Histoire évolutive des équidés - Définition

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Histoire de cette théorie

Du fait que les équidés étaient absents des Amériques lorsque les Conquistadors espagnols ont abordé leurs rivages et que les amérindiens n'avaient pas de mot pour désigner les équidés, on pourrait s'imaginer que les chevaux sont originaires d'Eurasie, pourtant leur histoire évolutive semble plus compliquée.

L'expédition de William Clark à Big Bone Lick en 1807 mit au jour de nombreux fossiles parmi lesquels des os de la jambe et du pied de ce qui semblait être un cheval. Ce fossile a été ensuite pu être évalué par l'anatomiste Caspar Wistar. Ceci remettait en cause l'idée que les chevaux étaient originaires uniquement d'Eurasie, mais Clark et Wistar ne soupçonnèrent pas l'importance de cette découverte. En 1833, lors de son voyage à bord du Beagle en Patagonie, Charles Darwin collecte des dents fossiles d'équidés près de Santa Fe en Argentine. Ces dents, découvertes dans une couche stratigraphique contenant notamment des os du tatou géant Glyptodon, ont été examinés par Richard Owen en 1840. Ce dernier confirma que ces dents appartenaient bien à un équidé et nomma l'espèce éteinte Equus curvidens. Les découvertes de fossiles allaient ensuite se multiplier, entrainant une certaine confusion. En 1848, Joseph Leidy, un des premiers naturalistes américains à reconnaître la validité de la théorie de l'évolution, examina d'une manière systématique les fossiles du Pléistocène détenus par l’Academy of Natural Sciences à Philadelphie, il en conclut qu'au moins une espèce vivait à cette époque en Amérique du Nord et pensa la nommer Equus americanus. Mais comme ce nom binomial était déjà pris par une autre espèce d'Amérique du sud, il renomma une dizaine d'année plus tard l'espèce nord-américaine: Equus complicatus. Il décrit ensuite de nombreux genres d'équidés (qui à l'époque était nommés Solidungulates), comme Anchippus, Anchitherium, Hipparion, Hippodon, Merychippus, Parahippus et Protohippus. Dès cette époque, il note chez ces fossiles ce qui semble être une complexification des couronnes dentaires.

Ce travail est repris par Othniel Charles Marsh qui fournit à partir des années 1870 les premiers scénarios d'évolution des équidés. Ceux-ci sont largement basés sur l'évolution des dents. Ce travail sur les équidés est le premier à fournir une série fossile complète pour illustrer la théorie de l'évolution (Darwin comme Lamarck avant lui, s'étaient basés sur des exemples pris dans la biodiversité contemporaine). Toutefois le scénario, très linéaire et légèrement simpliste de Marsh, mais largement popularisé par Thomas Huxley, a été bien entendu très critiqué.

Un grand nombre de fossiles a été ensuite découvert, et de nombreuses formes dites transitionnelles (terme aujourd'hui abandonné, depuis les nouvelles découvertes sur la nature buissonnante de la spéciation et des relations cladistiques entre espèces), complexifièrent d'autant le schéma initial. L'existence de nombreuses branches évolutives, qui n'ont pas toutes eu de descendance, apparut. Les études menées sur la fréquence et la répartition géographique et chronologique des fossiles d'équidés ont révélé que l'évolution des espèces n'est ni aussi linéaire ni aussi uniforme qu'on l'a cru initialement. Des "stases" (phases d'évolution lente, graduelle) entrecoupées de "crises" (phases d'évolution rapide, buissonnante) furent découverts entre Dinohippus et Equus: des extinctions subites furent suivies de l'apparition de formes différentes, par exemple pour la lignée de Epihippus à Mesohippus. Des "espèces filles" ont pu coexister avec leurs espèces d'origine restées inchangées, et on a même observé des inversions évolutives de certaines caractéristiques. Ce sont tous ces phénomènes évolutifs différents qui expliquent la diversité des fossiles.

Un spécialiste des mammifères américains, George Gaylord Simpson, précurseur de la théorie des équilibres ponctués, a contribué à rejeter cette vision linéaire de l'évolution, qui ferait du cheval un « but » à celle-ci, à la manière de l’Intelligent design. Selon la théorie actuelle, les équidés d'aujourd'hui ne sont tout simplement l'une des multiples lignées qui sont parvenues à survivre.

En 1958 furent mis au jour près de Lewisville, au Texas, de nombreux ossements de mammouths, glyptodons, camélidés et équidés ainsi que des objets façonnés par des humains. En 1966, les fouilles archéologiques du site de Tlapacoya au Mexique, permirent de dégager les ossements de plusieurs équidés, ainsi que d'autres animaux et le squelette d'un paléoaméricain, montrant que les premiers amérindiens ont chassé des équidés.

Tout est loin d'être élucidé cependant, et la question de l'origine proche des équidés vivants ne peut pas être résolue par la paléontologie : en effet l'étude des fossiles ne permet pas de conclure définitivement sur la différenciation des espèces, et plus particulièrement celle des chevaux actuels. En effet la spéciation de ceux-ci semble très récente et la domestication y a joué un rôle (c'est d'ailleurs en étudiant et expérimentant la sélection artificielle dans le cadre de la domestication, que Darwin a trouvé la majorité de ses arguments). La technique paléontologique usuelle, basée sur la synapomorphie, n'est pas efficace pour conclure, du fait notamment de la ressemblance des squelettes. Pour les chevaux, deux types de théories s'affrontent depuis au moins la fin du XXe siècle: la première suppose que les lignées de chevaux actuelles descendent d'une espèce unique, l'autre qu'ils descendent de plusieurs espèces sauvages. Depuis le début des années 2000 des études basées sur phylogénie moléculaire essayent de répondre à cette interrogation. L'origine récente des ânes ou des zèbres est moins étudiée et moins connue.

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