Elizabeth Spelke, née le 28 mai 1949, est une spécialiste américaine de la psychologie comportementale.
Elle est professeur de psychologie à l'université Harvard.
Après avoir obtenu son doctorat sous la direction d'Eleanor Gibson à l'université Cornell, elle enseigna à l'université de Pennsylvanie, au département de Brain & Cognitive Sciences du Massachusetts Institute of Technology et accepta un poste à l'université Harvard en 2001.
Ses recherches portent sur le développement et la nature d'une petite collection de systèmes cognitifs qui constituraient, dès les premiers mois de la vie, les principaux éléments de la connaissance non langagière.
Spelke étudie ces capacités cognitives à travers une recherche sur leur origine et développement chez le bébé et le jeune enfant, s'intéressant aux similarités et distinctions entre ces capacités chez l'humain et les primates non humains.
Constatant une apparente contradiction entre l'observation selon laquelle un certain nombre de systèmes de connaissances sont partagés par l'homme et les animaux d'une part, et du constat que seul l'homme semble pouvoir combiner ces différentes connaissances de l'autre, elle suggère que cette asymétrie peut se résoudre si l'on tient compte des propriétés combinatoires de la faculté de langage, qui est unique à l'homme.
Elle suggère que notre capacité à assembler librement des pensées dérive des propriétés de la faculté de langage qui sert a combiner les propriétés auparavant encapsulées - et que la puissance combinatoire du langage naturel laisse davantage d'espace pour les choix qui ne sont pas contraints par notre évolution.
S'appuyant sur les méthodes spécifiques (le paradigme d'habituation et de réaction à l'évenement impossible) aux recherches sur le nourrisson, Spelke s'oppose au constructivisme de Piaget selon lequel l'enfant n'acquiert des connaissances que par le biais de raisonnements à partir d'une capacité d'apprentissage générale. Elle développe en particulier des méthodes expérimentales basées mettant en valeur le rôle de nos capacités sensorielles influencées par le travail de Jérome Kagan.
Développant l'hypothèse[citation nécessaire] d'une modularité de l'esprit, Elizabeth Spelke propose en effet l'idée que le raisonnement de l'enfant prend appui sur une petite collections de systèmes de principes innés, précocement établis et rigides.
Ces systèmes de connaissance applicables à des tâches particulières et à des domaines spécifiques sont appelés les « connaissances noyaux » ; leur identification et étude constitue le point central des travaux d'Elizabeth Spelke.
Ces travaux ont montré en particulier que les mathématiques reposent sur deux systèmes initiaux mettant respectivement en jeu un système dédié aux petits nombres (jusqu'à trois) et un système au-delà de trois.
Spelke montre par ailleurs que l'humain possède une capacité à représenter l'espace à travers un système qui servira de base au développement de la géométrie.
S'intéressant au domaine de la compréhension du monde physique, Spelke montre que le bébé comprend les contraintes qui limitent le déplacement d'un objet dans l'espace et dans le temps. Un objet a une unité même s'il est partiellement caché. Le nourrisson est capable d'inférer la partie manquante à condition que l'objet bouge derrière le cache mais et non s'il est stable.
Elle découvre également que le bébé comprend, dès deux mois, qu'un objet ne peut en traverser un autre ou que deux objets ne peuvent pas occuper la même place en même temps.
Le nourrisson comprend par ailleurs qu'un objet ne peut se mouvoir que si un autre objet le contacte et que ce principe est spécifique aux objets et ne s'applique pas aux individus.
Spelke montre que les bébés comprennent que les déplacements et les actions des humains sont sous-tendus par un but, une intention, mais pas les objets.
Ses travaux plus récents abordent la capacité à émettre des jugements à propos d'autres humains et à propos d'autres groupes sociaux.
Spelke montre ici que le bébé — qui s'assimile de lui-même à groupe, comme l'adulte —, fait des catégories et privilégie les personnes qui s'adressent à lui dans sa langue maternelle/dans son babil, indépendamment de la couleur de la peau ou de toute autre caractéristique.