Les problèmes résident dans l'approche microscopique ou particulaire de la mécanique classique où les objets étudiés sont des points matériels, ou bien des ensembles de points dont on oublie facilement la structure interne (comme pour le mouvement d'une planète dans le cosmos). A cette échelle et pour ce type d'objets étudiés individuellement, la physique semble réellement réversible. C'est la transition aux ensembles nombreux d'objets qui fait apparaitre le plus souvent les phénomènes irréversibles : c'est ce qu'on appelle le passage à la limite thermodynamique.
L'exemple le plus simple concerne les gaz. Alors qu'il est possible de déterminer un grand nombre de propriétés des gaz en considérant chaque particule comme ponctuelle et en utilisant exclusivement la mécanique classique, toutes les transformations des gaz sont irréversibles, et la plupart d'entre elles inexplicables sans la thermodynamique.
Les explications théoriques qui permettent de comprendre l'irréversibilité d'une transformation appliquée à une multitude d'objets microscopiques en évolution individuelle réversible sont fournies par la physique statistique et la théorie du chaos.
Soit un corps solide de capacité thermique constante c, et de température initiale T. Son énergie interne est U(T) = c T et son entropie S(T) = c Ln T. Ce corps est mis en contact avec une source de température T' = x T. Sa température finale à l'équilibre sera donc T' et il aura échangé avec la source la chaleur Q = c (T'-T) = c T (x-1).
On a, entre l'état initial et l'état final, la variation d'entropie suivante :
L'entropie échangée avec la source à la température T' est par définition :
L'entropie créée Sc au cours de la transformation est donc, selon le second principe :
L'évolution est donc toujours irréversible, quelles que soient les températures finale et initiale.
On imagine maintenant une transformation menant encore le corps solide de la même température initiale T à la même température finale T’ mais en mettant le corps successivement en contact avec une série de i sources de chaleur à des températures s'échelonnant graduellement de T à T'.
S étant une fonction d'état qui ne dépend que des conditions initiales et finales, la variation d'entropie reste inchangée :
L'entropie échangée par le corps avec la source de chaleur i, à la température Ti est égale à :
Si on considère que la transformation est réalisée de manière quasistatique, le nombre d'étapes, c'est-à-dire i, tend vers l'infini. Dans ce cas la différence de température (Ti − Ti − 1) est infiniment petite et on pose dTi = Ti − Ti − 1.
L'entropie échangée totale par le corps est la somme des entropies échangées avec chacune des sources :
Pour i tendant vers l'infini et pour les température extrêmes T et T' on a :
Et finalement, on trouve pour cette transformation quasi-statique une entropie créée limite :
donc que la transformation tend à être réversible pour une transformation quasi-statique.
Les conditions théoriques d'une transformation réversible sont les suivantes :
De manière plus précise on peut dire qu'une transformation réversible est un modèle idéal pour lequel les échanges de grandeurs extensives sont quasistatiques, réalisés en un grand nombre d'étapes pour que le déséquilibre des grandeurs intensives conjuguées soit réalisé par pas très faibles, et en l'absence de phénomènes dissipatifs. Il est très souvent possible, dans des conditions expérimentales adéquates, de se rapprocher de ce modèle.
Considérons la transformation isotherme réversible d’un gaz parfait partant d’un état initial A défini par les variables d'état : p(A), V(A), T, n pour aboutir à l’état final d’équilibre B défini par : p(B), V(B), T, n.
L’expression élémentaire du travail des forces de pression est :
Si la transformation est réversible le déséquilibre entre la pression extérieure pext et la pression du gaz p est très faible pendant toute la transformation, donc pext ≈ p. De plus à chaque instant le système est à l’équilibre et peut être décrit par son Équation d'état. Si le gaz est parfait :
Le travail effectué au cours de la transformation correspond à l’intégrale définie pour une variation de volume entre V(A) et V(B) .
Ce calcul n’est possible que si la transformation est réversible. Le travail obtenu dépend ici de la façon de procéder à la transformation.