Architecture stalinienne - Définition

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Architecture stalinienne d'avant-guerre (1933-1941)

Style stalinien précoce (1933-1935)

Statue de style socialiste réaliste devant l'immeuble de d'Ilya Golossov

Les premières années de l'architecture stalinienne sont marquées par des bâtiments-objets ou, au moins, des projets d'un seul bloc. Constituer de vastes surfaces à Moscou se révélera finalement plus ardu que de raser des quartiers historiques. Les trois plus importants monuments de Moscou de cette période se tiennent sur la même place, tous bâtis entre 1931 et 1935, bien que chaque projet ait évolué indépendamment, avec un souci a minima de la composition d'ensemble (voir les photographies des films d'avant-guerre, 1936, 1938, 1939). Chacun est le paradigme d'une tendance qui va se ramifier durant les deux décennies suivantes :

  • l'immeuble de la rue Mokhovaya de Zholtovsky, une fantaisie italianisante renaissante, annonce les façades luxueuses qu'on verra après-guerre (le style impérial stalinien). Cependant sa taille reste dans les normes des bâtiments du XIXe siècle,
  • l'hôtel Moskva d'Alekseï Chtchoussev. Cette typologie de style ne sera pas très présent à Moscou (la tour au sommet du hall Tchaïkovsky ne sera jamais terminée), mais de grands édifices similaires vont voir le jour à Bakou et Kiev. Les minces arches romaines des balcons vont être très répandues à travers tout le pays dans les années 1930. Après la guerre elles persisteront dans les villes du sud mais disparaîtront complètement de Moscou,
  • et enfin le bâtiment du STO d'Arkady Langman (plus tard du Gosplan, aujourd'hui siège de la Douma) : un édifice modeste mais charmant avec des détails dans le sens de la hauteur. Ce style qui est une adaptation astucieuse de l'Art déco américain requérait des finitions onéreuses en pierre et en métal, son développement fut donc limité – la Maison des Soviets à Léningrad, terminée en 1941, et la rue Tverskaïa à Moscou.

Une branche à part, appelée Stalinisme précoce ou Postconstructivisme, se développa de 1932 à 1938. Elle constitue à la fois une adaptation simplifiée de l'Art déco (à travers des architectes comme Chtchouko et Iofane) et l'évolution du Constructivisme vers le Néoclassicisme (avec par exemple Ilya Golossov, Vladimir Vladimirov). Ces immeubles conservaient les formes simples rectangulaires et les larges surfaces vitrées du Constructivisme, mais avec des balcons, des portiques et des colonnes ornés (souvent les colonnes sont fines et à section carrée). Dès 1938 ce style s'éteint et ne connaîtra pas de regain après la guerre.

Plan d'urbanisme de Moscou (1935)

Les projets de monuments isolés menaçaient de devenir un bric-à-brac de bâtiments de tous styles et toutes tailles. En juillet 1935 l'État évalua la situation et finalement promulgua un décret sur le plan d'urbanisme de Moscou. Ce plan, entre autres choses, indiquait clairement quelques directions urbanistiques voulues par Staline :

  • les nouveaux aménagements devaient procéder par tranches de grands ensembles, et non par bâtiments isolés,
  • la taille des îlots devait augmenter, passant d'une surface d'environ 1,5 à 2 ha à une surface de 9 à 15 ha,
  • les nouveaux aménagements devaient se limiter à une densité de 400 habitants par hectare,
  • les immeubles devaient avoir au moins 6 étages ; de 7, 10 à 14 étages sur les grands axes prestigieux,
  • les quais étaient des axes de prestige réservés aux habitations de haut standing et aux bureaux.

Ce règlement bannissait de fait les constructions de masse bon marché dans la vieille ville et les axes prestigieux, de même que les maisons individuelles familiales. Le développement des ensembles bon marché va se faire dans des zones excentrées, mais la plupart des fonds vont satisfaire en priorité les projets résidentiels neufs et onéreux qui plaçaient la façades et la pompe avant les besoins triviaux de ces villes surpeuplés.

Canal de Moscou (1932-1938)

Avenues de Moscou (1938-1941)

Les tours jumelles de Rosenfeld à Dorogomilovo ; achèvement en 1946 du plan d'urbanisme de 1938-1941

À la fin des années 1930, l'industrie de la construction avait suffisamment d'expérience pour construire de vastes aménagements urbains sur plusieurs îlots – bien que tous fussent à Moscou. Les trois projets les plus importants furent :

  • rue Gorky (Tverskaïa) où Arkady Mordvinov testa ce qu'on a appelé la méthode en flux gérant en parallèle plusieurs chantiers à différents stades d'avancement. De 1937 à 1939, Mordvinov acheva le reconstruction de la tranche centrale de la rue Gorky au boulevard circulaire (avec quelques exceptions comme le quartier du Mossovet),
  • Dorogomilovo (dont une partie de l'actuelle perspective Kutuzovsky). À la différence des rangées uniformes et serrées des immeubles de la rue Gorky, la route de Dorogomilovo fut bordée d'immeubles fort variés avec des respirations entre eux. Ce fut une tranche expérimentale pour Bourov, Rosenfeld et d'autres architectes montants. Ces bâtiments ne furent pas aussi minutieusement bâtis que sur Tverskaïa, et les planchers et les cloisons en bois, les extérieurs en stuc vont finalement faire augmenter les coûts d'entretien. Pourtant c'est ici que va naître le style impérial stalinien, dans sa forme la plus claire,
  • Bolshaya Kaluzhskaya (aujourd'hui perspective Léninsky), une opération immobilière similaire de grands ensembles standards en périphérie à l'est du parc Gorki.
Le pavillon Cosmos aujourd'hui est un des originaux de 1939 remanié dans les années 1950. La fusée a remplacé le visage de Staline (d'à peu près la même taille).

Foire agricole de l'Union soviétique (1939)

En 1936 le lieu d'exposition de la foire agricole annuelle déménagea sur un site libre au nord de Moscou. Dès le 1er août 1939, plus de 250 pavillons étaient construits sur un terrain de 1,36 km². L'Ouvrier et la Kolkhozienne, la statue monumentale de Vera Moukhina surmontant le pavillon soviétique de l'Exposition de Paris, fut reconstruite à l'entrée du site. Des pavillons furent créés dans les différents styles des républiques soviétiques et des régions ; une petite promenade dans ce parc permettait de faire le tour de cet immense pays. Le pavillon central de Vladimir Chtchouko se basait en partie sur les dessins de Zholtovsky pour le projet avorté du palais des Soviets de 1932. Contrairement aux autres édifices « nationaux », il n'a pas survécu (le portail central et les pavillons principaux ont été reconstruits au début des années 1950).

Les pavillons de 1939 ayant survécu sont les dernières et uniques traces de la propagande monumentale de Staline sur leur site d'origine. Ces objets de propagandes n'étaient pas conçus pour durer (comme le Hall des trophées de guerre de Chtchoussev dans le parc Gorky), certains ont été abattus en 1956 lors de la déstalinisation, d'autres sont tout simplement tombés en ruine.

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