En analyse fonctionnelle, le théorème de Banach-Schauder, également appelé théorème de l'application ouverte est un résultat fondamental qui affirme qu'une application linéaire continue surjective entre deux espaces vectoriels normés complets est ouverte. C'est une conséquence importante du théorème de Baire, qui affirme que dans un espace métrique complet (et donc en particulier dans un espace de Banach), toute intersection dénombrable d'ouverts denses est dense, ce qui permet de généraliser le théorème de Banach-Schauder aux espaces de Fréchet.
Soient E et F deux espaces de Banach et f une application linéaire continue de E vers F.
Si f est surjective, alors f est ouverte, i.e. l'image de tout ouvert de E par f est un ouvert de F.
Le théorème de Banach-Schauder a une conséquence fondamentale (en fait, il s'agit d'une forme équivalente du théorème, et non d'un résultat plus faible), appelée théorème d'isomorphie de Banach, théorème de Baire-Banach ou plus simplement théorème de Banach :
Le théorème de Banach-Schauder est également à l'origine d'un puissant critère de continuité des applications linéaires entre deux espaces de Banach, il s'agit du théorème du graphe fermé :
Dans le cas de la dimension infinie, rien ne garantit que les projecteurs associés à des sous-espaces supplémentaires soient continus. C'est la raison d'être de la définition suivante :
Un supplémentaire algébrique, par définition est un sous-espace tel qu'il existe une et une unique manière d'écrire un vecteur de E comme somme d'un vecteur de F et d'un vecteur de G.
Le théorème de Banach-Schauder permet de démontrer la proposition suivante :
Ce résultat est la conséquence de la proposition suivante, utilisée par exemple pour démontrer des propriétés d'orthogonalités dans un espace de Banach.
La proposition précédente admet le corollaire suivant :
Ce corollaire est aussi utilisé pour établir des propriétés d'orthogonalités.
Soit l'espace F1xF2 muni de la norme suivante :
L'espace F1xF2 est un Banach et l'application de F1xF2 dans E qui à un couple associe la somme des deux éléments est linéaire surjective. L'inégalité triangulaire montre que l'application est continue. Soit x le vecteur de la proposition. Le théorème de Banach-Schauder montre l'existence d'un réel c strictement positif tel que :
Il suffit alors de choisir C comme l'inverse de c.
C'est un corollaire immédiat de la proposition précédente.
Soit ε un réel strictement positif et C la constante strictement positive établie dans la proposition précédente. Par définition de la distance entre un vecteur et un ensemble, il existe un vecteur y1 (resp. y2) de F1 (resp. F2) tel que :
La proposition précédente montre d'un vecteur x1 (resp. x2) élément de F1 (resp. F2) tel que :
L'égalité suivante montre que x1 − y1 est un élément de l'intersection de F1 et F2 :
On en déduit :
Si D est choisi égal à 1 + C, la majoration précédente est vraie pour tout ε, ce qui démontre la proposition.