Pierre-Louis Moreau-Desproux - Définition

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Introduction

Pierre-Louis Moreau-Desproux
Présentation
Naissance 1727
Paris
Décès 9 juillet 1794
Paris
Mouvement(s) Néoclassicisme
Formation élève de Jean-Laurent Legeay
et de Jacques-François Blondel
Ses élèves Jacob Guerne, Claude Billard de Bélisard, Charles Joachim Bénard
Œuvre
Réalisations Hôtel de Chavannes, 1758-1760, détruit
Reconstruction de l'Opéra de Paris au Palais-Royal, 1764-1770, détruit
Cour de l'Horloge du Palais-Royal, 1764-1770
Distinctions Second grand prix de l'Académie (1750 et 1751)
Académie royale d'architecture (1762)
Entourage familial
Famille Jean Beausire (grand-père)
Jean-Baptiste Augustin Beausire, oncle
Laurent Destouches, oncle
Marie-Joseph Peyre, beau-frère
Jean-François Ducis, beau-frère

Pierre-Louis Moreau-Desproux est un architecte français né à Paris en 1727 et mort guillotiné dans la même ville le 9 juillet 1794.

Membre de l'Académie royale d'architecture (1762), maître général des bâtiments de la Ville de Paris (1763-1787), il fut chargé de reconstruire l'Opéra après l'incendie de 1763 et rhabilla à cette occasion les façades du Palais-Royal sur la rue Saint-Honoré, qui ont été conservées. Il conçut de nombreux projets pour des cérémonies publiques ainsi qu'un plan d'ensemble de réaménagement de la capitale (1769). Il travailla également pour des clients particuliers, construisant l'hôtel de Chavannes, sur le Boulevard (1758-1760, détruit), manifeste du style « à la Grecque » à Paris, le pavillon Carré de Baudouin à Ménilmontant (v. 1770), qui lança la vogue des maisons-temples d'inspiration palladienne et la « Chaumière » de Bernardin de Saint-Pierre à Essonnes (1792, détruite).

Biographie

Issu d'une famille d'architectes, petit-fils de Jean Beausire, neveu de Jean-Baptiste Augustin Beausire et de Laurent Destouches, Pierre-Louis Moreau fut destiné par ses oncles à occuper après eux les fonctions de maître des bâtiments de la ville de Paris.

Formation et voyage d'Italie

Ses oncles lui firent suivre, au milieu des années 1740, les cours de Jean-Laurent Legeay, où il eut pour condisciples Étienne-Louis Boullée, Charles De Wailly, Marie-Joseph Peyre avec qui il noua une solide amitié ; durant ses années d'étude, il se lia également avec Louis-François Trouard et le sculpteur Augustin Pajou.

Entre 1748 et 1752, Moreau poursuivit sa formation à l'École des arts qu'avait fondée Jacques-François Blondel en 1739. L'établissement était alors réputé et tendait à éloigner les élèves de l'Académie royale d'architecture, où ils se bornaient à passer les concours. Moreau y eut des concurrents de haut niveau comme Barreau de Chefdeville, Julien-David Le Roy, Peyre l'Aîné, De Wailly, Helin, Louis. Il se présenta quatre années de suite sans jamais parvenir à obtenir le Grand prix de Rome : il eut le troisième prix en 1749 (un « temple de la Paix »), le deuxième en 1750 (une « orangerie »), le deuxième en 1751 (une « fontaine publique ») et le troisième en 1752 (une « façade de palais »). Lauréat du premier prix cette année-là, son ami Charles De Wailly lui offrit de partager sa pension à l'Académie de France à Rome. Le Premier architecte du Roi, Ange-Jacques Gabriel, intercéda auprès du marquis de Marigny, directeur général des Bâtiments du Roi :

« Il est vrai que la proposition des sieurs Moreau et de Wailly paraît contraire à l'ordre établi dans l'École de Rome et aux usages de l'Académie d'architecture, mais les deux sujets sont si bons et si ardents pour se perfectionner et l'amitié entre eux si forte et si propre à leur faire faire des progrès rapides qu'il y a plus à gagner à l'École qu'à perdre par un défaut de formalité. »

— Lettre d'Ange-Jacques Gabriel au marquis de Marigny, 24 septembre 1753.

La tante de Moreau, Mme Beausire, écrivit également à Marigny en lui rappelant « son inviolable et respectueux attachement à Madame de Pompadour », sa sœur et, à titre exceptionnel, l'Académie agréa la proposition.

De ce fait, les deux jeunes architectes ne passèrent pas au Palais Mancini les trois années habituelles mais seulement vingt-deux mois, de janvier 1754 à novembre 1756. À Rome, avec Marie-Joseph Peyre, ils décidèrent d'étudier les thermes de Dioclétien. « Ils semblent avoir prélevé sur leur pension le salaire de quelques terrassiers (scavatori). Ils s'établirent aux Chartreux pour y mettre au point leur restitution, qui comprenait trente dessins. Aussitôt, leur travail fut célèbre ; Piranèse et plusieurs érudits s'y intéressèrent. »

Maître général des bâtiments de la Ville de Paris

Arrivée de la Reine à l'Hôtel de Ville le 21 janvier 1782. Gravure de Moreau le Jeune.

Une fois revenu à Paris, Moreau-Desproux construisit l'hôtel de Chabannes sur le boulevard du Temple (1758-1760, détruit), véritable manifeste du style « à la Grecque », et l'un des premiers édifices néoclassiques. Il entra en 1762 à l'Académie royale d'architecture et succéda à son oncle Destouches comme maître général des bâtiments de la Ville de Paris en 1763.

Il épousa Marie-Félicité de La Mothe dont il eut deux filles qui devinrent Mmes de Fongires et de Chézelles.

Comme architecte de la Ville, il restaura le pont Notre-Dame, construit au début du XVIe siècle par Fra Giocondo, et en adressa un dessin à son confrère vénitien Tomaso Temanza, qui écrivait la biographie du moine. Entre 1764 et 1770, il reconstruisit l'Opéra (détruit en 1781) et les façades de la première cour du Palais-Royal. Fort de cette réussite, il tenta, mais sans succès, de s'imposer en 1771 contre ses amis De Wailly et Peyre, pour la reconstruction du Théâtre-Français, à laquelle la Ville avait décidé de s'intéresser.

À Saint-Eustache, Moreau-Desproux construisit notamment la tour nord ainsi que le second ordre du portail principal, commencé par Mansart de Jouy.

Pour le duc d'Orléans, pour qui il avait travaillé au Palais-Royal en relation avec le chantier de l'Opéra, il aménagea une tribune privée à l'église Saint-Eustache. Après avoir envisagé de la placer entre deux piliers du chœur, il la dissimula au-dessus du collatéral gauche, où elle existe toujours. Il construisit la chapelle des catéchismes, accessible par un escalier construit dans le style de la Renaissance dans le déambulatoire sud, ainsi que la chapelle des mariages secrets, le portail de la Miséricorde ouvrant sur le Forum des Halles, le second ordre du portail principal et la tour nord, qui n'a pas reçu de pendant. Il édifia également l'actuel presbytère, à l'angle de la rue du Jour et de la rue Montmartre.

Le prévôt des marchands, Jean-Baptiste de Pontcarré de Viarmes, le chargea en 1762 d'étudier les améliorations à apporter au cours de la Seine. Accompagné du comte de Saint-Florentin, secrétaire d'État de la Maison du Roi en charge du département de Paris, et du prévôt des marchands, l'architecte soumit à Louis XV le 12 mars 1769 un plan directeur pour l'aménagement de Paris qui fut approuvé par lettres patentes du 22 avril 1769. Ce plan prévoyait la construction de nouveaux quais sur la rive gauche, l'élargissement du parvis de Notre-Dame, la construction de places devant Saint-Eustache et le Palais-Royal et la démolition des maisons construites sur les ponts.

Comme maître général des bâtiments de la Ville, Moreau-Desproux fut chargé d'ordonner de grandes fêtes publiques. Pour la paix de 1763, sur la place Louis-XV, il illumina l'échafaudage des palais, encore inachevés, édifiés par Gabriel et construisit une île artificielle sur la Seine. Pour les fêtes données à l'occasion de la naissance du dauphin le 21 janvier 1782, il construisit d'imposantes architectures provisoires, dont le souvenir est conservé par quatre célèbres estampes du graveur Moreau le Jeune. Sur la place de Grève, il dressa parallèlement à l'actuelle rue de Rivoli une colonnade d'ordre colossal, habilement combinée avec une tribune centrale, qui préfigurait ses projets de reconstruction de l'Hôtel de Ville. Sur la Seine, deux colonnes géantes encadraient un temple inspiré de la Rotonde de Palladio.

Au début de 1787, il se démit de ses fonctions de maître général des bâtiments de la Ville au profit de son collaborateur Bernard Poyet. Il se vit allouer une pension viagère et conserva la jouissance d'une maison, dite le Petit Arsenal de la Ville, située rue de la Mortellerie.

Clientèle privée

La clientèle privée de Moreau-Desproux se recruta essentiellement parmi les familiers de la maison d'Orléans et dans les milieux liés à la Ville de Paris.

Il travailla ainsi à l'hôtel de Luynes et de Chevreuse, rue Saint-Dominique, pour Marie Charles Louis d'Albert, duc de Chevreuse, gouverneur de la capitale. Il travailla également pour la marquise de Gontaut-Biron, rue Louis-le-Grand ; pour Simon Zacharie Palerne de Ladon, trésorier du duc d'Orléans, rue Montmartre ; pour la princesse de Marsan, rue Saint-Dominique ; pour Louise-Jeanne de Durfort, duchesse de Mazarin, quai Malaquais ; pour M. de Saint-Julien, rue d'Artois.

Pour Nicolas Carré de Baudouin, il transforma vers 1770 un pavillon à l'angle de la rue des Pyrénées et de la rue de Ménilmontant, qu'il agrémenta d'une façade d'inspiration palladienne, lançant à Paris la vogue des maisons-temples.

Il construisit les deux hôtels particuliers situés derrière la colonnade du bâtiment situé sur la place de la Concorde à l'ouest de la rue Royale, l'un pour lui-même et l'autre pour son ami Rouillé de l'Estang (1775).

En mai 1771, le roi accorda à Moreau-Desproux des lettres de noblesse. Il était « mêlé à toutes sortes d'affaires, il avait des intérêts dans l'industrie. En 1778, associé au notaire Richard et au chirurgien Brasdor, il dirigeait une manufacture où était laminé du plomb importé d'Angleterre (Arch. nat., E 1546 3). » Après avoir quitté la direction des bâtiments de la Ville en 1787, il s'associa à l'architecte Jean-Baptiste Chaussard, qui était son confrère en franc-maçonnerie dans la loge des Cœurs simples de l'Étoile polaire. Ils installèrent leur agence rue de la Monnaie. « Comme quelque suspicion pesait sur ses agissements, il fit imprimer chez P.H. Nyon, en 1790, un Mémoire pour le sieur Moreau, architecte du Roi et chevalier de son ordre, dont nous ne connaissons qu'un exemplaire, à la British Library. »

Son dernier projet fut celui d'une maison de campagne à Essonnes pour le célèbre écrivain Bernardin de Saint-Pierre, ami de son beau-frère Ducis. Moreau-Desproux se partageait alors entre sa maison de Fontainebleau, rue Saint-Merry, et sa propriété de Faverolles. Il ne put mener à son terme ce dernier chantier : dénoncé comme suspect, il fut incarcéré à Sainte-Pélagie et, malgré l'intervention de Ducis auprès de Fouquier-Tinville, il fut condamné à mort et guillotiné avec les « conspirateurs du Luxembourg » le 9 juillet 1794.

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