Le terme "Facteur 4" est utilisé en France avec un sens différent de celui défini dans les années 1990 par les experts du Club de Rome. Il y qualifie maintenant l'engagement pris en 2003 devant la scène internationale par le Chef de l'État et le Premier ministre de diviser par 4 les émissions nationales de gaz à effet de serre d'ici 2050. Cet objectif traduit l'effort que les pays industrialisés doivent accomplir ensemble pour que les émissions actuelles soient divisées par 2 au niveau de la planète (les pays en développement ne pouvant faire autrement que d'augmenter leurs niveaux actuels d'émission), les ramenant ainsi de plus de 7 milliards de tonnes d'équivalent carbone (MdteqC) à 3,7 milliards de tonnes d'équivalent carbone, ce qui correspond à la capacité maximale annuelle d'absorption par les océans et la biosphère. Ceci implique d'engager immédiatement des efforts conséquents pour réussir à réduire de 75 % les émissions totales de gaz à effet de serre de la nation en moins de cinquante ans. Le Grenelle de l'environnement a confirmé ces objectifs et proposé de nombreuses pistes de mises en œuvre.
Application du "Facteur 4" en France : La situation géographique de la France (partie sud notamment) l'expose plus au réchauffement que nombre des pays voisins. La canicule estivale de 2003 a causé 15 000 pertes humaines en quelques semaines. Le bilan le plus lourd en Europe a été atteint en Italie avec plus de 25 000 personnes. Ceci montre le danger que constitue le réchauffement minimal de 1 à 2,5°C et un éventuel réchauffement de 6°C, qui aurait des conséquences climatiques, environnementales et humaines catastrophiques. A titre d'illustration : entre la valeur de la température moyenne du globe lors de la dernière glaciation, il y a 20 000 ans, et la température actuelle, l'écart n'a été que de 4 à 6°C.
La France vise à diviser par quatre d’ici 2050 ses émissions. Cet objectif a été successivement inscrit dans sa « Stratégie nationale de développement durable » en juin 2003, dans son « Plan climat » de juillet 2004 puis dans la « Loi de programme fixant les orientations de sa politique énergétique » en juillet 2005, avec confirmation en 2007 dans le Grenelle de l'environnement.
Réaliser le "Facteur 4" consiste, en d'autres termes en France, à réduire de 75 % en 45 ans (soit 3 points par an d'ici 2050) les émissions de gaz à effet de serre du pays.
Deux grands secteurs en France ne sont pas encore parvenus à faire décroître leurs émissions : le secteur des transports (très dépendant des hydrocarbures, avec une aggravation liée à la périurbanisation) et celui du bâtiment, notamment du fait de la croissance continue du parc bâti, et de l'apparition régulière d'usages énergétiques nouveaux (ordinateur, sèche-linge, climatiseur, grands écrans plats, veilles..) et en raison du nombre globalement croissant d'appareils électriques ou consommant une énergie fossile.
Si les solutions sont plus difficiles à identifier dans le secteur des transports, celui du bâtiment semble déjà constituer une des clés pour ce défi environnemental, car il offre d'importantes possibilités d'évolutions à court et moyen terme.
L'ensemble des réflexions issues des partisans du Club de Rome visaient à assurer aux hommes du XXIe siècle un niveau de vie correct, sans épuiser les ressources limitées de la Terre. Il s'agit, en principe, de produire davantage à échelle mondiale, tout en consommant beaucoup moins de ressources. Pour ce faire, il faut multiplier l'efficience écologique de l'utilisation actuelle d'énergie et de ressources.
Selon ses auteurs, les technologies existent, mais il faut les développer et les diffuser pour limiter l'appel aux ressources pas, peu, difficilement ou coûteusement renouvelables, et notamment utiliser moins d'eau, d'énergie ou de matières premières pour une production ou un service et bien-être équivalent à ceux permis par des produits, techniques ou services antérieurs.
Autrement dit, le 'consommateur final' ne verra pas de différence entre les deux produits, seul le 'mode de production' du dit produit aura changé. Le terme 'mode de production' lui-même doit être pris au sens (très) large du terme, comme la production d'énergie, de biens, de services, etc. À titre d'exemple, on peut ainsi améliorer la méthode de production d'énergie qui sera utilisée dans une voiture (que ce soit du pétrole, du gaz, de l'essence, de l'hydrogène, etc.), on peut améliorer les méthodes et moyens de production de cette voiture (procédés industriels, prise en compte du cycle de vie de la voiture, en particulier son recyclage en fin de vie), et les services qu'elle rend (souplesse de conduite, consommation aux 100km, coût d'utilisation), sans que le consommateur final ne voit de différences notables entre la voiture 'normale' et la voiture 'facteur 4'.
L'origine du terme facteur 4 est l'objectif fixé lui-même : il faut améliorer d'un facteur 4 les modes de productions en multipliant par 4 l'efficience des modes de productions, c'est-à-dire produire autant de richesse en utilisant quatre fois moins de matières premières et d'énergie.