Raoul-Pierre Pictet né le 4 avril 1846 à Genève (Suisse), meurt le 27 juillet 1929 à Paris (France) est un physicien qui obtient pour la première fois, la liquéfaction de l'azote et de l’oxygène par l’action simultanées d’une haute pression et d’une basse température. Il est à l'origine des techniques modernes de réfrigération. Raoul Pictet a reçu la Médaille Davy en 1878.
Troisième des cinq enfants du maire de Plainpalais Auguste Pictet-de Bock, il suit ses études primaires et secondaires à Genève avant de rejoindre la Faculté des sciences de l'Académie de Genève où, d'après lui, va naître en 1866 son intérêt pour le froid suite à des conversations avec son professeur de physique. Il poursuit ensuite sa formation entre 1867 et 1868 à Paris, respectivement à l'École polytechnique, au Collège de France ainsi qu'au collège de Sorbonne.
Après avoir déposé un premier brevet en 1869, il part pour l'Égypte comme secrétaire de Gustave Revilliod pour l'inauguration du canal de Suez. Il retourne ensuite dans ce pays en 1874 comme professeur de physique et de mécanique à l'université du Caire. En parallèle, il conçoit, fabrique et vend des modèles de machines à glace au gouvernement égyptien.
De retour en Suisse en 1875, il devient directeur de l'école pratique de Genève grâce en particulier à l'appui de Guillaume-Henri Dufour. À ce titre, il s'attache à réconcilier l'enseignement supérieur théorique et l'industrie pratique, jusqu'alors enseignés dans des filiales distinctes.
Comme à son habitude, il continue en parallèle son travail sur les machines à glace, déposant plusieurs brevets en France et en Grande-Bretagne (le brevet n'existe alors pas encore ni en Suisse, ni en Allemagne). Il crée ensuite une entreprise avec l'ingénieur Théodore Turrettini et le banquier Louis Roget, son beau-père. Cette entreprise va rapidement se faire connaitre et vendre de nombreuses machines, parmi lesquelles celle qui équipe, en 1876, la première patinoire artificielle à Chelsea.
Le 22 décembre 1877, l'Académie de sciences de Paris reçoit un télégramme envoyé par Raoul Pictet, indiquant sa réussite dans la liquéfaction de l’oxygène au-dessous de 320 atmosphères et par utilisation combinée d'acide sulfureux et acide carbonique à une température de -140 degrés Celsius. Cette annonce est pratiquement simultanée avec celle de Louis Paul Cailletet qui obtiendra également la liquéfaction de l'oxygène par un processus différent. Les deux savants se voient attribuer conjointement les mérites de cette découverte et Pictet se voit décoré de la Légion d'honneur en 1878, ainsi qu'une Grande médaille et une médaille d'or lors de l'Exposition de Paris.
En 1879, le Conseil d'État du canton de Genève lui offre la chaire de physique industrielle dans la toute nouvelle Université de Genève, en charge de sept heures de cours par semaine contre une rémunération de 4500 francs par année. Cependant, il démissionne de sa charge le 9 juin 1885 pour protester contre le laxisme des autorités cantonales face au procès opposant Pictet et son ancien associé, Turrettini, tous deux revendiquant la possession d'un brevet pour un nouveau liquide de réfrigération.
Quelques mois plus tard, il part en Allemagne où il est engagé par l'entreprise Rudloff-Grübs. Grâce à la généreuse rémunération qu'il reçoit, il fonde un Institut Raoul Pictet dont les buts de recherche sont à la fois la liquéfaction à grande échelle et les effets physico-chimiques des très basses températures. Il revient en Suisse pour participer à l'exposition nationale de 1896 qui se déroule à Genève et pour laquelle il fait construire un pavillon divisé en trois parties : un amphithéâtre pour les conférences, une salle des machines où le public peut admirer ses machines à glace et un bar qui vend différents sorbets produits par les machines. À la fin de l'exposition, le pavillon sera transféré à Fribourg pour être transformé en salle de gymnastique.
Suite à l'exposition, il reste à Genève et publie plusieurs ouvrages, notamment un Essai de philosophie scientifique qui ne sera jamais édité, ainsi qu'une Étude critique du matérialisme et du spiritualisme par la physique expérimentale dans laquelle il définit sa philosophie scientifique. Parallèlement, ses affaires périclitent, comme en témoigne ce procès qu'il perd en 1909 à Turin pour avoir vendu un procédé de fabrication d'oxygène à bon marché qui ne fonctionne pas.