Toxicité des munitions - Définition

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Le cas du Ball-Trap

Le risque est aggravé en zones humides et/ou acides et accru à proximité des zones humides, forêts, landes, champs, élevages en plein air ou en enclos, pâturages, zones de cultures d’ensilage ou de fourrage, mais les sites très utilisés par le ball-trap sont tous gravement pollués, bien au-delà des normes en général. Par exemple, on a mesuré 215 millions de plombs/ha dans un cas.

Les « règlements » nationaux, et le règlement olympique imposent encore le plomb pour le tir et le ball-trap. L'Union internationale de tir et le Comité international olympique considéraient en 1994 que le tir sur cibles ne contribuait pas de façon sensible au problème de l'accumulation de grenailles de plomb dans l'environnement (Thomas, 1994). En 2008 en Suisse, le plupart des clubs Ball-Trap utilisent des cartouches photodégradables et des pellets en acier (Bernard, 2007).

Munitions de chasse

Munitions à balles

Elles semblent poser moins de problème à court et moyen terme, n’intoxiquant « que » de gros animaux, des nécrophages (dont rapaces) mais cette question a été peu étudiée.

Cartouches à grenaille de plomb

Elles sont responsables d'un grand nombre de cas de saturnisme aviaire, d’abord cité et étudié au Canada et aux États-Unis (dès le début du XXe siècle), puis très tardivement étudié en Europe où pourtant le plomb est utilisé en quantité plus importantes et depuis longtemps.

Quantités

Une cartouche moyenne contient 200 à 300 billes de plomb soit 30 à 35 g de plomb toxique (sachant que pour abattre un seul oiseau, il faut tirer 3 à 6 cartouches selon les sources). Si chaque chasseur français (il y en a environ 1,7 millions) n’utilisait qu’une seule cartouche de 32 g chaque année, il y aurait déjà 54,5 tonnes de plomb dispersés dans l'Environnement, soit 545 t en 10 ans ! On estimait dans les années 1990 qu’en France, 250 millions de cartouches étaient tirées annuellement ;

  1. 3/4 pour la chasse (~6500t/an de plomb)
  2. 1/4 pour le ball-trap ( plus de 2000 t/an )

Tendance

En 1987, ~ 405 millions de cartouches auraient été tirées (soit 12 960 t de plomb épandu sur en France métropolitaine en un an, à raison de 32 g/cartouche. En 1999 l'estimation était de ~ 250 millions de cartouches/an (8 000 t/an). Les émissions annuelles de plomb diminuent donc, mais il y a aggravation par accumulation ; le plomb émis chaque année devant être ajouté à celui des années précédentes, qui n’a pas disparu (le plomb n’est pas biodégradable). Dans les dunes, sur l’estran ou dans les torrents, les plombs sont parfois rapidement érodés.

En Camargue, une étude a permis de montrer une augmentation de + 35% du taux d'ingestion de 1965 à 1980 chez le canard Pilet (Anas acuta). Plus on attend pour supprimer le plomb, plus il sera disponible, plus les intoxications seront graves et nombreuses.

Les oiseaux sont d’autant plus contaminés, que les plombs sont les plus nombreux, précisément là où ces oiseaux viennent s'alimenter, aux endroits les plus recherchés par les chasseurs d’oiseaux d’eau (200 000 à 300 000 en France vers l'an 2000). Autour des huttes, mares et étangs artificiels conçus pour attirer les oiseaux d’eau, on a trouvé jusqu'à 20 plombs n°4 dans le gésier d’un canard colvert (6 auraient suffit à le tuer).

À titre d’exemple, le cygne trompette a subi des mortalités massives dans le S-O de la Colombie-Britannique - depuis 1925 ; ce sont 29 cygnes trompettes intoxiqués par le plomb qui ont été collectés en 1992, dans le lac Judson, Colombie-Britannique. Le saturnisme par ingestion de grenaille de plomb reste la première cause de mortalité des cygnes trompettes et des cygnes siffleurs sauvages dans l'État de Washington ( = 29 % de la mortalité constatée) . Au moins 10 000 cygnes appartenant à 6 espèces auraient été déclarés morts de saturnisme dans 14 pays. Certains se sont demandés s’il pourrait y avoir un lien avec l’hyper-sensibilité apparente du cygne et du canard à la grippe aviaire en Europe, mais un éventuel lien ne semble pas avoir été étudié.

Au Canada : 1,2 à 6 millions d’oiseaux d’eau absorbaient des plombs (grenaille, voire plomb de pêche) chaque année avant interdiction ou restriction du plomb. 240 000 à 1,2 millions d'oiseaux en mouraient chaque année estimait le gouvernement canadien. On ignore quand les plombs existants seront indisponibles pour les oiseaux. (cf. vitesse d’enfouissement, bioturbation, montée des océans, etc.) La situation était jugée « catastrophique » pour les oiseaux d’eau dès les années 70 (U.S. Fish Wildl. Serv.)
La Réserve de Rice Lake (Illinois) a vu 1500 oiseaux morts de saturnisme au printemps 1972. 75 % des Aythya affinis (canard plongeur) étudiés avaient au moins un plomb visible dans le gésier.

Mortalités souvent discrètes, parfois inattendues

Au Canada, l’hiver 1974–1975 l’inondation accidentelle d’un ancien ball-trap utilisé par les officiers de l’aviation royale canadienne durant la 2nde guerre mondiale a brutalement tué par saturnisme aigu des centaines de canards et d'oies morts après y avoir picoré des billes de plomb. La dépollution du site a couté plusieurs milliers de dollars américains.

Près de Montréal, ce sont des centaines de colverts, canards noirs, bernaches du Canada et cygnes siffleurs qui se sont empoisonnés pour les mêmes raisons. Des mortalités massives d’oiseaux domestiques ont été observées sous des retombées de ball-trap et par l’ONC dans un cas suite à des retombées de « pluies de plomb » sur un élevage, émises par des chasseurs postés sur un pylône de chasse à la tourterelle, tirant dans la direction de cet élevage.

Ailleurs des poules, canards, oies, moutons ou des vaches ont ponctuellement été signalées mortes d’intoxication aigüe pour ces raisons en France, aux États-Unis, en Irlande.

Des cas de saturnisme létal et sublétal par ingestion de végétaux ensilés (acide) et/ou ayant poussés sur zone chassée ou sous un ball-trap ont également été signalés. Par exemple, plusieurs milliers de billes de plomb se sont retrouvées dans la panse de vaches au nord de la France, billes avalées via du maïs fourrager ayant poussé près d’un site de ball-trap. De la luzerne (ensilée et acidifiée) reste contaminée et toxique, même après retrait des grenailles si ces dernières sont restées en contact avec la luzerne durant plusieurs semaines.

Contamination de la pyramide alimentaire

Aux États-Unis et en France, des études montrent respectivement que des gypaètes et des busards des roseaux étaient mortellement ou gravement contaminés (100 % des rapaces analysés gravement touchés pour la Camargue et le marais poitevin !). C’est d’ailleurs pour protéger le pygargue à tête blanche, emblème national du pays, que le plomb a été interdit aux États-Unis.

Contrairement à une idée reçue, bien d’autres espèces que les canards ou les cygnes sont touchées. Tous les oiseaux souffrent ou meurent de saturnisme s'ils avalent des plombs. Ainsi aux États-Unis une étude faite dans 3 états a montré que 1 % à 6,5 % des tourterelles échantillonnées avaient des plombs dans le gésier ou de taux excessifs de plomb dans leurs tissus. Et un saturnisme primaire a été confirmé pour :

  • Colin de Virginie
  • Colin écaillé
  • Faisan à collier
  • Foulques
  • Grue du Canada
  • Perdrix grise
  • Râle de Caroline
  • Râle élégant
  • Râle gris
  • Plusieurs autres oiseaux des berges et rivages

Le plomb des munitions serait dangereux pour la santé des consommateurs : chauffé, le plomb se diffuse plus facilement dans la chair d'oiseaux sauvages cuits et est absorbé plus facilement par le tube digestif.

Plombs incrustés

Un autre problème est que de nombreux oiseaux ne sont que blessés à la chasse; ils s’enfuient avec des plombs incrustés dans leur chair. 20 à 30 % des individus apparemment sains d'oiseaux d’eau échantillonnés dans de nombreux endroits en Amérique du Nord étaient porteurs d'un ou de plusieurs plombs incrustés. Même chez des espèces protégées et difficiles à confondre avec des espèces chassables. (jusqu’à 15 % des cygnes d'une population protégée de cygnes trompettes !). Il a été plus récemment démontré que des vautours et condors s’intoxiquent par ingestion de billes de plomb présentes dans la chair des cadavres qu’ils consomment ou en consommant la chair enrichie en plomb autour des blessures par balles qui ont tué des animaux qu'ils consomment. Le condor de Californie, second plus grand oiseau de monde est menacé de disparition (Janssen et al., 1986) et le saturnisme induit par la chasse semble -avec les collisions avec des véhicules ou lignes électriques - rester sa 1re cause de mortalité (chez l'adulte, les jeunes étant artificiellement nourris).

Les canards plongeurs se nourrissent dans les sédiments là où les plombs s'accumulent. Ils sont, comme on peut s'y attendre, plus vulnérables ; 2 à 3 fois plus fréquemment porteurs de grenaille dans le gésier que les autres ; l’ingestion de billes de plomb est ainsi 2,13 fois plus fréquente chez le morillon à collier que pour la moyenne des canards de surface (10,9 % contre 5,1 %), avec une concentration osseuse 2,8 fois plus élevée (48 % contre 17 %).

Sur le seul Lac de Grand-Lieu (avant 1980 et la mise en réserve), 3 à 4 tonnes de plomb étaient tirées chaque année (avant mise en réserve). Plus de 37% des fuligules milouins et plus de 13 % des colverts se sont avérés touchés par des problèmes graves de saturnisme. En France, la Camargue, l’estuaire de la Seine et de nombreuses zones humides, y compris classées en réserve naturelle (Oye-Plage par exemple) sont touchées.

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