Architecture stalinienne - Définition

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Vers un autre type d'architecture (1948-1955)

La volte-face de l'architecture stalinienne vers la construction en béton préfabriqué est généralement associée à l'administration de Krouchtchev et en particulier à son décret de novembre 1955 sur la « liquidation des excès. » Krouchtchev a effectivement mené une campagne d'économie des dépenses publiques mais celle-ci avait commencé dès 1948, alors que Staline était toujours en vie et au pouvoir. Le changement en faveur de la construction de masse est évidente dans les immeubles staliniens plus économiques comme celui du 7 Blochaïa Kaloushskaïa de Zholtovsky. Sa construction en maçonnerie ne procurait cependant qu'un gain assez marginal ; une révolution technologique était nécessaire. Entre 1948 et 1955, différents cabinets d'architecture établirent une colossale étude de faisabilité, mettant au point et testant de nouvelles technologies.

L'expérience « panneaux préfabriqués et ossature béton » (1948-1952)

Immeuble de Lagoutenko et Posokhine à Moscou, 1948-1952. Même si la construction semble être de la maçonnerie, il s'agit d'une peau de panneaux en béton préfabriqués

En 1947, l'ingénieur Vitaly Lagoutenko fut placé à la tête de l'expérimental Bureau de la construction industrielle, avec comme objectif d'étudier et de concevoir une technologie bon marché conforme à la production de masse. Lagoutenko concentra son attention sur de larges panneaux en béton préfabriqués. Il contacta les architectes de l'époque, Mikhaïl Posokhine (père) et Achot Mendoïants, et en 1948 cette équipe construisait leur premier immeuble à ossature recouverte de panneaux préfabriqués non loin de l'actuelle station de métro Polezhaevskaïa. Quatre immeubles identiques suivirent peu après ; des immeubles identiques furent construits entre 1949 et 1952 à travers tout le pays. Mais il s'agissait toujours d'une expérimentation, non suivies de capacités industrielles ou d'un calendrier de constructions accélérées. Posokhine avait aussi conçu plusieurs configurations pseudo-staliniennes sur un même immeuble, avec des effets décoratifs « excessifs » ; ceux-ci ne seront pas appliqués. Les ossatures en béton devinrent courantes pour la construction industrielle, mais restèrent trop onéreuses pour la construction de logements de masse.

Variations régionales

Ambassade soviétique (1952), Helsinki.

Les républiques nationales de l'URSS furent enjointes de développer leur propre style stalinien, avec plus ou moins de liberté. Quand les talents locaux faisaient défaut, des architectes russes y suppléaient (Chtchoussev dessina le théâtre orientalisant de Tachkent, etc.). On doit à Alexandre Tamanian, nommé architecte en chef d'Erevan, la variété arménienne du style stalinien. L'architecture stalinienne fut employée de 1948 à 1956 dans les démocraties populaires du bloc de l'Est d'après guerre, souvent après avoir étouffé une opposition interne moderniste. Parfois on put y déceler une certaine couleur locale, mais cette architecture était surtout vécue comme une importation soviétique.

Pologne

Palais de la culture de Varsovie

Le Palais de la culture de Varsovie de Lev Roudnev, présenté comme « cadeau du peuple soviétique », fut peut-être la plus controversée des exportations de l'architecture stalinienne. Cet imposant gratte-ciel qui reste encore aujourd'hui la huitième plus haute tour de l'Union européenne, domine entièrement la ville. Auparavant un essai néoclassique avait été tenté avec le boulevard MDM qui avait été entrepris en parallèle de la reconstruction à l'identique de la vieille ville. Le boulevard MDM est l'exemple type du style stalinien triomphant, avec de larges et généreuses proportions qu'on a souvent soupçonné d'être avant tout voulues pour faciliter les manœuvres des chars d'assaut. À la fin des années 1940, la ville nouvelle de Nowa Huta près de Cracovie fut aussi dessinée dans le style stalinien.

Allemagne de l'Est

Strausberger Platz, Berlin

Après la victoire soviétique sur l'Allemagne nazie, différents grandioses mémoriaux à la guerre furent construits à Berlin, dont un à Tiergarten (réutilisant du marbre pris de la Chancellerie d'Albert Speer) et un autre plus grand à Treptow. Le premier bâtiment stalinien important en Allemagne fut l'ambassade soviétique sur Unter den Linden. Ce bâtiment fut d'abord brocardé par les modernistes comme Hermann Henselmann. Jusqu'à 1948 environ, le projet d'urbanisme de Berlin-Est sous la direction de Hans Scharoun était de facture moderniste, comme par exemple les appartements en galerie qui constitue la première phase de la Stalinallee. Cependant le gouvernement condamna ces expérimentations et promut le style russe à la place, c'est pourquoi Henselmann et d'anciens modernistes comme Richard Paulickle furent obligés de dessiner le reste de la Stalinallee dans un style qualifié de zuckerbakerstil (grosse pâtisserie). D'autres monuments similaires, même s'ils sont moins grandioses, furent conçus dans d'autres villes, et notamment dans la ville nouvelle de Stalinstadt.

Roumanie, Bulgarie, Tchécoslovaquie et Hongrie

Le Largoto, ancienne maison du Parti, à Sofia

En Roumanie, des monuments importants comme la Casa Scânteii (Maison de la presse libre) ont été construits à la manière écrasante du style stalinien, ainsi que le complexe Largoto à Sofia en Bulgarie. Ces projets étaient tous conçus avant 1953, même si certains ont été terminés après sa mort. Il y a moins d'exemple en Tchécoslovaquie, bien que les architectes et théoriciens modernistes comme Karel Teige furent traqués, et que des statues de Staline furent dessinées, la plus importante d'entre elles se trouvant à Prague. En Hongrie, le style stalinien fut adopté dans la ville de Sztalinvaros. Comme en URSS, le modernisme fera son retour à partir du milieu des années 1950, même s'il y eut des exceptions dans les régimes les plus autoritaires : l'énorme Palais du Parlement à Bucarest constitue un exemple très tardif de Néoclassicisme voire d'architecture néostalinienne, commencé seulement en 1984 et terminé en 1990, peu de temps après la chute du régime de Nicolae Ceauşescu en 1989.

Ailleurs dans le monde

En Extrême-Orient on peut trouver des exemples en Corée du Nord et en Chine, par exemple le Centre des expositions de Shanghai, construit à l'origine comme un palais dédié à l'amitié sino-soviétique, et le restaurant Moscou à Pékin. Le style stalinien fut utilisé pour bâtir des ambassades soviétiques en dehors du bloc de l'Est, notamment celle d'Helsinki en Finlande. Le bâtiment, dessiné par l'architecte E.S. Grébenchthikov a quelques ressemblances avec Buckingham Palace à Londres ; ceci est dû, paraît-il, au goût que cultivait le ministre soviétique des Affaires extérieures d'alors, Viatcheslav Molotov, pour la résidence des monarques britanniques.

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