Le théorème de Helly est un résultat combinatoire sur les convexes.
Ce résultat a été prouvé en 1913 par Eduard Helly, et il a été publié par Johann Radon en 1921.
Théorème — On considère
Il est facile d'étendre le théorème à des familles infinies d'ensembles convexes, en rajoutant une hypothèse de compacité
Corollaire — Si
On donne la preuve dans le cas fini (le cas infini se ramène au cas fini par un argument de compacité).
Il y a plusieurs preuves du théorème de Helly, mais toutes se prêtent bien à être aiguillées par l'énoncé intermédiaire suivant :
Énoncé intermédiaire — Dans un espace affine de dimension d, soit
Il existe alors un point commun aux d + 2 simplexes Δi.
Dans tous les modes de démonstration, il y a un travail géométrique un peu subtil à faire pour parvenir à cet énoncé intermédiaire ; en revanche terminer la preuve ne demande pas d'idée bien compliquée.
Commençons donc par le plus facile, en montrant que l'énoncé intermédiaire entraîne le théorème de Helly sous la forme donnée plus haut.
Supposons d'abord que n = d + 2. Les hypothèses du théorème assurent l'existence d'un point a1 qui se trouve dans l'intersection des
De la même manière on peut définir pour tout
Appliquons l'énoncé intermédiaire à ces points : il fournit un point x qui est à la fois dans tous les simplexes Δi. Mais, par définition de Δi, tous les sommets de ce simplexe sont dans Xi. Donc x est un point de Xi pour tout i.
À présent, raisonnons par récurrence : supposons que n > d + 2 et que le résultat soit vrai au rang n − 1. Le raisonnement précédent montre que toute intersection de d + 2 ensembles convexes est non vide. On considère la nouvelle collection obtenue en remplaçant Xn − 1 et Xn par l'ensemble
Dans cette nouvelle collection, chaque intersection de d + 1 ensembles est non vide. L'hypothèse de récurrence implique donc que l'intersection de cette nouvelle collection est non vide ; mais cette intersection est la même que celle de la collection initiale.
On va maintenant donner plusieurs preuves de l'énoncé intermédiaire.
Première preuve : via le théorème de Radon
S'il y a une répétition dans la liste de points
Ce théorème assure l'existence de deux sous-ensembles disjoints
Prenons
Deuxième preuve : via le théorème de Carathéodory
On munit l'espace affine d'une structure euclidienne.
Sur le polytope compact enveloppe convexe des points de
puis on prend un point x de ce polytope en lequel elle admet son minimum. Montrer que les simplexes se rencontrent revient donc à montrer que f(x) = 0.
Le théorème de Carathéodory assure qu'on peut extraire de A une sous-famille avec seulement d + 1 points dont x est barycentre à coefficients positifs, autrement dit qu'il existe un indice i tel que x appartient à Δi. Quitte à renuméroter les points de A, on supposera que x appartient à Δ1.
Pour
L'idée de la fin de la preuve est alors la suivante : puisque a1 est dans
Prenons
L'inégalité (1) peut donc se préciser en :
Si f(x)=0, on a terminé. Sinon, l'inégalité précédente entraîne alors l'inégalité beaucoup plus simple :
Troisième preuve : par le théorème de Carathéodory et le lemme de Farkas
On va montrer le théorème par l'absurde. Supposons donc l'intersection des Δi vide.
Chacun des simplexes Δi est une intersection d'un nombre fini de demi-espaces. Énumérons la liste complète de ces demi-espaces
Pour chacun de ces demi-espaces, prenons une forme affine fj pour laquelle
Par le lemme de Farkas sous sa forme de critère de consistance pour un système d'inéquations affines, il existe donc une combinaison linéaire à coefficients positifs des fj égale à la forme constante − 1. Dit autrement, il existe un λ > 0 tel que − λ soit dans l'enveloppe convexe des fj.
Par le théorème de Carathéodory, il existe une sous-collection d'au plus d + 1 de ces fj qui contienne encore − λ dans son enveloppe convexe. En réappliquant le lemme de Farkas (dans ce sens c'est une évidence), l'intersection des Rj correspondants est alors vide.
Pour chacun d'entre eux, prenons un simplexe qu'il contient parmi la liste des Δi : ces simplexes sont au plus d + 1 donc se rencontrent par hypothèse. C'est contradictoire.