Toxicité des munitions - Définition

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Introduction

Le problème de toxicité induit par les munitions (militaires et de chasse) le plus connu est celui qui est induit par le plomb. Ce métal a été le plus utilisé pour la fabrication de projectiles depuis 3 siècles. Responsable du saturnisme, c'est un puissant neurotoxique (à très faible dose chez le fœtus et l'embryon).

Les accidents ou explosion groupées d'obus peuvent aussi être source d'une pollution significative, généralement largement diffusée par le souffle (ici train allemand de munition, touché lors de la Première Guerre mondiale)

Mais d'autres toxiques sont également libérés lors du tir (ex : mercure ou plomb des amorces, ou uranium appauvri dans le cas des munitions anti-blindage) et/ou lorsque des munitions abandonnées se dégradent dans l'environnement (nitrates, cuivre, zinc, cadmium).

Un cas particulier est celui des munitions chimiques qui contiennent des toxiques très stables (tabun, sarin, ypérite, lewisite, arsine, etc.) tout particulièrement dans le cas des munitions immergées en grande quantité après les deux guerres mondiales.

Risques croissants

  • les munitions anciennes non-explosées se corrodent peu à peu et vont perdre leur contenu toxique.
  • Le dérèglement climatique attendu risque à la fois d'exacerber les risques d'inondations de zones de dépôts enterrés, et de rendre plus fréquents et plus graves les incendies de « forêts de guerre » où de nombreux obus sont encore présent dans les couches superficielles du sol.
    Plus récemment les nouveaux explosifs ou carburants (gazeux, liquides ou solides) de fusées et missiles ont introduit de nouveaux polluants dans l'environnement. Le perchlorate (composant pyrotechnique et carburant de fusées, roquettes ou missiles) a significativement pollué les sols de terrains militaires d'exercice et les nappes d'eau potable, par exemple sur le Massachusetts Military Reservation (MMR) à Cape Cod dans le Massachusetts (USA).

Le problème

Chez tous les animaux à sang chaud, le plomb ingéré sous forme moléculaire passe rapidement pour partie dans le sang (le reste est évacué dans les excréments et moindrement dans l'urine). Il est concentré par les reins et le foie, ou fixé dans le cerveau et les os. Or, les oiseaux d'eau qui n’ont pas de dents recherchent et mangent normalement de petits cailloux arrondis (appelés gritt) qui sont stockés dans le gésier où ils broient les aliments; à leur place, les oiseaux ingèrent du plomb (ou d’autres métaux lourds toxiques tels que le bismuth). Plus les aliments sont durs, plus ce plomb se solubilise vite. A titre d’exemple, 6 billes de plomb ingérées avec du maïs le matin sont parfois le soir en totalité déjà solubilisées et passées dans le sang du canard qui pourra en mourir ; Ce plomb est passé dans son sang 20 fois plus vite que s’il avait été ingéré avec des aliments « mous ». Or le maïs ou le blé dur sont utilisés pour l’égrainage ou recherché par les oies et grues qui s’intoxiquent ainsi dans les champs chassés, ou situés autour des marais chassés ou de ball-trap. Des Bernaches sont ainsi massivement mortes de saturnisme aigu du Canada dans les champs de maïs et de blé d'automne du Colorado (Szymczak et Adrian, 1978). De même en Grande-Bretagne que des oies à bec court et des oies cendrées parfois plus touchées sur des sites de ball-trap en régions agricoles que dans les marais réputés à haut risque (Mudge, 1983). À Oak Hammock (Manitoba), tirer dans les marais était interdit, mais permis dans les champs périphériques. Des Bernaches du Canada qui subsistaient dans les marais mouraient de saturnisme aigu après s'être nourries dans ces champs (Hochbaum, 1993) (la culture sans labour ne favorise pas l’enfouissement des plombs).

Le plomb de chasse contamine la pyramide alimentaire. Ceci est clairement démontré par le traçage isotopique du plomb, notamment chez les inuits. Les sites de ball-trap sont également très concernés.
Des substituts moins toxiques ou non toxiques existent. La grenaille d’acier semble la solution idéale du point de vue environnemental. Le 6 octobre 1999, le conseil national de la chasse et de la faune sauvage a souhaité que la France prenne des mesures concrètes pour tenir ses engagements imminents de l'Accord sur la conservation des oiseaux d'eau migrateurs d'Afrique-Eurasie (interdiction du plomb dans les zones humides pour l’an 2000 au plus tard).
Le phénomène est hélas durable : plomb n’étant pas biodégradable, la grenaille se délite ou s’oxyde ou est peu à peu érodée ou enfouie, mais reste accessible ou biodisponible des décennies voire des siècles ou des millénaires. Aux États-Unis, une étude a prouvé que la mortalité par saturnisme restait très élevée, même 40 ans après l'interdiction de chasse, sur une zone humide pourtant devenue réserve naturelle.
Dans les zones acides, la biodisponibilité et la bioconcentration peuvent être très aggravées. Toute la chaîne alimentaire est concernée. Exceptionnellement, même les plantes pourtant peu sensibles au plomb ne poussent plus ou presque plus...

Enjeux écologiques et sanitaires : Outre que les consommateurs de gibiers à risque (ex : oiseaux d’eau, bécasse, sanglier) peuvent être victime d’un saturnisme chronique induit, ces intoxications tuent des millions d’oiseaux, alors que des alternatives existent depuis longtemps (la grenaille d’acier avait même précédé la grenaille de plomb). Cette forme de saturnisme a aussi des impacts fonctionnels sur les équilibres écologiques, encore mal compris, incluant les aspects prédateurs/proies.

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