L'arrivée de la tempête de 1913 fut observée pour la première fois le jeudi 6 novembre, sur la rive ouest du Lac Supérieur. Elle se déplaçait rapidement vers le nord du Lac Michigan. Les prévisions météorologiques du Detroit News annonçaient des vents "modérés à forts" pour les lacs, avec de la pluie intermittente pour la nuit de jeudi à vendredi sur la région des Grands Lacs supérieurs (sauf pour le sud du Lac Huron) mais des conditions de bonnes à variables sur la région des Grands Lacs inférieurs.
Vers minuit, le vapeur Cornell, alors à 80 km à l'ouest de Whitefish Point sur le Lac Supérieur, entra dans une soudaine tempête venant du nord et fut sérieusement endommagé. Celle-ci dura jusqu'au lundi 10 novembre et manqua de drosser le Cornell sur la côte.
Lac | Navire | Victimes |
---|---|---|
Supérieur | Leafield | 18 |
Supérieur | Henry B. Smith | 23 |
Michigan | Plymouth (barge) | 7 |
Huron | Argus | 28 |
Huron | James Carruthers: | 22 |
Huron | Hydrus | 25 |
Huron | John A. McGean | 28 |
Huron | Charles S. Price | 28 |
Huron | Regina | 20 |
Huron | Isaac M. Scott | 28 |
Huron | Wexford | 20 |
Érié | Lightship 82 | 6 |
La liste suivante comprend les navires qui sombrèrent pendant la tempête emportant avec eux leurs équipages. Elle est triée géographiquement par lac et alphabétiquement par nom de bateau. Elle ne comprend pas les trois victimes du cargo William Nottingham qui embarquèrent volontairement sur une embarcation de sauvetage afin d'aller chercher du secours. Alors que l'on descendait leur embarcation des flancs du navire, une vague l'écrasa contre sa coque et les hommes disparurent dans les eaux glacées du lac.
Sur les douze navires qui sombrèrent lors de la tempête, cinq ne furent jamais retrouvés : les Henry B. Smith, Leafield, James C. Carruthers, Hydrus et la barge Plymouth. La plus récente découverte fut le Wexford lors de l'été 2000.
Historiquement, les tempêtes de cette amplitude ne durent pas plus de quatre ou cinq heures. Celle-ci, cependant, déploya des vents supérieurs à 100 km/h pendant plus de seize heures, avec de fréquentes rafales dépassant les 110 km/h. Elle paralysa la navigation sur les lacs et dans tout le bassin des Grands Lacs.
Le long des côtes, le blizzard empêcha la circulation et les communications, causant des centaines de milliers de dollars de dommages. Les 55 cm de neige tombés à Cleveland contraignirent les commerces et les industries à fermer leurs portes pendant deux jours. Il y eut des congères de plus d'un mètre tout autour du Lac Huron. L'électricité, le téléphone et le télégraphe furent interrompus dans le Michigan et en Ontario. Un parc d'attractions, à Chicago, en chantier depuis huit ans, fut détruit en quelques heures.
Les dégâts les plus importants eurent lieu sur les lacs. Des naufrages se produisirent sur tous les lacs, à l'exception du Lac Ontario. Le plus grand nombre se produisit dans les parties sud et ouest du Lac Huron. Les récits des capitaines relatent des vagues d'au moins 11 m de haut. De longueur d'onde plus courte que celles générées par les tempêtes habituelles, les vagues déferlèrent en succession rapide, parfois trois à la fois. Les capitaines indiquèrent également que le vent soufflait souvent dans le sens opposé aux vagues. C'était la conséquence des mouvements cycloniques de la tempête, quelque chose qui fut rarement observé sur les Grands Lacs.
Le 10 novembre, en fin d'après-midi, un navire inconnu fut repéré flottant quille en l'air dans une zone d'une vingtaine de mètres de profondeur sur la côte est du Michigan, en face de Huronia Beach et de l'embouchure de la Sainte-Claire. Découvrir l'identité du navire mystérieux attisa la curiosité de toute la région et fît la Une des journaux. Le bateau finit par couler et ce n'est pas avant le samedi 15 novembre au matin qu'il fut identifié comme le Charles S. Price. La Une de l'édition spéciale du Port Huron Times-Herald ce jour là fut : "BOAT IS PRICE — DIVER IS BAKER — SECRET KNOWN" (le bateau est le Price - le plongeur est Baker - Le mystère est éclairci). Milton Smith, l'assistant mécanicien qui avait décidé de ne pas embarquer au dernier moment, suite à une prémonition, aida à identifier les corps qui furent retrouvés.
Le bilan financier des pertes fut de 2 332 000 $US pour les navires perdus, 830 900 $US pour ceux qui purent être réparés, 620 000 $US pour les navires en perdition mais qui purent reprendre du service et environ 1 000 000 $US pour la perte des chargements. Ceci ne tient pas compte des pertes financières enregistrées par les localités côtières.
Ces événements aboutirent à de nombreuses améliorations à long terme. Les plaintes à l'encontre du service météo de l'USDA, accusé de manque de préparation, débouchèrent sur une amélioration des prévisions météo et des communications d'alertes de tempêtes. Les critiques des armateurs et des chantiers navals débouchèrent sur une série de consultations entre assureurs et marins afin d'établir de nouvelles normes pour la construction des navires offrant une meilleure stabilité et une résistance longitudinale améliorée. Sitôt après le blizzard, Cleveland se lança dans une campagne d'ensevelissement de tout le câblage urbain dans des tubes sous la chaussée des artères principales, ce qui prit une dizaine d'années.