent, les conditions de régularité sont satisfaites par V * , et on peut appliquer l'identité précédente à la région B extérieure à Σ, c'est-à-dire à B = CB. En outre, par définition, V * = 0 sur Σ. Pour V * la première identité de Green prend donc la forme :

\iiint_{\complement_B} (\nabla V^*)^2\,\mathrm d \tau ,

ou encore

\iiint_{\complement_B} \left[ \left( \frac{\partial V^*}{\partial x_1} \right) ^{2} + \left( \frac{\partial V^*}{\partial x_2} \right)^2 + \left( \frac{\partial V^*}{\partial x_3} \right)^2 \right] \mathrm{d} x_1 \mathrm{d} x_2 \mathrm{d} x_3 = 0

Cette relation implique nécessairement que

\frac{\partial V^*}{\partial x_1} = \frac{\partial V^*}{\partial x_2} = \frac{\partial V^*}{\partial x_3} = 0

ou encore

V * (x1,x2,x3) = constante


Or, V * étant une fonction harmonique, on doit avoir V^*(\infty) = 0 , ce qui entraîne V^*(x_1,x_2,x_3) \equiv 0 dans CB et par conséquent V' \equiv V dans CB. La solution à l'extérieur du domaine B est donc unique.

Principe de Dirichlet

Johann Peter Gustav Lejeune Dirichlet (1805–1859)

D'un point de vue plus mathématique, signalons encore que le théorème de Stokes montre qu'il ne peut y avoir qu'une seule fonction harmonique V qui prend des valeurs données sur une surface-frontière Σ. Il n'établit pas l'existence d'une telle fonction harmonique. L'assertion que pour des valeurs-limites arbitrairement prescrites il existe toujours une fonction harmonique V qui prend sur Σ les valeurs-limites données s'appelle le principe de Dirichlet.

Nous sommes en présence de deux cas distincts : V est harmonique à l'extérieur de Σ et V est harmonique à l'intérieur de Σ. Le principe de Dirichlet a été prouvé dans des situations très générales par des travaux de nombreux mathématiciens, parmi lesquels il convient de mentionner Henri Poincaré et David Hilbert ; la démonstration en est fort difficile. Le problème qui consiste à calculer la fonction harmonique (à l'intérieur ou à l'extérieur de Σ) à partir de ses valeurs-limites sur Σ est le problème de Dirichlet, ou encore le premier problème aux valeurs-limites de la théorie du potentiel. Ce problème se pose notamment en géodésie.

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