Le 6 octobre 1817, le gouvernement du Royaume-uni des Pays-Bas (Verenigd Koninkrijk der Nederlanden) ouvre à Louvain une nouvelle université en tant qu'Université d'État de Louvain (en latin Academia Lovaniensis) où la langue d'enseignement était le latin comme dans toutes les autres universités des Pays-Bas. Elle accueillit aussitôt 230 étudiants.
Cette université a continué à fonctionner jusque vers les années 1834 et a été officiellement supprimée en 1835, toutefois son rayonnement ne fut pas négligeable car elle a formé la première génération d'intellectuels de la Belgique indépendante et nombre des futurs révolutionnaires.
Et pourtant, comme l'écrit Geertrui Couderé, « le fait qu'il y eut jadis une université d'État à Louvain est pour beaucoup une chose inconnue. » et elle ajoute que « même évoquer son existence était un sujet tabou » !
L'on peut avec Arlette Graffart se poser la question, « qu'était cette institution d'enseignement supérieur si souvent dépréciée ? ». Selon Arlette Graffart d'ailleurs, l'Université d'État de Louvain mérite bien plus que l'Université catholique de Louvain d'être considérée comme la "résurrection" de l'Ancienne université de Louvain: « elle seule et non point celle qui vit le jour en 1834 à l'initiative des évêques de Belgique, c'est-à-dire l'Université catholique de Malines devenue de Louvain l'année suivante. En effet, l'ancienne Université de Louvain fut créée au XVe siècle d'un commun accord par les pouvoirs publics (le duc Jean IV et la ville de Louvain) et le Saint-Siège, sans intervention de l'épiscopat ni du clergé local. »
Il est inexact de dire qu'elle fut une parenthèse sans éclat ou qu'elle était, comme le dit le professeur Léon van der Essen, un « véritable avorton que Guillaume Ier de Hollande avait créé », elle était composée de professeurs de qualité souvent formés à l'école de l'idéalisme allemand et venant d'Iéna, de Giessen, de Marbourg ou de Heidelberg.
Leur influence sur nos jeunes révolutionnaires qui firent une révolution "nationale" plutôt que sociale mérite d'être étudiée. En effet, les étudiants, conduits par Sylvain Van de Weyer, témoignaient d'une très grande sympathie pour les associations libérales, romantiques et nationalistes allemandes, les "Burschenschaft", et pour le philhellénisme. Les étudiants de l'Université d'État de Louvain transformèrent leur université en centre du libéralisme et de l'opposition, ils ont joué un rôle significatif dans la révolution de 1830.
N'ont-ils pas indirectement fait pencher ceux-ci à choisir un prince allemand comme roi?
L'on peut dire, en tout cas, en ne craignant plus de briser un tabou, qu'elle fut une université brillante qui a formé une brillante génération. Elle a formé plus de 8.000 étudiants qui ont mis sur pied la première infrastructure du nouveau royaume de Belgique et qui à ce titre méritent d'être sortis de l'oubli.
L'Université s'était installée dans d'anciens collèges de l'ex-Université: au collège de Saint-Donat, à celui des Prémontrés, des Vétérans et du Roi.