Le TVR, pour Transport sur voie réservée, est un modèle de tramway sur pneus construit par Bombardier.
Le TVR est dérivé du GLT (Guided Light Transport) mis au point en 1985 par La Brugeoise et Nivelles, filiale défunte de Bombardier Inc.. Le G.L.T. a circulé en service commercial de façon sporadique (transports de touristes) sur une petite ligne de 6 km dans l'Ardenne Belge, entre Han-sur-Lesse et Jemelle entre 1987 et la fin des années 1990. Ces véhicules bi-modes circulaient en mode guidé sur une partie de la ligne (ancienne ligne SNCB de Jemelle à Rochefort) en traction électrique sous pantographe 600 V, et poursuivaient sur la chaussée en traction diesel-électrique jusqu'à Hans-sur-Lesse. Le but était de définir un intermédiaire entre autobus et tramway, moins coûteux (-40% annoncés alors) que ce dernier, pour des villes de taille moyenne.
Deux modèles furent expérimentés :
Ils roulaient soit sur une chaussée, soit en mode guidé par un rail central, de type Vignole, sur deux pistes de béton[1].
Le TVR a pour particularité d'être extrêmement souple dans son utilisation commerciale : il peut se comporter de façon équivalente à un tramway sur fer et tout aussi bien fonctionner comme un bus (certains utilisent le terme de " mégabus " car le TVR est beaucoup plus massif qu'un simple bus).
Premier point important : le TVR est guidé par un rail central, sur lequel reposent des galets (deux par essieu). Ces galets exercent une pression de 750 kilogrammes sur le rail, ce qui engendre plusieurs conséquences :
La caractéristique principale du TVR est qu'il peut quitter son rail de guidage pour se comporter comme un bus (ou un trolleybus). Ces opérations, appelées dédropages, peuvent se faire à n'importe quel endroit : il suffit de relever les galets pour libérer le TVR de sa contrainte. L'inverse n'est pas pour autant vrai, puisqu'il faut du matériel particulier pour effectuer l'opération inverse. En l'occurrence, il s'agit d'une sorte d'entonnoir qui replace un à un les galets sur le rail de guidage.
Dans le cas de Caen, l'intégralité du réseau de TVR est exploitée par guidage (à l'exception des trajets entre le dépôt et les terminus). Pour Nancy, face à des contraintes techniques (requalification de la place du Vélodrome), de coût et politiques (refus de la commune de Saint-Max de voir des rails dans sa rue principale), seulement 60% de la ligne est guidée. Les deux terminus, qui nécessitent un retournement du TVR car celui-ci est unidirectionnel, sont équipés de rails, ce qui permet également un ajustement parfait par rapport au quai dans des stations très fréquentées. Le terminus de Vandoeuvre, qui dessert conjointement la faculté de médecine, l'INPL et le CHU, n'a été équipé que très tardivement, à la demande des conducteurs.
L'alimentation du TVR peut être soit électrique soit diesel. Dans le premier cas, le moteur développe une puissance de 300 kW, alors que dans le second cas la puissance est limitée à 200 kW. Une rame standard de TVR est équipée des deux modes d'alimentation, ce qui lui donne la possibilité de quitter la voie en cas d'incident (en mode non guidé/diesel). L'accès au dépôt est également facilité, puisque le TVR peut y accéder de façon autonome. Enfin, en cas d'affluence massive, il est possible d'envoyer des rames supplémentaires du dépôt vers les terminus, où elles peuvent s'insérer sans problèmes dans le flux pour répondre à la demande.
La propulsion électrique peut être alimentée par deux systèmes qui ne sont pas compatibles : un pantographe ou des perches. Dans le cas de Caen, le TVR est muni d'un pantographe (comme un tramway sur fer), alors que Nancy utilise des perches (qui nécessitent deux câbles d'alimentation, au lieu d'un seul pour le pantographe). Le choix de Nancy a dicté par la contrainte des portions non guidées, où les pantographes n'assurent pas un contact suffisant avec les caténaires. L'usage de perches donne au TVR une allure de trolleybus.
Le TVR n'est pas, à proprement parler, un tramway : en effet, la technologie du tramway implique un roulement sur rails. Or, justement, l'idée centrale du TVR est le roulement sur pneus. Il ne serait donc qu'un banal bus (il est soumis au Code de la route, donc immatriculé et limité à 13 tonnes à l'essieu - il pèse 28 tonnes), auquel on aurait adjoint un rail de guidage.
Or le TVR n'est pas non plus un bus (ou un trolleybus), pour plusieurs raisons :
Le TVR possède donc un statut tout à fait hybride, ni vraiment trolley, ni vraiment tramway, ni vraiment bus.