Une partie de la Friche Rhodia, sur les berges de la Deûle (nord de la France) lors de la démolition (2007)
Le site Rhodia RHODIA OPERATIONS SAS(Nord).
Situé sur le bord du canal de la Deûle, en aval de Lille et avant la Belgique, cette usine chimique (ICPE) fut fondée par Frédéric Kuhlmann à partir d'une petite usine chimique de 2ha achetée en 1847. L'usine appartient ensuite au groupe Rhône Poulenc Chimie devenu Rhodia. Au cours de 150 ans de fonctionnement, elle s'est étendu de 2 à 33 ha, sur les communes de La Madeleine, Saint-André-lez-Lille et de Marquette-lez-Lille.
1849 à 1914 : Le site produit industriellement divers produits chimiques, dont acide sulfurique et dérivés (dont sulfates), d'acide nitrique de synthèse (dès 1845) et d'acide sulfonitrique (mélange d'oléum et d'acide nitrique) à partir de 1925., silicates alcalins (de 1852 à 1972), superphosphates, chlorure de chaux, soude, chlorure de baryum, sels de baryte. Le site profite de la forte demande en acide nitrique, soutenue par la production d'explosifs (acide picrique, composant le plus fréquent des obus utilisés par millions lors de la première guerre mondiale ;
1914 à 1918 : Durant la guerre, l'usine est vidée de son contenu lors de réquisitions successives;
1920 à 1963 : La reconstruction relance l'économie. L'usine produite du nitrate de chaux dès de 1929, de nitrate d'ammoniaque et d'engrais ternaires à partir de 1939, nitrate de soude, nitrite de soude et nitrate de potasse à la demande, d'ammoniac et d'acide nitrique puis reprise de production d'acide sulfurique et lancement de produits sulfités (bisulfite de soude, sulfite de soude, métasulfite de soude, hyposulfite cristallisé et hyposulfite anhydride), et d'anhydride sulfurique ;
1955 : Un atelier-pilote de raffinage d'uranium est créé. Il sera démantelé vers 1970. selon l'AINF, on ne détectait pas en 1999 sur le site de radioactivité résiduelle supérieure aux normes sanitaires françaises).
1963 à 2001 : Le site développe ses capacités en Chimie organique, avec dès 1961 production de T.D.I. (Toluylène disocyanate (produit hautement toxique, composants de base pour la production de mousse polyuréthanne. Ce produit et synthétisé avec de l'hydrogène et du monoxyde de carbone produit sur place, sur la partie de l'usine située à Saint-André) Il est exporté par Rhodia Chimie S.A.S en Amérique Centrale, Afrique, Europe, Océanie, Amérique du Nord, Amérique du Sud et Asie, alors que déclinent des productions minérales du reste du site, ceci jusqu'à sa fermeture et malgré le lancement de nouveaux produits (chlorhydrine sulfurique ou acide chlorosulfurique).
Un incinérateur, jusqu'en décembre 2005 brûlait les goudrons résultants de la synthèse du T.D.I. Sur la zone de Saint-André, on a aussi produit de l'énergie avec du charbon puis du fuel lourd (1971, l'infrastructure sera démolie en 2006);
Le site est abandonné par le groupe, et le patrimoine bâti est pillé ou démoli (Il n'en reste presque plus rien en 1993/1994 ; des clôtures, et jusqu'en 2006 un magasin et un atelier, un stockage de secours pour l'oléum. 3000 m3 de terre venant de l'ancien embranchement ferroviaire sont stockées sur le site. Une partie du sol a été achetée par la société FICHAUX (torréfaction de café). Les derniers vestiges dont les deux grandes cheminées construites en 1929 et en 1933 (hautes de 80m) sont démolies.
Les séquelles : différentes études, encadrées par la DRIRE ont mis en évidence des pollutions importantes par des métaux lourds (zinc, cuivre et plomb presque partout, mercure et cadmium sur une partie de la zone, nitrates, sulfates et ammonium, arsenic côté canal de la Deûle. Certains polluants ont percolé dans le sol et ont pollué la nappe alluviale superficielle (potassium, sulfates, nitrates, nitrites, chlorures, ammonium et sodium, et localement zinc et cadmium (jusqu'à 2 m de profondeur sur le secteur dit ANS) et arsenic (sous le secteur dit « AS/PS » et manganèse sous le secteur dit « GMG »). Or, cette nappe qui a remonté suite à l'arrêt des pompages industriels a inondé des caves riveraines, et fait donc l'objet d'un pompage permanent de dénoyage de sous-sol, un peu en amont avec rejet dans la Deûle. Une forte pollution par de l'arsenic a été trouvée jusqu'à 5 m de profondeur dans le Secteur dit AS/PS (avec du mercure mercure sur la moitié N-E de ce même secteur AS/PS. Des sulfates ont contaminé la nappe de la craie sous le site. Pour ces raisons, la préfecture considère, que le site est aujourd'hui « compatible avec un usage industriel », mais avec néanmoins « des restrictions d'usage à mettre en place au cas par cas, avec les acheteurs potentiels des différentes parties du site, et à rendre pérennes et opposables aux tiers par une publication au bureau de la conservation des hypothèques ». Il a été question d'implanter une station d’épuration sur le site pour la communauté urbaine de Lille. Plusieurs projets de réutilisation industrielle, urbaine ou administrative sont en cours. La position de ce site sur l'axe vert des berges de la Deûle, sa pollution et son caractère très artificialisant en font un élément important de fragmentation écologique de la trame bleue régionale.
L'usine de la Rochelle
Selon l'Andra, jusqu’en juillet 1994, Electronics and Catalysis (ex-RHODIA TERRES RARES) a exploité la monazite comme minerai (très légèrement radioactif), ce qui a produit un déchets radifère (RRA) d'abord stocké au Centre de la Manche (Andra) jusqu’en 1991, puis dans les installations du CEA/Cadarache. Le traitement de monazite légèrement radioactive a produit 8 023 tonnes (selon l'ANDRA) un « résidu solide banalisé » (RSB) légèrement radioactif (produit jusqu'en 1994), contenant (en 2007, selon l'ANDRA ; 2 000 tonnes d'uranium et 2,6 t de plomb toxiques. À partir de 1994, l'oxyde de thorium produit à partir de nitrate de thorium a généré des Résidus radifères (RRA) stockés dans l'usine de la Rochelle, avec d'autre résidus solides constituant des « remblais contaminés » « par des résidus d’attaque de minerais et des déchets divers (emballages, ferrailles). Les remblais sont composés d’un mélange de terres, de minerais inattaqués et de déchets divers (présence d’Uranium et de Thorium naturels) (35 000 m3 »).
L'usine fait l'objet d'une surveillance en tant qu'ICPE..