Un avion bombardier d'eau (ABE) est un avion utilisé pour la lutte contre les feux de forêts.
L'avion bombardier d'eau A.B.E. peut larguer de l'eau, nature ou bien additionnée de « retardant », un produit coloré (rouge) qui revêt la végétation d'une pellicule ignifuge. Par météo défavorable (température ambiante élevée, vitesse du vent supérieure à 20 nœuds, teneur en eau du sol inférieure à 30 millimètres), très souvent présente en saison estivale, quelquefois dès le printemps ou prolongée en automne, les A.B.E. peuvent exercer une veille aérienne, soutes pleines, à titre préventif (on parle en France de « guet aérien armé », G.A.AR.).
En mission de G.A.AR., l'A.B.E. suit un circuit préétabli, survolant les zones à risque, pour surveiller tout signe d'apparition ou de développement d'un incendie. S'il en détecte un (flamme ou fumée, annonciateurs avec probabilité élevée d'un feu naissant), il informe sa base et il effectue un largage, dont le but est d'essayer de « tuer » le feu avant son extension. Il a donc un double rôle de détection et d'action significative à délai minimum contre les éclosions.
Durant leur parcours les avions du G.A.AR. peuvent être appelés à traiter des feux récemment établis:
Le G.A.AR. et sa conséquence logique (abandon de l'ancienne doctrine selon laquelle les moyens aériens ne doivent être utilisés "qu'en présence de troupes au sol") ont été officiellement proposés comme nouvelle méthode de lutte contre les feux de forêt par le capitaine de vaisseau E. Cucchi, commandant le Bataillon de marins-pompiers de Marseille, dans les rapports « feux de forêt » numéro 2200 IDSIS du 03/09/1979 et numéro 3362 du 24/11/1980, adressés à M. le Préfet de la Région PACA, Préfet des Bouches du Rhône, cabinet DDSC.
Ils ont été développés et commentés dans le quotidien « Le Monde » du 29/07/86, page neuf, sous le titre « Mieux utiliser les bombardiers d'eau »,ainsi que dans la « Revue générale de sécurité » aujourd'hui disparue, numéros 25 (Juillet 1983), 65 (Juillet 1987) et 77 ( Octobre 1988).
Les premiers bombardiers d'eau ont été les Catalina (surnom anglais) ; ces appareils étaient au départ des hydravions bombardiers-patrouilleurs militaires créés au milieu des années 1930, pour la lutte anti-sous-marine, les patrouilles côtières et le sauvetage maritime. Produits par le constructeur Consolidated, puis Convair (surnom canadien : Canso), certains d'entre eux furent transformés en bombardiers d'eau après la Seconde Guerre mondiale. Puis, la société Canadian Vickers les reconditionna en modèle 28-5 (devenu Canadair), relancé pour servir la RCAF puis pour cet usage spécifique. De fait ils ont été les précurseurs du Canadair CL-215.
Les ABE les plus connus sont ceux de la marque Canadair (constructeur Bombardier), souvent surnommés « pélican » en raison de leur forme. Ce sont des hydravions qui emplissent leurs soutes en vol rasant sur les plans d'eau. Deux modèles sont en service, le CL-215 et le CL-415 ; le CL-415 emporte 6 100 litres.
Par sa capacité de largage de six tonnes, significative mais qui lui conserve une bonne maniabilité, son caractère amphibie qui permet une source d'approvisionnement marine ou lacustre toujours proche, une durée de remplissage des soutes de l'ordre de 9 à 12 secondes, le CL-415 présente actuellement le compromis optimum entre la capacité d'emport, la fréquence et la précision des largages qui conditionnent l'efficacité de la lutte contre les éclosions ou les feux établis. Cette polyvalence rend hautement souhaitable sa présence majoritaire (ou celle d'un aéronef équivalent) dans toute force aérienne rationnelle, nationale ou européenne, de lutte contre les feux de forêt.
Sont également utilisés, ou ont été utilisés :
Certains constructeurs travaillent sur un ULM bombardier d'eau (UBE), d'une capacité d'environ 250 litres.