La basilique de la Panaghia Katapoliani ou basilique de la Panaghia Ekatontapyliani (en grec moderne : Παναγία Καταπολιανή ou Παναγία Εκατονταπυλιανή) située à Parikiá, port et ville principale de Paros, est le plus grand sanctuaire paléochrétien des Cyclades et le troisième plus grand de Grèce. Sa fondation remonte au IVe siècle et le bâtiment actuel date du VIe siècle.
L'ensemble architectural est ceint d'un mur long de plus de deux cents mètres dont une partie est constituée de bâtiments annexes abritant divers services et bureaux, comme ceux de l'évêché de Paronaxia qui regroupe Paros et sa voisine Naxos. L'église principale (40 m sur 25 m) est flanquée du plus vieux et du mieux préservé des baptistères de l'Orient chrétien (IVe siècle) et elle est adossée à la plus ancienne église de l'île, elle aussi du IVe siècle, transformée en chapelle.
La gestion du monument historique dépend du second éphorat des antiquités byzantines (Attique et Cyclades).
Après les églises d'Aghios Dimitrios et d'Acheiropoetos de Thessalonique, la Panaghia Katapoliani est le troisième plus grand sanctuaire paléochrétien de Grèce. L'édifice le plus ancien du complexe, la chapelle Saint-Nicolas, est datée de 313-326, le baptistère est lui aussi du IVe siècle et le bâtiment principal du VIe siècle.
La basilique est désignée par deux noms concurrents. Outre « Katapoliani » (« en dehors de la ville », « dans la ville basse » ou « vers la ville »), est aussi le plus souvent attesté « Ekatontapyliani » (ou parfois « Ekatondapyliani ») c'est-à-dire « aux cent portes ». Les deux noms renvoient à deux réalités et deux façons différentes d'appréhender le sanctuaire. « Katapoliani » se rencontre pour la première fois dans un texte du duc de Naxos Giovanni IV Crispo, daté de 1562. Le terme est une description de sa localisation : « kata » (« en dehors », « vers ») « polis » (« la ville ») : le complexe se situait alors en dehors de la ville médiévale, en direction de la ville antique. « Ekatontapyliani » est attesté pour la première fois dans un texte du patriarche œcuménique de Constantinople Theoleptos II, en 1586. Il rappelle la légende millénariste attachée à la basilique dite aux cents portes : « hekaton » (« cent ») « pylos » (« porte ») : lorsque la centième porte sera ouverte, Constantinople sera reconquise.
Les deux noms ont autant de valeur historique et linguistique. Ils apparaissent d'ailleurs à peu près au même moment. Aucun ne peut réclamer une prééminence. Longtemps, « Ekatontapyliani » fut rejeté, considéré comme une création tardive d'érudits patriotes (ou nationalistes) du XVIIe ou XVIIIe siècle faisant référence à la Thèbes égyptienne dite aux cent portes. Il pourrait même être probable que les deux noms renvoient à deux éléments distincts du complexe. La première petite église dédiée à la Dormition de la Vierge au IVe siècle aurait dès ce moment été appelée « Katapoliani » (« vers la ville antique »), tandis que la grande église du VIe siècle aurait impressionné par sa taille et aurait été surnommée dès ce moment « aux cent portes ». Les noms auraient ensuite été réactivés : la basilique est « hors de la ville » au Moyen Âge et Constantinople était sous le joug ottoman.
Trois légendes principales, sans réelle originalité puisque des équivalents courent sur d'autres bâtiments ailleurs dans le monde, entourent la basilique de la Panaghia Katapoliani.
Une première légende raconte qu'Hélène, mère de l'empereur romain Constantin se serait arrêtée sur l'île à cause d'une tempête alors qu'elle se rendait à Jérusalem pour y retrouver la Vraie Croix. Elle aurait prié dans la petite église de la Dormition de la Vierge (de nos jours la chapelle Saint-Nicolas dans la basilique) pour le succès de son entreprise et promis de construire une grande basilique dédiée à la Vierge si elle réussissait. Elle ne put tenir sa promesse avant sa mort en 328. Ce fut donc Constantin qui fit construire, à côté de la petite église, la grande basilique.
La Panaghia Ekatontapyliani aurait, selon une légende attestée dès le XVe siècle et le début de la domination ottomane, quatre-vingt-dix-neuf portes visibles. La centième serait dissimulée et ne se révélerait (et ne s'ouvrirait) que lors de la reconquête de Constantinople.
Une troisième légende évoque la construction de la basilique à l'époque justinienne. L'architecte choisi par l'empereur aurait été un dénommé Ignatius, élève de l'architecte de Sainte-Sophie à Constantinople (mais Isidore de Milet ou Anthémius de Tralles ne sont pas ouvertement cités). Fier de son œuvre, Ignatius aurait invité son maître à admirer son travail. Celui-ci, jaloux de la réussite de son élève, lui aurait signalé un léger défaut, visible depuis une des galeries du narthex. Une fois en haut, l'élève penché pour essayer de voir l'imperfection, le maître l'aurait poussé dans le vide. Cependant, Ignatius l'aurait entraîné dans sa chute et les deux hommes se seraient écrasés juste devant l'entrée de l'église. Lors de l'installation d'un portail baroque sur la façade au XVIIIe siècle, la base d'une des colonnes était sculptée de deux figures grotesques évoquant cette légende. La réfection des années 1960 a enlevé cette façade, mais le portail est toujours visible dans l'arrière-cour de la basilique, posé contre un mur.
Enfin, une quatrième légende, moins courante, attribue la construction de la basilique au seul Justinien, au VIe siècle Il aurait décidé, afin de raffermir la foi vacillante des habitants des îles, soumis à des attaques incessantes de pirates, de leur construire une grande église au cœur des Cyclades. Les fouilles ont prouvé que les bâtiments religieux sont plus anciens et à l'époque de Justinien, les îles n'étaient pas encore la proie des pirates.
Les travaux des archéologues ont effectivement mis au jour les restes d'un premier bâtiment remontant au IVe siècle, en plus de la chapelle Saint-Nicolas et du baptistère. L'église principale, quant à elle, remonte au VIe siècle, à l'époque de Justinien. Sa construction fut certainement rendue nécessaire par la destruction, vraisemblablement par le feu, de l'église constantinienne. L'ensemble architectural aurait subi des déprédations lors des diverses invasions ou raids des siècles postérieurs : Vénitiens (XIIIe siècle) et Ottomans sont principalement blâmés (1537 et 1566). Du temps du duché de Naxos et donc de la domination « latine » sur les Cyclades, la basilique resta au culte orthodoxe et ne fut pas appropriée par le culte catholique. Le bâtiment fut enclos au XVIIe siècle par une enceinte dont trois des côtés servent aux cellules des moines. Lors d'un tremblement de terre en 1773, les voûtes nord et ouest, ainsi que le dôme principal, furent endommagés. La restauration fut financée par Nikólaos Mavrogénis, hospodar de Valachie et natif de Paros. Une nouvelle façade de style baroque fut posée et trois beffrois furent construits. De même, de nombreuses fenêtres furent bouchées afin d'augmenter la solidité des murs. Les fenêtres restantes ont aussi été remaniées : le marbre trop lourd a été remplacé par du bois. La basilique a subi une longue restauration aux débuts des années 1960 sous la direction du professeur Anastassios Orlandos. Le financement principal vint de l'État grec, grâce au ministre adjoint des finances de l'époque, Dimitris Aliprantis, né sur Paros. Le professeur Orlandos débarrassa la basilique de tous les ajouts postérieurs à l'époque justinienne, même le chaulage qui ne remontait qu'au XVIIIe siècle, afin de lui faire retrouver son aspect originel.