A la fin des années 1960, un égyptologue qualifia l'Égypte antique de civilisation sans villes. Il s'agissait d'une provocation, mais on peut se demander si elle était purement gratuite.
En effet, d'aucuns estiment que les villes égyptiennes étaient de petite taille, à la fois par rapport à nos critères actuels et par rapport à ceux de l'époque. Cependant les chercheurs allemands estiment que la capitale amarnienne d'Akhetaton (15 km x 8 km) en quelques années avait atteint la taille de 50 000 habitants, ce qui laisse présager que les cités plus anciennes devaient être plus grandes encore.
Par exemple, Thèbes, capitale à plusieurs reprises durant l'histoire de l'Égypte n'eut à son apogée pendant le Nouvel Empire en tout et pour tout que 50 000 habitants, alors qu'à la même époque au Moyen-Orient quelques villes étaient deux fois plus grandes. Cependant, Thèbes était plus une capitale religieuse qu'administrative, et il serait intéressant de se pencher sur les populations des cités telles que Memphis (dont la nécropole s'étend sur 20 km), Pi-Ramsès, etc. Pour en revenir à Thèbes, la ville s'étendait sur les deux rives, surtout avec l'apport de Malgatta.
Autre considération qui laisse penser que la population des villes égyptiennes était sans doute plus importante qu'on ne le suppose : la cité des bâtisseurs des pyramides. Celle-ci accueillait près de 20 000 personnes. Deir el-Médineh, uniquement réservée aux artisans des pharaons comptait une population nombreuse. Enfin, on sait que Pi-Ramsès atteignait Avaris qui était un faubourg.
Il n'empêche que certains pensent que la majorité des villes d'Égypte ne dépassaient pas les 10 000 habitants.
Cependant, plus que la taille, c'est la conception égyptienne de la ville qui diffère de notre conception moderne.
La civilisation égyptienne possède une administration toute-puissante. C'est elle qui décide de l'édification d'une ville. Et cela, toujours avec l'objectif de répondre à un besoin. Cela veut dire que les villes sont spécialisées et nécessitent une population appartenant à un secteur d'activité particulier.
Il n'y a que trois exemples dans l'Histoire où un pharaon a voulu édifier une nouvelle capitale. Il s'agit de :
Ces villes sont construites dans des lieux stratégiques, aux frontières de l'Égypte : en Nubie ou au nord du Sinaï.
Elles sont très bien fortifiées à l'aide de la pointe de la technologie militaire à chaque fois. Elles sont aussi très bien organisées.
Celles-ci sont érigées à côté de carrières ou lors de la construction de pyramides. Dans ce cas, lorsqu'il s'agit du gros œuvre, les ouvriers sont logés dans des baraquements provisoires. Par contre, s’il s'agit de la décoration intérieure, alors il y a construction d'un village d'ouvriers en dur.
Ces villages d'ouvriers se situent près du lieu de travail et sont très petits (souvent dotés d'une seule rue). La population y est très isolée pour éviter la fuite des secrets quant à l'emplacement des trésors à l'intérieur des tombes.
Ces villes sont construites soit à côté d'un sanctuaire, soit au pied d'une pyramide. Dans ce cas, on l'appelle ville pyramide.
Les villes pyramides logent les prêtres chargés du culte au temple funéraire du souverain défunt (ils assurent le service par roulement puis rentrent chez eux). Elles sont construites à la limite entre les terres fertiles le long du Nil et la zone désertique, au pied du plateau des pyramides. Elles sont le plus près possible de l'eau pour y faciliter l'acheminement des personnes et de la nourriture. Ce sont des villes d'une extrême régularité de conception et de réalisation et elles ne possèdent pas d'autre lieu de culte que le temple funéraire.