Histoire de la Crète - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Crète contemporaine

Indépendance de la Crète

Drapeau de la Crète autonome

En 1895, le massacre d'Arméniens en Anatolie choque l'opinion publique internationale et force les grandes puissances européennes à s'intéresser au sort de la Crète. Pour montrer sa bonne volonté, la Porte remplace alors le gouverneur de Crète en place, par un Chrétien, Alexandre Karatheodoris. Cependant, les Turcs crétois, opposés à cette nomination, perpétrent des massacres de Chrétiens afin d'obliger Karatheodoris à démissionner. En réaction, une assemblée révolutionnaire se constitue sous l'impulsion du consul général de Grèce.

La tension augmente avec les actes de violence perpétrés par les Turcs. Le 11 mai 1896, des Grecs de La Canée et des alentours sont massacrés. Des incidents similaires ont lieu à Héraklion. Ces événements poussent les puissances européennes à intervenir et à accentuer leur pression sur la Porte pour qu'elle fasse de nouvelles concessions. À La Canée, les consuls des grandes puissances fournissent une Constitution aux représentants chrétiens de Crète. Les principaux points en sont : la nomination par le sultan, pour cinq ans, et sur accord des grandes puissances d'un gouverneur chrétien ; le nombre d'emplois réservés aux chrétiens doit être le double de ceux réservés aux musulmans ; la gendarmerie crétoise doit être réorganisée et dirigée par des officiers européens ; une pleine indépendance économique et judiciaire est garantie à l'île sous la protection des grandes puissances.

Si la tension s'apaise quelque temps, elle se ravive à mesure que l'Empire ottoman tarde à mettre en œuvre la Constitution. À la mi-janvier 1897, les massacres reprennent, la résidence de l'évêque de La Canée est incendiée ainsi que les quartiers chrétiens.

Ces nouveaux massacres des chrétiens par les musulmans provoquent l'intervention de la Grèce qui occupe l'île et la proclame unifiée à la Grèce le 1er février 1897. L'Empire ottoman demande alors l'intervention des puissances européennes. La France, la Grande-Bretagne, l'Italie, la Russie, l'Autriche-Hongrie et l'Allemagne envoient des navires de guerre et des contingents à La Canée, Candie, Réthymnon et Sitía. Les puissances européennes refusent de reconnaître le rattachement de la Crète à la Grèce et adressent un ultimatum à la Grèce afin qu'elle retire ses troupes. Elles proposent toutefois la solution de l'autonomie pour l'île le 17 février 1897. La Grèce refuse cette idée ainsi que celle d'une principauté.

Contingents des grandes puissances européennes présents en Crète en 1897
Localisation Unités
Allemagne
La Canée 1 détachement de marine (1 officier et 10 marins)
Fort de Souda 5 marins
Autriche-Hongrie
Souda 2 compagnie du 2nd bataillon du 87e régiment d'infanterie
La Canée 1 compagnie du 2nd bataillon du 87e régiment d'infanterie
Akrotiri 1 compagnie du 2nd bataillon du 87e régiment d'infanterie
France
Sitía 2nd bataillon du 4e régiment d'infanterie de marine et 200 marins
Spinalonga 175 marins
La Canée 2 compagnies du 2nd bataillon du 8e régiment d'infanterie de marine
Halepa 1 demi-compagnie du 2nd bataillon du 8e régiment d'infanterie de marine
Fort Subaschi 1 compagnie du 2nd bataillon du 8e régiment d'infanterie de marine
Akrotiri 1 demi-compagnie du 2nd bataillon du 8e régiment d'infanterie de marine
Grande-Bretagne
Candie 2 compagnies des Seaforth Highlanders et 1 bataillon des fusiliers gallois
La Canée 2 compagnies des Seaforth Highlanders dont 80 hommes parfois attachés à Akrotiri
Italie
Ierapetra 2 compagnies du 2nd bataillon du 36e régiment d'infanterie
Candie 2 compagnies du 2nd bataillon du 36e régiment d'infanterie
La Canée 8e bataillon Bersaglieri
Akrotiri 1 compagnie de marins du navire "Sicile"
Russie
Rethymnon 2 compagnies du 1er bataillon du 56e régiment d'infanterie
La Canée 2 compagnies du 1er bataillon du 56e régiment d'infanterie

En avril, la guerre qui éclate entre la Grèce et la Turquie oblige la Grèce à retirer ses troupes de Crète pour les utiliser sur le continent. Les Grecs, battus par l'armée turque formée par l'Allemagne demandent la médiation des grandes puissances. S'éteint alors l'espoir d'une union avec la Grèce et les leaders crétois n'ont d'autre choix que d'accepter l'autonomie.

La Crète reste sous la suzeraineté de la Turquie, mais les Grandes puissances ne quittent pas la Crète pour autant : si l'Allemagne et l'Autriche font évacuer leurs navires et se détournent de la question crétoise à cause de leur intérêt croissant pour la Turquie, la Grande-Bretagne, la France, la Russie et l'Italie maintiennent leurs troupes afin de restaurer l'ordre et d'introduire des réformes. Elles divisent l'île en quatre parties, qu'elles administrent séparément, la capitale La Canée étant administrée conjointement. Cette administration par un conseil d'amiraux des puissances européennes est reconnue par l'assemblée crétoise. Le 26 novembre 1898, les grandes puissances proposent au poste de gouverneur de Crète le Prince Georges de Grèce, fils du roi de Grèce.

Arrivée du Prince Georges à Souda, le 9 décembre 1898.

Un conseil exécutif, dont fait partie Eleftherios Venizelos, est chargé de l'administration de l'île jusqu'à l'arrivée du Prince. Ce conseil exécutif est d'ailleurs témoin du dernier évènement dramatique de la présence ottomane. Le 25 août 1898, une émeute turque aboutit au massacre de centaines de chrétiens, de 17 soldats britanniques chargés de la sécurité du conseil exécutif, et du consul britannique en Crète. Les soldats turcs sont alors priés de quitter l'île : le dernier soldat turc quitte l'île le 2 novembre 1898. Le Prince Georges arrive le 9 décembre, les puissances lèvent le blocus de la Crète, seules quelques contingents européens restent sur l'île. De nombreux crétois musulmans quittent alors la Crète : le recensement de 1900 estime la population musulmane à 1/9e de la population, contre un tiers en 1881.

Le gouvernement du Prince Georges élabore une constitution, la première de l'île. Des élections sont organisées et désignent 138 députés chrétiens et 50 musulmans. De 1898 à 1904, la Crète connaît une période de paix, même si les avis divergent au sein de la population sur l'avenir à donner à l'île.

Au printemps 1905, une insurrection éclate contre le gouvernement crétois. Elle est menée par Eleftherios Venizelos qui dénonce la corruption de l'entourage du Prince Georges. Ce dernier doit renoncer à ses fonctions et est remplacé par Alexandre Zaimis, ancien président du conseil hellénique. Zaimis ne va pas au bout de son mandat de cinq ans. En 1908, la commission qui le remplace pendant une absence proclame l'Enosis à la Grèce le 10 octobre 1908. L'union est finalement repoussée sous la pression du Royaume-Uni en échange de l'évacuation de l'île par les troupes européennes. La Crète accède ainsi à une indépendance de fait, bien qu'elle reste en théorie sous souveraineté turque.

La période de l'indépendance est créatrice dans tous les domaines de la vie économique et intellectuelle. De nombreux travaux d'infrastructure sont réalisés, des bâtiments publics ou privés luxueux sont construits. À Rethymnon, par exemple, l'activité intellectuelle prospère comme le prouvent les salles de cinéma ou les théâtres.

L'Enosis

Profitant de désordres intérieurs en Turquie en 1908, les Crétois déclarent l’union avec la Grèce, un acte internationalement reconnu seulement en 1913.

Dans un premier temps, même la Grèce refuse de reconnaître cette union, par peur de représailles des grandes puissances. C'est donc une succession de gouvernements provisoires composés de Crétois (dont Eleftherios Venizelos jusqu'en 1910) qui dirigent l'île.

Avec le traité de Bucarest de 1913, qui fait suite à la guerre des Balkans, le sultan Mehmed V renonce à ses droits sur l’île et en décembre, le drapeau grec est hissé sur la forteresse de La Canée (devenue capitale) en présence du roi Constantin Ier de Grèce et d'Eleftherios Venizelos le 1er décembre 1913. Au même endroit, une plaque de marbre est érigée portant l'inscription suivante:

« Occupation turque en Crète
1669-1913
267 ans, 7 mois, 7 jours
de souffrance »

Le premier gouverneur grec est l'ancien Premier ministre grec Stephanos Dragoumis.

Page générée en 0.101 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise