Histoire de la Crète - Définition

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Période byzantine

Première période byzantine

Il existe peu de sources concernant la Crète de cette époque, car comme d'autres provinces occidentales de l'Empire byzantin, elle a peu attiré l'attention des chroniqueurs byzantins. Ceci est sans doute dû au fait qu'elle est en périphérie du monde grec. Et c'est sans doute également cette périphéralité qui explique l'absence d'évêques crétois au premier concile de Nicée en 325, alors que des îles plus petites telles que Kos, Rhodes ou Chios y sont représentées.

Lors de la réorganisation de l'empire par Dioclétien en 285, la Crète est séparée de la Cyrénaïque et rattachée à la Mésie. Plus tard, Constantin la rattache à l'Illyrie, dont elle est un des douze diocèses, avant d'être rattachée à la Macédoine au IVe siècle. Vers 754, Constantin V ramène définitivement la Crète sous le contrôle de l'Église de Constantinople.

Ce dernier changement intervient en pleine crise iconoclaste qui touche aussi la Crète, jusqu'alors plutôt en faveur de la vénération des icônes.

L'auteur byzantin Hiéroklès estime à vingt-deux le nombre de villes en Crète à cette période. À partir de ce constat, l'historien Theocharis Detorakis estime la population de l'île à environ 250 000 habitants.

Au cours de cette première période byzantine, la Crète est le théâtre de nombreuses incursions et catastrophes naturelles. Le 9 juillet 365, un tremblement de terre suivi d'un tsunami détruit plusieurs villes. En 415, Gortyne est à son tour détruite par un séisme. Après une première incursion des Vandales en 457, les Slaves qui avaient essayé de prendre Thessalonique vers 597 avant de déferler par la Thessalie et la Grèce centrale vers le Péloponnèse et les îles, envahissent la Crète en 623. À partir de la seconde moitié du VIIe siècle, apparaît la menace arabe. Des pirates arabes pillent les côtes crétoises en 656, 671, 674, puis de façon répétée au début du VIIIe siècle.

La domination arabe

La flotte arabe en route vers la Crète. (Manuscrit Skylitzès)

L'histoire de la conquête arabe de la Crète débute loin de Crète. Au début du IXe siècle, l'Espagne est musulmane. En 813, des musulmans d'Andalousie se soulèvent contre l'émir Al-Hakam Ier. Vaincus, ils doivent partir d'Espagne et trouvent refuge en Égypte, où ils profitent des crises politiques pour s'emparer d'Alexandrie (818-819) avant de devoir en partir. Leur attention se porte alors sur la Crète, un choix peut être guidé par les Égyptiens qui ont toujours gardé un œil sur l'île. Au cours de l'année 824, Abou Hafs aurait mené un premier raid de reconnaissance en Crète, accompagné de pillages, avant d'en mener la conquête en 825. Séduits par la beauté et la fertilité du climat, les Arabes décident de s'y fixer. Abu Hafs aurait cru voir en la Crète, la « terre délicieuse où coule le lait et le miel » et que Mahomet promet à ses croyants. Si certaines thèses estiment que les Arabes auraient débarqué dans l'actuelle baie d'Almiros, à l'ouest d'Héraklion, ou dans la baie de Souda, il semble cependant qu'ils aient plutôt débarqué sur les côtes au sud de l'île, en partie parce que les Byzantins sont moins à même de répondre rapidement à une attaque par le sud. Dirigés par Abou Hafs, ils conquièrent l'île en quelques années, hormis la région de Sphakia. Cette conquête est facilitée par une crise politique interne au sein de l'Empire byzantin qui ne peut assurer la défense de l'île.

Les Arabes fondent une capitale nouvelle, sur la côte nord de l'île, qu'ils fortifient et entourent d'un profond fossé. Ce fossé lui donne son nom, Kandax (ou Handakas) qui signifie retranchement en arabe et qui donne plus tard Candie, pour désigner à la fois Héraklion et l'île tout entière. L'île devient un émirat largement indépendant des autres régions arabes et se transforme en une principauté héréditaire.

La pression économique sur la population locale et la piraterie permettent la survie de l'émirat. Les Crétois sont soumis à une servitude sévère. La Crète se détache du reste de l'Empire byzantin et s'efface économiquement et culturellement. Aucun monument ni aucune œuvre littéraire, ni le nom d'une figure intellectuelle de l'époque ne nous sont parvenus. En revanche, les Arabes dynamisent l'agriculture de la Crète en y développant la canne à sucre, le coton et le mûrier.

Pour les Orthodoxes, le martyre de Cyril, évêque de Gortyne au moment de l'invasion, semble être un des faits les plus marquants. Les sources disponibles (grecques et arabes) ne permettent pas de savoir si les Arabes ont été respectueux ou non des lieux de culte chrétiens. Les conversions à l'Islam sont peut-être limitées et sûrement non obligatoires, n'étant pas intéressantes financièrement pour les Arabes car les Chrétiens sont soumis à l'impôt foncier du kharadj (capitation payée par les non-musulmans).

Pendant le siècle et demi d'occupation arabe, l'île redevient une base de la piraterie. Tout au long des IXe et Xe siècle, les Sarrasins mènent des raids vers Lesbos, la péninsule du Mont Athos (862), en Chalcidique (866), les côtes adriatiques (872-873), ils pillent Salonique en 904. L'île constitue pendant un siècle et demi, le point d'appui majeur de la puissance maritime arabe dans le bassin oriental de la Méditerranée. Ainsi, pour les Byzantins, la reconquête de la Crète ne signifie pas seulement la libération, mais aussi la neutralisation de cette menace pour les flottes de Méditerranée et la reprise du contrôle des voies commerciales dans la région.

Seconde période byzantine

Nicéphore Phocas

Reconquérir la Crète n'est pas une tâche aisée pour Byzance, compte tenu de son éloignement géographique. De plus, l'Empire byzantin doit faire face à des ennemis sur tous les fronts, ce qui est le principal obstacle au lancement d'une offensive majeure en Crète. Dès 826, Michel II nomme Photeinos, déjà gouverneur du thème d'Anatolie au rang de stratège de Crète. Il débarque dans l'île, mais les habitants ne se soulèvent pas à son appel. L'armée de secours, menée par Krateros est écrasée par les Sarrasins, malgré quelques succès dans les premiers temps. Krateros est semble-t-il fait prisonnier sur l'île de Kos et empalé.

Entre 826 et 949, trois autres tentatives échouent. En 844, l'armée avec à sa tête le logothète Théoktistos, malgré des débuts prometteurs, est battue dans le Bosphore par les Arabes. En 948, Byzance vient de repousser la menace des Hongrois et des Thraces et peut à nouveau se concentrer sur la Crète. Ainsi, Constantin VII lance contre la Crète une offensive de grande ampleur, cette fois encore sans résultat. La reconquête de la Crète a lieu en 961 lorsque Nicéphore Phocas prend le commandement de l'expédition militaire. La stratégie de Nicéphore repose sur la supériorité numérique de ses soldats et sur la puissance de la marine byzantine. Il fait lever des soldats dans tous les thèmes d'Asie et d'Europe, auxquels il ajoute les corps d'élite de la garde, 2 000 dromons munis du feu grégeois et plusieurs centaines de vaisseaux de transport. Il rassemble ensuite ses troupes à Phygela, en Asie mineure pendant l'été 960. Nicéphore Phocas débarque dans le nord de l'île en juillet de la même année et marche sur Chandax qu'il assiège de la seconde moitié de 960 à mars 961. Ce siège est dur et prolongé ; Chandax résiste plusieurs mois mais finit par tomber le 7 mars 961. Les musulmans sont massacrés et la ville pillée. Le reste de l'île tombe rapidement. Les Byzantins ramènent de Crète un immense butin. Les sources mentionnent que 300 navires sont nécessaires à son transport. Nicéphore en envoie une partie à son confesseur, Saint Athanase, afin qu'il fonde le monastère dans lequel le général byzantin souhaite finir sa vie. La fondation du premier monastère du Mont Athos est ainsi liée à la reconquête de la Crète par les Byzantins.

Il semble que la période d'occupation arabe ait été une période de pillage, et d'une baisse de la natalité. Pour pallier cette situation, Phocas réduit les Sarrasins en esclavage, fait fermer les mosquées et envoie des missionnaires sur l'île. Il fait installer des colonies de Grecs, d'Arméniens et de Slaves afin de repeupler la Crète. Les villes sont pourvues de fortifications.

En 1082, l'empereur byzantin Alexis Ier Comnène envoie des colons choisis parmi les meilleures familles aristocratiques de l'Empire afin de contrer le développement démographique de la population autochtone. Il leur octroie de grandes surfaces et des privilèges. Elles sont les fondatrices de la nouvelle aristocratie crétoise qui est liée aux révoltes dans l'île au cours des périodes suivantes.

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