Jean-François-Thérèse Chalgrin | |
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Présentation | |
Naissance | 1739 Paris |
Décès | 21 janvier 1811 (à 72 ans) Paris |
Nationalité | Royaume de France |
Mouvement(s) | néoclassicisme |
Activité(s) | Premier architecte et intendant des bâtiments du comte de Provence |
Formation | élève de Servandoni, Louis-Adam Loriot, Étienne-Louis Boullée |
Ses élèves | Charles-François Viel, Alexandre de Gisors, Louis-Robert Goust, Jean-Baptiste Kléber |
Œuvre | |
Réalisations | Hôtel de Saint-Florentin (1767-1769) Hôtel de Langeac (1773) Collège royal de France (1774-1780) Église Saint-Philippe-du-Roule (1774-1784) Pavillon de musique de la comtesse de Provence (1784) Arc de triomphe de l'Étoile (1806-1811) |
Distinctions | Prix de Rome (1758) Académie royale d'architecture (1770) Académie des Beaux-Arts (1799) |
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Jean-François-Thérèse Chalgrin est un architecte français né à Paris en 1739 et mort dans la même ville le 21 janvier 1811. Architecte emblématique du style Louis XVI caractérisé par sa monumentalité austère, il représente la phase dite « grecque » ou « dorique » du néoclassicisme. Chalgrin se distingue par l'ampleur de ses conceptions plus que par la précision des détails.
Jean-François-Thérèse Chalgrin naquit sur la paroisse Saint-Sulpice à Paris, dans une famille modeste, et reçut d'abord les leçons de Servandoni. Il s'inscrivit à l'Académie royale d'architecture parmi les élèves de Louis-Adam Loriot avant d'entrer en 1755 dans l'atelier d'Étienne-Louis Boullée.
Âgé de seulement dix-neuf ans, il remporta le grand prix d'architecture en 1758 avec pour sujet : « un pavillon sur le bord d'une rivière ». Cherpitel reçut le premier prix au titre de 1758 et Chalgrin au titre de l'année 1757, année où le prix n'avait pas été décerné, tandis que Gondouin et Jallier de Savault se partageaient le second prix.
Chalgrin séjourna au Palais Mancini à Rome de novembre 1759 à mai 1763, son zèle lui valant une prolongation de sa pension. « Il leva en plan et en élévation des édifices de l'Antiquité – trop nombreux au goût de Marigny – mais aussi de l'époque moderne (Viel). »
À son retour en France, il fut employé comme inspecteur des travaux de la Ville de Paris sous la direction de Moreau-Desproux, ce qui lui permit de parfaire sa formation technique. Il aurait travaillé sur le piédestal de la statue équestre de Louis XV, commencée par Edme Bouchardon et achevée par Jean-Baptiste Pigalle, qui fut inaugurée le 20 juin 1763 au centre de la nouvelle place Louis-XV (actuelle place de la Concorde). Il se lia à cette occasion avec Soufflot, qui construisait, derrière la façade dessinée par Gabriel, l'hôtel du Garde-Meuble, qui borde la place sur le côté nord, à l'est de la rue Royale. C'est probablement aussi à ce moment-là qu'il fut remarqué par le comte de Saint-Florentin, secrétaire d'État à la Maison du Roi.
Celui-ci lui fit demander en 1767 les plans de la nouvelle église Saint-Philippe-du-Roule à construire rue du Faubourg-Saint-Honoré. Si le projet de Chalgrin fut approuvé dès 1768 par l'Académie, il ne fut réalisé qu'entre 1774 et 1784.
Dans le même temps, entre 1767 et 1769, Chalgrin construisit pour le comte de Saint-Florentin l'hôtel de Saint-Florentin, à l'angle nord-est de la place Louis-XV. Cette réalisation établit sa notoriété. Il fut reçu à l'Académie royale d'architecture dès 1770 dans la 2e classe et l'année suivante dans la 1re classe, et jouit de la protection du duc de Choiseul. La comtesse de Langeac, maîtresse en titre du comte de Saint-Florentin, lui commanda la construction d'une élégante folie sur les Champs-Élysées, connue sous le nom d'hôtel de Langeac, qui fut terminée en 1773.
En 1770, à l'occasion du mariage du Dauphin et de l'archiduchesse Marie-Antoinette, le comte de Mercy-Argenteau, ambassadeur d'Autriche, chargea Chalgrin de construire en matériaux provisoires une salle de bal dans les jardins de l'hôtel du Petit Luxembourg. L'architecte bâtit une sorte de basilique, similaire à celle que Victor Louis édifia, pour la même occasion, pour le compte de l'ambassadeur d'Espagne. Cette réalisation, très admirée, fit de lui un architecte à la mode.
Chalgrin eut, dès lors, une importante clientèle : « Poyet a écrit, non sans dépit, que Chalgrin était plus occupé que tous les architectes réunis. Sollicité de toutes parts, il est peu de programmes architecturaux qu'il n'ait abordés. » Pour le ministre Bertin, dans sa propriété de Chatou, il effectua « des travaux considérables ». Il travailla à Neuilly pour le financier Radix de Sainte-Foix, pour le comte d'Orsay, pour la duchesse de Mazarin, pour la duchesse de Chaulnes...
Chalgrin entra au service du comte de Provence (futur Louis XVIII) dès la formation de sa Maison en avril 1771, d'abord comme secrétaire du conseil des finances, de pair avec l'avocat Linguet, tout en sollicitant d'emblée une place dans l'administration des bâtiments du prince. Il n'obtint pas la place de contrôleur des bâtiments, qui échut à Gillet, mais il eut celle d'intendant des bâtiments – estimée à 10 000 livres et aux appointements de 1 800 livres par an – tandis que celle de premier architecte allait à Charles Lécuyer. Toutefois ce dernier se retira dès le 12 mars 1773 en raison de son « grand âge » en « suppli[ant] Monseigneur qu'il permette qu'il se démette de sa charge en faveur du S. Chalgrin qui la réunira à celle d'Intendant des Bâtiments dont il est revêtu. Le S. Chalgrin est un architecte distingué dont les talents sont avantageusement connus par des édifices publics ». Chalgrin travailla également pour le comte d'Artois, quoique la responsabilité officielle de ses bâtiments incombât à Bélanger, et eut un moment le titre de Premier architecte de l'archevêque-électeur de Cologne.
Chalgrin épousa en 1776 Marguerite Émilie Vernet, fille du peintre Claude Joseph Vernet, ami intime de Soufflot. Ils eurent une fille, Louise-Josèphe Chalgrin (1777-1794). Il « était un homme de belle apparence, affable et conciliant dans les relations d'affaires. [...] Selon Viel, dans la vie mondaine, Chalgrin représentait avec un certain faste, à l'égal de Ledoux et de Soufflot. Orgueilleux en apparence, ajoute Quatremère de Quincy, il était profondément modeste et bienveillant. Prodigue, il dépensait plus que ses gains et négligeait parfois les intérêts d'autrui : dans une lettre de sa dernière année, Voltaire lui reproche affectueusement d'avoir oublié une clause importante en négociant pour le Patriarche et sa nièce l'achat d'une maison rue du Mail. »
En 1777, il fut chargé de restaurer la façade de l'église Saint-Sulpice, dont le fronton avait été frappé par la foudre : il le remplaça par la balustrade actuelle, construisit le monumental buffet d'orgue et édifia en outre la tour Nord (1777-1780).
Pendant la Révolution, Chalgrin fut un instant détenu au Palais du Luxembourg, où il avait travaillé pour le comte de Provence et qu'il fut chargé, après le 9 thermidor, de réaménager pour y installer le Directoire. Il fut élu en 1799 à l'Académie des Beaux-Arts - 3e section (architecture), au fauteuil V, occupé précédemment par Charles De Wailly, et devint membre du conseil des Bâtiments civils.
Architecte des fêtes publiques sous le Consulat, il ordonna brillamment en 1802 les célébrations de la paix d'Amiens. En 1806, Napoléon Ier le chargea de construire un monument à la gloire de la Grande Armée. L'arc de triomphe de l'Étoile a, pour l'essentiel, été conçu par Chalgrin, mais celui-ci mourut peu après le début effectif de la construction. Le projet fut modifié par Louis-Robert Goust et Mercier et la réalisation ne fut achevée qu'en 1836 sous la monarchie de Juillet.