Abbaye Notre-Dame du Nid-au-Merle | |
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Ordre | propre, d'inspiration bénédictine |
Abbaye mère | chef d’ordre |
Fondation | 1112 |
Fermeture | 1792 |
Diocèse | relève directement du Saint-Siège |
Fondateur | Raoul de La Futaie |
Personnes liées | Marie de Blois |
Emplacement | Bretagne, forêt de Rennes |
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L'abbaye Notre-Dame-du-Nid-au-Merle ou abbaye de Saint-Sulpice des Bois est située sur le territoire de la commune française de Saint-Sulpice-la-Forêt, dans l’ancienne forêt du Nid-au-Merle, aujourd’hui forêt de Rennes.
Le nom ancien de la forêt viendrait de l’histoire d’un jeune berger découvrant dans un nid de merle, non loin d’un étang, une statuette de la Vierge. Sept fois il la rapporte chez lui, sept fois la statuette retourne dans le nid.
Les textes, depuis le XIIe siècle, donnent au monastère le nom de Saint-Sulpice. Par exemple, le nécrologe indique en ces termes la mort de Raoul de La Futaie : « Sanctus Rodulphus, monachus Sancti Jovini, puter fratrum et monialium Sancti Sulpitii, obiit 17 kal. septembris anno Domini 1129. » L'abbatiale est en effet dédiée à Sulpice le Pieux, évêque de Bourges, qui venait d'être canonisé. Mais, s’appuyant sur une lettre de 1127 où l’archevêque de Tours aurait cité le nom de Notre-Dame du Nid-de-Merle, le père Chardronnet estime qu’il s’agit là du tout premier nom du monastère. Lequel aurait perdu ce nom au fil des ans, au profit de ceux de Saint-Sulpice-des-Bois, puis de Saint-Sulpice-la-Forêt.
Une petite chapelle, voisine du monastère, est quant à elle dédiée à Notre-Dame. Elle est mentionnée en 1146. On l’appelle d’abord Sainte-Marie sur l’Étang, puis Notre-Dame sur l’Eau (nom que, reconstruite, elle porte aujourd'hui), et parfois « chapelle ducale ».
Autrefois, l’abbaye double formait un vaste ensemble, entouré de hautes murailles. Les deux cloîtres et la plupart des bâtiments conventuels ont disparu. Restent le transept de l’abbatiale du XIIe siècle, située au sud-est, et quelques bâtiments plus récents et souvent très dénaturés :
La propriété close couvrait une superficie de 50 journaux. Au nord de l’abbatiale, le grand bâtiment conventuel s'allongeait jusqu’aux cuisines, à l'ouest desquelles était l’infirmerie. Au nord-ouest de l’abbatiale, était le cloître des femmes. À l’ouest, étaient la cour des journaliers, leur réfectoire, le fournil et le pavillon des visiteurs. L’ensemble était fermé au sud par les appartements de l’abbesse, dans le prolongement de l’abbatiale. Plus au sud se trouvaient le moulin banal et les bâtiments de la ferme.
Le monastère d’hommes formait un vaste carré, entouré de douves, à 200 mètres de là, au lieu-dit « la Butte-aux-moines ». Aujourd’hui arasé, l’emplacement ne peut se discerner que d’avion.
L’abbatiale est un édifice singulier de l’architecture bretonne du XIIe siècle (peut-être du milieu du siècle, peut-être sous Conan IV), d’une perfection technique assez rare. La plus grande partie de ses vestiges, d’architecture romane, en grès, schiste et granite, est d’origine. De cette grande église, il reste essentiellement le transept.
La nef s’allonge à l’origine sur 33 mètres. Quand elle est ruinée par l’ouragan de 1616, on décide de la raccourcir de moitié : l’année suivante, un nouveau mur la ferme à l’ouest, tandis que le mur sud est refait en grande partie. Des murs d’origine, il ne subsiste à présent que la partie de ce mur sud qui est proche du transept.
Le transept est composé de trois carrés égaux : la croisée (carré central) et les deux croisillons (ou bras du transept), qui forment deux chapelles. Deux passages, dits « passages berrichons », permettent de circuler de la nef à ces chapelles latérales, sans passer par la croisée, protégée de cloisons, et réservée aux moniales. Ce sont les seuls exemples de passages berrichons en Bretagne, avec celui de l’église de Tremblay.
Le transept conserve ses quatre puissantes arcades en plein cintre à double archivolte, qui portaient le clocher. Leurs claveaux, de granite et de schiste en alternance, sont soigneusement appareillés. Elles reposent sur quatre piles carrées, aux angles renforcés de colonnes. Ces dernières prouvent l’existence, à l’origine, d’une voûte (les culots, témoins de l’existence d’un plancher, ne sont pas d’origine). Les huit chapiteaux de ces colonnes présentent des motifs variés, qui débordent parfois sur l’abaque (la partie supérieure du chapiteau) : crossettes, figures humaines, feuilles d’eau, billettes, grecques... Ces abaques se prolongent sur la pile, formant une corniche qui relie les chapiteaux et bague l’ensemble constitué de la pile et des colonnes. Ce type de motif ne se rencontre pas fréquemment.
Le « sanctuaire » comprend deux parties. Dans le carré du chœur proprement dit, autrefois voûté, se tenaient les moniales. L’abside, où se trouvait l’autel, a disparu. Les deux absidioles sont entièrement d’origine.
Dans le croisillon nord, subsistent des traces de polychromie très variées : sur la porte de la tourelle d’escalier ; ou dans l’absidiole, où se devinent bandeaux noirs, feuillages verts, fleurs rouges à cinq pétales.
Le croisillon sud est dédié, au Moyen Âge, à saint Jacques. Il garde la quasi-totalité de ses murs et toutes ses ouvertures. Sur le mur sud, la baie romane est remplacée au XVe siècle par une baie gothique.
Le croisillon sud est prolongé d’un bâtiment un peu plus long et un peu plus étroit que lui-même, faisant partie du plan d’origine, autrefois voûté, recouvert d’un toit en appentis. C’est une chapelle sépulcrale, dite chapelle Saint-Roul. C’est là que l’hagiographe breton Albert Le Grand dit avoir vu reposer les restes de Raoul de la Futaie et d’Aubert, les deux fondateurs de l’abbaye. Des fouilles ont en effet permis de retrouver deux sarcophages maçonnés, vides, pieds dirigés vers l’Orient, entourés de quantité de pièces de monnaie du XIIe au XVIIIe siècle. On entre dans cette chapelle par le croisillon sud, ce qui permet aux pèlerins d’accéder aux reliques — au contraire de Fontevraud, où la sépulture de Robert d'Arbrissel se trouve dans le chœur des moniales. Cette chapelle sert aujourd’hui de refuge d’hibernation à cinq espèces de chauves-souris, dont le grand murin. Une chapelle identique existait, en prolongement du croisillon nord. Elle accueillait probablement la sépulture des abbesses.