Georges Dumézil - Définition

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Introduction

Envoi autographe de Georges Dumézil à Maurice Halbwachs.
Fonds Maurice Halbwachs de la Bibliothèque de sciences humaines et sociales Paris Descartes-CNRS

Georges Dumézil, né à Paris le 4 mars 1898, mort à Paris le 11 octobre 1986, est un comparatiste, philologue et académicien. Son travail sur les sociétés et les religions indo-européennes, qui fait toujours l'objet de travaux d'approfondissement et de controverses, a ouvert de nouvelles perspectives à de nombreux chercheurs en sciences humaines.

Par l'étude comparative exacte et directe des textes les plus anciens des mythologies et des religions des peuples indo-européens (il maniait une trentaine de langues), il a démontré que beaucoup de ces récits étaient organisés selon des structures narratives semblables et que ces mythes traduisaient une conception de la société organisée selon trois fonctions : la fonction du sacré et de la souveraineté ; la fonction guerrière ; la fonction de production et de reproduction (cf. infra). Cette organisation en trois fonctions se retrouve aussi bien dans la mythologie, dans des récits fondateurs comme ceux de la Rome antique, que dans des institutions sociales : castes indiennes, division de la société d'Ancien Régime en clergé, noblesse et tiers état.

Dumézil s'est aussi intéressé aux langues et récits traditionnels des peuples d'Asie centrale.

Biographie

Ascendance

Son grand-père Pierre, artisan tonnelier à Bayon (Gironde), envoie au lycée son fils Jean Anatole Dumézil, qui se passionne pour les langues étrangères et le latin et devient général. Jean Dumézil transmet sa passion pour le latin à son fils, capable, à neuf ans, de lire L’Énéide dans le texte, et apprenant également le grec ancien et l'allemand.

Scolarité primaire et secondaire

Georges Dumézil étudie dans différents lycées, suivant son père au gré de ses différentes affectations. Il effectue sa khâgne au lycée Louis-le-Grand, à Paris. Il rencontre alors le grand philologue Michel Bréal (mort en 1915), traducteur de l'œuvre de Franz Bopp, fondateur de la grammaire comparée et auteur d'ouvrages sur le vocabulaire des langues indo-européennes. Celui-ci le recommande à son successeur Antoine Meillet, un autre grand linguiste, et lui donne son dictionnaire sanskrit-français. Avant d'être reçu à l'École normale supérieure en 1916, Dumézil apprend l'arabe et le sanskrit.

En sortant du lycée, il connaît donc six langues, dont trois langues anciennes.

Vie universitaire

Il est reçu premier au concours d'admission à l'École normale supérieure en 1916, à l'âge de dix-huit ans. Ses études sont interrompues par sa mobilisation en tant qu'officier d'artillerie, de mars 1917 à février 1919. Au mois d'octobre, il est agrégé de lettres classiques. Il enseigne quelques mois à Beauvais puis, en janvier 1921, part comme lecteur de français à l'université de Varsovie. En 1922, il rentre en France pour commencer ses deux thèses d'histoire des religions et de mythologie comparée, sous la direction d'Antoine Meillet.

Dumézil les soutient en avril 1924. La première, intitulée Le Festin d'immortalité. Étude de mythologie comparée indo-européenne, porte sur la comparaison entre l'ambroisie et une boisson mythologique indienne au nom et aux caractéristiques similaires, l’amrtâ. Il ne se limite cependant pas à la comparaison de deux religions : il y intègre des éléments de nombreuses mythologies indo-européennes. On lui reproche alors de prendre trop de libertés avec les faits pour raconter une plus belle histoire ; c'est d'ailleurs une critique de son œuvre que certains font toujours. Dans sa thèse, en l'absence de boisson d'immortalité en Scandinavie, il promeut la bière à ce rang, ce qui est reconnu (par lui-même) comme une erreur. La seconde s'intitule Le Crime des Lemniennes. Rites et Légendes du monde égéen.

En 1925, il part pour la Turquie et y enseigne l'histoire des religions à l'université d'Istanbul, créée par Atatürk, qui avait voulu la création de cette chaire d'histoire religieuse. Il y apprend le turc, voyage dans le Caucase et en Russie, et découvre notamment la langue et la mythologie ossètes, seule langue indo-européenne du Caucase. Il étudie également la langue des Oubykh, peuple caucasien vaincu par les Russes entre 1860 et 1870, et réfugiés dans l'Ouest de la Turquie, ainsi que le tcherkesse et l'abkhaze. Le fonds d'ouvrages qu'il rapporte de ces voyages est un des plus importants de caucasologie en Occident (voir Bibliothèque interuniversitaire des langues orientales).

En 1931, il obtient un poste de lecteur de français à l'université d'Uppsala, en Suède. Il y parfait sa connaissance de la mythologie scandinave, et en profite pour apprendre une nouvelle langue. Il quitte ce poste en 1933 et obtient, grâce à la protection de l'indianiste Sylvain Lévi, un poste de chargé de conférences en sciences religieuses. Il est ensuite nommé « directeur d’étude comparative des religions des peuples indo-européens » à la Ve section de l'École pratique des hautes études. Il suit également des cours de sinologie donnés par Marcel Granet, rédige des articles nationalistes sous le pseudonyme de Georges Marcenay et fréquente Marcel Mauss. En 1938, il écrit Jupiter Mars Quirinus, où il élabore pour la première fois sa théorie des trois fonctions.

En 1941, il est expulsé de l'enseignement pour franc-maçonnerie. Il bénéficie alors de la protection du Père Dabosville, directeur de l'école Saint Martin de France à Pontoise, qui le prend comme enseignant en latin et en grec. Il y a comme élève Jean-Marc Varaut, futur ténor du barreau de Paris. Il réintègre l'université l'année suivante après l'intervention de Jérôme Carcopino. Il enseigne au Collège de France, de 1949 à 1968, à la chaire des civilisations indo-européennes créée pour lui.

Il prend alors sa retraite mais, pendant trois ans, il continue de donner des conférences aux États-Unis, aux universités de Princeton, Chicago et Los Angeles. Il entreprend alors un travail de compilation de son œuvre. Il publie ainsi les trois volumes de Mythe et Épopée en 1968, 1971 et 1973. En 1970, il est élu à l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Il entre à l'Académie française en 1978.

De 1952 à 1972, il voyage fréquemment dans le Caucase pour y étudier les langues et les mythologies.

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