Théorème de Stokes - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Introduction

Articles d'analyse vectorielle
Champ vectoriel Champ scalaire
Objets d'étude
Champ vectoriel Champ scalaire
Équation aux dérivées partielles
de Laplace de Poisson
Opérateurs
Nabla Gradient
Rotationnel Divergence
Laplacien scalaire Bilaplacien
Laplacien vectoriel D'alembertien
Théorèmes
de Green de Stokes
de Helmholtz de flux-divergence
du gradient du rotationnel

En géométrie différentielle, le théorème de Stokes est un résultat central sur l'intégration de formes différentielles, qui généralise nombre de théorèmes sur l'analyse vectorielle. Après l'énoncé et la démonstration, cet article en propose nombre d'applications : en particulier, il fournit un formulaire qu'utilisent volontiers physiciens et ingénieurs, particulièrement en mécanique des fluides.

Théorème de Stokes — Soit M une variété différentielle orientée de dimension n, et ω une (n-1)-forme différentielle à support compact sur M de classe C1. Alors, on a :

\int_M\!\mathrm d\omega=\int_{\partial M}\!i^*\omega

d désigne la dérivée extérieure, \partial M le bord de M, muni de l'orientation sortante, et i:\partial M\rightarrow M est l'inclusion canonique.

George Stokes
William Thomson

Le théorème est attribué à Sir George Gabriel Stokes, mais le premier à connaître ce résultat est en réalité William Thomson. Le mathématicien et le physicien entretiennent une correspondance active durant 5 ans de 1847 à 1853.

La preuve demande de disposer d'une bonne définition de l'intégration ; il faut se rendre compte que l'apparente simplicité de la démonstration actuelle est trompeuse.

Démonstration

L'idée est d'utiliser une partition de l'unité adaptée au problème dans la définition de l'intégrale d'une forme différentielle ; et de se ramener à un cas presque évident.

Soit {Ui}I un recouvrement localement fini de M par des domaines de cartes locales \phi_i:U_i\rightarrow \phi_i(U_i)\subset \mathbb R^n , telles que :

\phi_i(U_i\cap \partial M)=\phi_i(U_i)\cap (\{0\}\times \mathbb R^{n-1})

Introduisons fi une partition de l'unité subordonnée à {Ui}. Comme le support de ω est fermé, la forme différentielle ω s'écrit :

\omega=\sum f_{i}\omega

où la sommation est à support fini. Posons \beta_i=\phi_i^*\left[f_i\omega\right] , forme différentielle à support compact de M'=\mathbb R_+\times \mathbb R^{n-1} . La restriction \phi_i|_{\partial M} est un difféomorphisme sur son image préservant les orientations sortantes. On a donc :

\int_{\partial M}\!\left[f_i\omega\right]=\int_{\partial M'}\! \beta_i

Comme \phi_i^* commute avec l'opérateur de différentiation d, on a :

\int_M\! \mathrm d\left[f_i\omega\right]=\int_{M'}\! \mathrm \mathrm d\beta_i

Par sommation, le théorème de Stokes est démontré une fois établi le cas particulier M'=\mathbb R_+\times \mathbb R^{n-1} .

Une (n-1)-forme ω sur M=\mathbb R_+\times \mathbb R^{n-1} s'écrit :

\omega=\sum_{i=1}^n f_i\cdot \mathrm dx_1\wedge\dots\wedge \widehat{\mathrm dx_i}\wedge \dots \wedge \mathrm dx_n

où le chapeau désigne une omission. On trouve alors :

\begin{array}{rl}\mathrm d\omega=&\sum_{i=1}^n \left( \sum_{j=1}^n \frac{\partial f_i}{\partial x_j} \mathrm dx_j \right)\wedge \mathrm dx_1\wedge\dots\wedge \widehat{\mathrm dx_i}\wedge \dots \wedge \mathrm dx_n\\ &=\sum_{i=1}^n (-1)^{i-1}\frac{\partial f_i}{\partial x_i} dx_1\wedge\dots\wedge dx_n.\end{array}

Le théorème de Fubini donne :

\begin{array}{rl} \int_{\mathbb R_+\times \mathbb R^{n-1}}\! \mathrm d\omega&=\sum_{i=1}^n\int_{\mathbb R_+\times \mathbb R^{n-1}} (-1)^{i-1}\frac{\partial f_i}{\partial x_i}\mathrm dx_1 \dots \mathrm dx_n\\ &=\int_{\mathbb R^{n-1}}\!\left(\int_0^{+\infty}\frac{\partial f_1}{\partial x_1} \mathrm dx_1\right) \mathrm dx_2\dots\mathrm dx_n+ \sum_{i=2}^n \int_{\mathbb R_+\times \mathbb R^{n-2}} (-1)^{i-1}\!\left(\int_\mathbb R \frac{\partial f_i}{\partial x_i}\mathrm dx_i \right)\mathrm dx_1\dots\widehat{\mathrm dx_i}\dots\mathrm dx_n.\end{array}

L'hypothèse que la forme ω est à support compact permet alors de finir le calcul, car les termes \int_\mathbb R \frac{\partial f_i}{\partial x_i}\mathrm dx_i pour i\geq 2 sont tous nuls  :

\int_{\mathbb R_+\times \mathbb R^{n-1}}\!\mathrm d\omega = \int_{\mathbb R^{n-1}} f_1(0,x_2,\dots,x_n) \mathrm dx_2\dots \mathrm dx_n=\int_{R^{n-1}} i^*\omega

D'où le résultat.

Formule de Green-Riemann

Soit U un domaine compact lisse de \R^2 et \alpha=f\cdot \mathrm dx+g\cdot \mathrm dy une 1-forme différentielle sur \R^2 . Alors, la formule de Stokes s'écrit :

\int_{\partial U} \alpha = \int_{\partial U}\! \left[f\cdot \mathrm dx+g\cdot \mathrm dy\right]=\iint_U \left[\frac{\partial g}{\partial x} -\frac{\partial f}{\partial y}\right] \,\mathrm dx\,\mathrm dy

La formule de Green-Riemann est utilisée en géométrie pour démontrer l'inégalité de Poincaré.

Théorème fondamental de l'intégration

Si f est une fonction C^{\infty} de la variable réelle, alors f est une forme différentielle de degré zéro, dont la différentielle est f^\prime(x)\mathrm dx\, . Le bord orienté de [a,b] est {b} − {a} (extrémité avec l'orientation + et origine avec l'orientation -), quelles que soient les valeurs relatives de a et b. La formule de Stokes donne dans cette situation :

\int_a^bf'(x)\mathrm dx=f(b)-f(a)\,\! .

En fait, le théorème de Stokes est la généralisation de cette formule aux dimensions supérieures. La difficulté se trouve bien davantage dans la mise en place du bon cadre (formes différentielles, variétés à bord ou éventuellement plus générales, orientations) que dans la démonstration, qui repose sur le théorème fondamental de l'intégration et un argument de partition de l'unité.

Page générée en 0.188 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales | Partenaire: HD-Numérique
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise