Accouchement à domicile - Définition

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Introduction

Une femme et son nouveau-né. Accouchement à domicile en 2005 à Londres

L'accouchement à domicile (AAD) est un accouchement ayant lieu au domicile de la femme Enceinte. Il se démarque des accouchements en maison de naissance et en plateau technique (maternité) par le fait que la mère accouche dans un environnement matériel et humain qui lui est familier, ce qui joue pour certaines femmes le rôle rassurant que la médicalisation peut jouer pour d'autres. Un accouchement à domicile est le plus souvent assisté par une sage-femme, parfois par un médecin. Il existe aussi des accouchements à domicile planifiés sans aucune assistance médicale, les accouchements non-assistés (ANA), et il arrive que des femmes qui n'y sont pas préparées fassent un accouchement non-assisté inopiné lorsqu'elles n'ont pu contacter à temps un praticien médical.

L'accouchement à domicile concerne 90% des naissances dans le monde. Dans les pays développés, l'accouchement à domicile a reculé au cours du XXe siècle, et en particulier après la Seconde Guerre mondiale, car l'accouchement à l'hôpital s'est généralisé sous l'influence des progrès techniques et des transformations sociales. Alors que l'accouchement à domicile est relativement répandu dans les pays d'Europe du Nord, dans les pays latins du Sud de l'Europe, et en particulier en France, cette pratique est souvent considérée comme archaïque et parfois dangereuse malgré les études qui montrent que sous certaines conditions, il n'augmente les risques ni pour la mère ni pour l'enfant. On constate néanmoins, y compris dans ces pays, un regain d'intérêt pour une moindre médicalisation dans le cadre de ce qu'on appelle l'accouchement naturel, témoignant du fait que cet événement est envisagé comme un événement familial et intime qu'il convient de préserver plutôt que comme l'objet d'une intervention médicale à haut risque.

Histoire

Les accouchements à domicile modernes n'ont rien à voir avec ceux pratiqués avant l'apparition de la pénicilline, des ocytociques et des techniques obstétricales modernes. Jusqu'au XXe siècle les risques liés à l'accouchement sont élevés : les conditions d'hygiène étaient sommaires, les grossesses étaient nombreuses, peu surveillées, mal respectées, et les femmes peu ou mal informées sur la grossesse et l'accouchement. D'après les registres notamment paroissiaux, le taux de mortalité maternelle est d'environ 20%. Pendant longtemps, l'accouchement ne fut pas considéré comme étant du ressort du médecin mais de l'accoucheuse, de la matrone ou de la sage-femme. La sage-femme ou le médecin (quand ils étaient présents) ne disposaient pas de moyens efficaces de surveillance avant et pendant le travail. L'absence de recours à l'échographie rendait plus aléatoires les Diagnostics de grossesse gémellaire, de présentation dystocique, de procidence du cordon ou de placenta praevia.

Par ailleurs, l'hôpital a longtemps été un lieu à haut risque en raison des infections nosocomiales qui pouvaient toucher les parturientes et les nouveau-nés. La situation évolue au cours du XIXe siècle avec les découvertes des microbes et de l'antisepsie. Ainsi c'est en constatant que les femmes accouchées par les sages-femmes meurent trois fois moins que celles accouchées par les médecins que le hongrois Ignace Semmelweis établit en 1847 que la fièvre puerpérale est en fait transmise depuis les salles d'autopsies par les mains des médecins. Cette observation conduira à la mise en place de règles d'hygiène qui transforment profondément l'image de l'hôpital non plus comme lieu de dernier recours mais comme véritable structure de soins organisée « cliniques ». Par ailleurs, les progrès des techniques médicales et l'invention de nombreux instruments assoient le statut de la médecine hospitalière qui s'organise en spécialités médicales, dont l'obstétrique.

Au cours de la première moitié du XXe siècle, les « maisons d'accouchement » des hôpitaux accueillent de plus en plus de femmes et non plus seulement les indigentes. Les techniques de césarienne gagnent en notoriété grâce aux antibiotiques et aux anesthésiques. Dans les années 1930, la profession des sages-femmes traverse une « crise identitaire » avant de s'institutionnaliser et d'intégrer majoritairement le corps hospitalier. En 1950, 45% des accouchements se font encore à domicile.

A partir des années 1960 en France, l'immense majorité des femmes des pays développés sont encouragées à accoucher à l'hôpital. Les raisons de cette campagne de santé publique sont diverses et pas toutes d'ordre strictement médical : aux réticences du personnel médical à pratiquer au domicile s'ajoutent les craintes liées aux transferts en urgence à l'hôpital. D'autres raisons plus sociales ont aussi eu leur rôle : la transformation du mode de vie et de l'habitat exaltent la modernité et certains courants féministes défendent cette médicalisation de l'accouchement vue comme une « prise de contrôle » par la femme de son corps au moyen de la technique.

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