Le Syndrome du nez vide (SNV), de l’anglais Empty Nose Syndrome (ENS), est un état qui apparaît quand une quantité excessive de tissu nasal producteur de mucus (les cornets ou turbinates en anglais) a été chirurgicalement enlevée du nez, laissant un vide trop important dans les cavités nasales.
Cette opération chirurgicale, connue sous le nom de résection de cornet, turbinectomie, ou encore conchotomie, est pratiquée par un chirurgien oto-rhino-laryngologiste (ORL) ou un chirurgien plasticien pour différentes raisons.
La raison la plus courante est que les cornets deviennent gonflés de façon chronique et bloquent trop les voies respiratoires nasales.
Les causes les plus répandues de sur-croissance et de gonflement des cornets (hypertrophie turbinale) sont les suivantes :
L'opération de turbinectomie ne devrait donc être pratiquée qu'après de sérieuses tentatives pour diagnostiquer et traiter la cause initiale qui a provoqué le gonflement des cornets.
En dehors de ce pour quoi il est le plus célèbre, c'est-à-dire d'être un élément caractéristique du visage humain et un organe olfactif, le nez est un organe très important car il est aussi le véhicule respiratoire le plus important jusqu'aux poumons.
Il agit comme le gardien des poumons en réchauffant, humidifiant et filtrant l'air inspiré avant qu'il n'entre dans les poumons.
Le nez a aussi pour fonction de détecter et de sentir le flux d'air inspiré et d'enrichir nos vies avec tout une gamme de sensations qui sont cruciales pour maintenir les modèles de bien-être associés aux fonctions cérébrales sexuelles, cognitives et émotionnelles et aux comportements.
Un nez estropié peut avoir un impact énorme sur la qualité de vie d'une personne. Il peut causer une dépression, ralentir et altérer les processus cognitifs ainsi qu'inhiber les activités sexuelles et sociales. Il peut aussi occasionner chez une personne un sentiment d'épuisement et de faiblesse.
Lorsqu'une quantité excessive des cornets est ôtée, le nez perd ses capacités à convenablement pressuriser, diriger, tempérer, humidifier, filtrer, sentir et détecter le flux d'air inspiré. La synchronisation respiratoire naturelle entre le nez, la bouche et les poumons est également perturbée et le résultat est un nez infirme et sec qui se sent à la fois trop vide et obstrué.
Cet état n'apparait qu'un an environ après la resection d'une partie des cornets.
Le patient souffrant désormais du Syndrome du Nez Vide est constamment essoufflé, son sommeil devient très superficiel et beaucoup développent une apnée de sommeil.
Le patient est déprimé quasiment en permanence, ou anxieux ou les deux et évite les interactions sociales. La douleur provenant des sinus est parfois aussi un problème.
Le SNV est caractérisée initialement par des voies respiratoires nasales qui ont été grossièrement élargies et qui passent tout à coup d'un état de "trop obstruées" à celui de "trop ouvertes". Ceci a un impact dramatique sur l'air inhalé et peut déboucher sur une difficulté respiratoire importante connue sous le nom de "obstruction paradoxale". Cette obstruction est provoquée par 3 facteurs pathologiques qui apparaissent lorsque les cornets sont sectionnés:
a) le flux d'air devient trop turbulent et ainsi, moins d'air est conduit efficacement à travers le nez jusqu'aux poumons
b) les capteurs de mouvement du flux d'air incorporés dans les couches de la muqueuse nasale ne sont pas suffisamment stimulés, et ceci est interprété, par les centres concernés du cerveau, comme une obstruction à la respiration.
c) La perte dramatique des tissus de cornets servant à l'humidification, le filtrage et le réchauffement de l'air réduit la qualité de l'air qui atteint effectivement les poumons, et ceci a pour résultat un échange gazeux moins efficace au niveau des alvéoles des poumons.
Le principal danger avec un Syndrome du Nez Vide qui perdure, est de développer une Rhinite Atrophique qui consiste en une maladie dégénérative et inflammatoire des cavités nasales et des sinus, caractérisée par la dégénérescence du tissu et du cartilage nasal, des cavités nasales évasées et un dysfonctionnement total de la muqueuse nasale restante. Ceci est souvent accompagnée d'odeurs fétides (ozène), des saignements de nez et des croûtes.
Pendant de nombreuses années, les personnes souffrants du SNV ont été automatiquement étiquetées comme souffrant de Rhinite Atrophique Secondaire. "Secondaire" afin de souligner que l'état chronique d'atrophie nasale a été causé par la chirurgie, en opposition à "primaire" dans laquelle l'atrophie se déclenche pour d'autres raisons que celle d'une intervention médicale.
Le SNV est une infirmité iatrogène ( c'est-à-dire directement causée par une procédure médicale), mais il n'est pas la Rhinite Atrophique, bien qu'il en soit très similaire et puisse y dégénérer.
Les tissus muqueux restants semblent en bonne santé et normaux (en dehors du fait qu'une grande portion de muqueuse nasale ait été perdue dans la turbinectomie). Avec les années, cette muqueuse restante peut devenir de plus en plus sèche et le danger existe qu'elle subisse une métaplasie et s'atrophie. Alors seulement pourra-t-on diagnostiquer une Rhinite Atrophique.