Pour caractériser l'écoulement, on utilise dès lors la distribution de temps de séjour qui est une approche statistique. En effet, on considère un élément du fluide à son entrée dans le réacteur et on mesure le temps que ce dernier met pour atteindre la sortie. Si on répète l'expérience ou on considère plusieurs éléments en même temps, on constatera que les résultats ne sont pas identiques. Les causes principales de cette différence est l'existence de zones stagnantes ou de court-circuits dans l'installation étudiée. On peut dès lors établir une distribution des temps de séjour, le plus souvent représentée par une distribution de fréquences appelée habituellement E. Pour ce faire, quatre hypothèses sont posées:
Dans ces conditions, la fonction E rapporte l'âge des éléments qui quittent le réacteur à un moment donné. La dimension E(t) correspond ainsi à une fraction du flux total ayant un certain âge par unité de temps.
La fraction du fluide qui séjourne durant un intervalle de temps donné dans le système est donné par la valeur E(t)•Δt (cf. Figure 1).
Les relations suivantes peuvent être définies:
La moyenne de la distribution, qui correspond à la moyenne des temps de séjour, est donnée par le premier moment de la distribution
La moyenne des temps de séjour est égale au temps de passage si la densité du système est constante
Les moments centrés d'ordre supérieur à 1 fournissent des informations non-négligeables sur le comportement de la fonction E(t). Par exemple, le moment centré d'ordre 2 indique la dispersion autour de la moyenne, c.-à-d. la variance.
Le moment centré d'ordre 3 indique l'asymétrie de la fonction E(t) et celui d'ordre 4 l'aplatissement de cette dernière.
On peut également définir une distribution d'âge interne, nommée I(t), pour le contenu du réacteur. Cette valeur possède la même définition que E(t): il s'agit de la fraction du flux total au sein du réacteur ayant un certain âge par unité de temps. La relation qui relie E(t) et I(t) est donnée par
Les réacteurs réels présentent des déviations plus ou moins importantes par rapport aux modèles. Ceci peut poser des problèmes pour le dimensionnement des réacteurs ou l'optimisation des conditions opératoires. Pour identifier ces déviations, une comparaison de la distribution de temps de séjour d'un réacteur avec les modèles est nécessaire et permet de définir les modifications à apporter pour corriger la non-idéalité ou pour apporter un facteur de correction pour les calculs de dimensionnement.
On distingue 2 grandes causes de déviations: les zones mortes, espaces du réacteur dont le contenu ne se mélange pas ou très peu avec le flux traversant le réacteur, et les court-circuits, canaux ou chemins qui permettent au flux de traverser le réacteur sans se mélanger au contenu du réacteur.
Dans un cas idéal avec un liquide incompressible, le temps de passage τ est défini par la relation habituelle
Ceci permet de définir les différentes courbes caractéristiques d'une impulsion par les équation suivantes
Dans le cas d'un court-circuit, une partie du traceur ne se mélange pas avec le mélange réactionnel présent en début d'expérience dans le réacteur et est directement évacuée vers la sortie. On peut représenter ce problème par une division du flux d'entrée en 2 parties: une entrant dans le réacteur et se mélangeant au contenu de ce dernier, la seconde étant directement déviée vers le flux de sortie sans passer dans le réacteur.
Le temps de passage sera donc plus grand que celui d'un réacteur idéal et la fonction E(t) diminuera moins rapidement que dans le cas du réacteur idéal. La fonction E(t) peut être modélisée par l'équation suivante qui intègre le court-circuit comme étant un tube parallèle au réacteur et qui peut être représenter comme un réacteur tubulaire.
On constate pour la fonction F(t) un seuil qui est formé par le court-circuit.
Dans le cas d'un volume mort, le volume réel de mélange dans le réacteur est réduit par rapport au cas idéal: il s'agit de zones où la circulation induite par mouvement de l'agitateur est nulle. Pratiquement ces zones ne participent pas au mélange et sont considérées comme mortes.
Le temps de passage sera donc plus petit que celui d'un réacteur idéal et la fonction E(t) diminuera plus rapidement que dans le cas du réacteur idéal.
Théoriquement le réacteur tubulaire ne modifie pas le signal, il ne fait que le retarder.