Torcello | ||
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Torcello est une île située au nord de la lagune de Venise, en Italie.
Première zone de peuplement de la lagune à partir du VIe siècle, Torcello en devient l'île la plus peuplée et compte 10 000 habitants au Xe siècle. L'envasement de ses canaux et la propagation de la malaria conduisent l'île à être peu à peu désertée. En 2009, Torcello ne compte plus qu'une soixantaine d'habitants.
Torcello est située dans le nord de la lagune de Venise, à proximité du continent et des îles de Burano et Mazzorbo.
L'édifice le plus remarquable de l'île de Torcello est la cathédrale Santa Maria Assunta (Notre-Dame de l'Assomption), bâtie en 639. Selon une inscription en latin gravée à gauche du chœur, elle aurait été fondée par l'exarque de Ravenne Isaac. Il s'agit du document le plus ancien de l'histoire de Venise :
La façade, très sobre, est précédée d'un narthex dont la galerie rejoint et entoure l'église voisine de Santa Fosca.
L'intérieur, à trois nefs, repose sur des colonnes en marbre grec à chapiteaux.
Le pavement de mosaïques a été réalisé au XIe siècle, les bas-reliefs datent du XIe siècle et les peintures du XVe siècle. L'iconostase est un exemple de la toute fin de l'art byzantin pictural (XVè siècle). L'autel de la cathédrale abrite un sarcophage romain renfermant les reliques de Saint Héliodore. Hemingway, parlant de la cathédrale Notre-Dame (Santa Maria Assunta), prétendait que les Vénitiens n'avaient jamais rien fait de mieux.
De somptueuses mosaïques, réalisées entre le XIIe siècle et le XIVe siècle, couvrent les murs de l'abside et des deux chapelles encadrant le coeur. Au revers de la façade s'étire une immense et majestueuse mosaïque représentant le Jugement dernier. Les mosaïstes des XIIè et XIIIè siècles, s'inspirèrent des canons esthétiques byzantins en symbiose avec l'esprit de l'art roman.
1/ Dans l'arc de l'abside est représentée l'Annonciation. La Vierge y est représentée un fuseau à la main. Le long de l'arc, une inscription figure des propos à la première personne du singulier, comme cela était fréquent à cette période charnière entre le paléo Christianisme finissant et le Christianisme médiéval plus tardif : "Je suis Dieu et Homme, l'image du Père et de la Mère ; je suis proche du coupable, mais le repentant est mon voisin".
2/ Dans le cul de four figure la Vierge à l'Enfant (XIIIè siècle), la fenêtre centrale inférieure représentant le Christ. Comme il était d'usage dans la symbolique religieuse byzantine, la Vierge amorce une génuflexion. Elle tient le Suaire du Christ, alors que l'enfant tient le rouleau de la loi, qui figure une triple ascendance temporelle, traditionnelle et spirituelle. Une abréviation grecque au dessus de la Vierge signifie "Mère de Dieu". En dessous, les Apôtres avancent dans une prairie de coquelicots (XIIè siècle).
3/ Dans l'abside de droite apparaissent le Christ trônant entourés des archanges Saint Michel et Saint Gabriel. Sur la voute d'arêtes quatre anges portent l'agneau mystique. Les quatre fleuves du Paradis sont représentés par des bandes où alternent fleurs et grappes de fruits, et dans lesquelles apparait tout un bestiaire miniature symbolique (lion, paon, taureau, aigle, et oiseaux au plumage blanc).
Cette mosaïque en six bandes couvre toute la hauteur du mur de revers de façade, à l'exception des deux premiers mètres du sol, et se lit de haut en bas. Elle se décompose en deux parties : en haut sont représentées la Mort et la Résurrection du Christ (registres 1, 2 et 3). En bas, figure le Jugement lui-même (registres 4, 5 et 6).
Registre 1/ La Crucifixion.
Registre 2/ La descente aux enfers.
Le Christ foule les chaînes de l'enfer et un diable minuscule. Il tient Adam par la main, tandis que Eve est en prière. Derrière elle s'avancent les rois David et Salomon. De l'autre côté, Saint Jean-Baptiste est suivi du groupe des prophètes. Deux immenses archanges (Gabriel et Michel) portant des globes et vêtus à la mode byzantine encadrent ce registre.
Registre 3/ Le Christ est représenté sous sa forme à la fois divine et charnelle en étant assis dans une mandorle.
La Vierge, Saint Jean-Baptiste et les douze Apôtres les encadrent. Deux anges portant d'innombrables yeux sur leurs ailes soutiennent la mandorle d'où coulent des fleuves de feu en direction de l'enfer (registres 5 et 6 dans leur partie droite).
Registre 4/ Le triomphe de la Croix (centre) et l'appel des morts (parties gauche et droite).
Au centre, les instruments de la Passion sont représentés : la sainte lance, l'éponge et la couronne d'épines. Quatre anges, dont deux sans corps à la manière orientale (séraphins) les encadrent. Au pied de la Croix, Adam et Eve sont agenouillés devant le livre de la vie. A gauche et à droite, des anges soufflent dans leur trompette pour appeler les morts au Jugement. Ceux de gauche sortent de la symbolique terrestre : rochers et gueules d'animaux réels ou imaginaires, sous la forme de momies embaumées. Ceux de droite, de la symbolique de la mer : flots, poissons et monstres marins. Un ange tient un rouleau à la main et déroule le ciel pour en faire tomber les étoiles (scène de l'Apocalypse).
Registre 4 - Les morts sortant de la terre | Registre 4 - Les morts sortant de la mer |
Registre 5/ La séparation des élus et des damnés.
Au centre, l'archange Saint Michel pèse les âmes avec sa balance tandis que deux diables cornus cherchent à la faire pencher de leur côté en la chargeant avec les sacs de péchés.
A gauche figurent les élus répartis en quatre groupes : évêques, martyrs, moines et femmes pieuses.
A droite apparaît l'image la plus célèbre de Torcello : les damnés plongés dans les flammes et tenus en respect par deux anges. Lucifer, tout noir avec ses cheveux ébouriffés et un regard de dément est assis sur le Léviathan à deux têtes (serpent aquatique de l'Apocalypse annoncé par Isaïe). Il tient sur ses genoux l'Antéchrist. Autour de lui virevoltent sept diablotins personnifiant les sept péchés capitaux : l'orgueil, l'avarice, la luxure, la colère, la gourmandise, la paresse et l'envie. Ils évoluent au milieu de têtes humaines représentant des dignitaires et des gens du peuple soumis au même jugement quelle que soit leur condition.
Registre 6/ Le traitement des élus et des damnés.
A gauche, les élus se trouvent dans le Paradis où pousse du pavot. Ce qui est amusant quand on connait l'usage qui en est fait aujourd'hui. Saint Pierre avec ses clefs, Saint Michel, un ange aux ailes ornées d'yeux, le Bon Larron, la Vierge et les élus se tournent vers Abraham qui tient le Christ sur ses genoux.
A droite, la célèbre mosaïque des damnés recevant leurs peines en fonction de leurs péchés :
- les luxurieux et les orgueilleux : sont jetés dans les flammes.
- les gourmands : sont nus et se rongent les mains.
- les coléreux : sont jetés dans l'eau froide.
- les envieux : ont les yeux des orbites dévorés par les vers.
- les avares : ont la tête tranchée.
- les paresseux : ont les crânes, les mains et les pieds arrachés.
![]() Vue générale du Jugement dernier (XIIè s.) | Détail des registres 3, 4, 5 & 6 (XIIè s.) | Bas-côté droit.jpg | ![]() Campanile de la cathédrale de Santa Maria Assunta |
Séparé de la cathédrale, le campanile fut commencé au XIe et servait à contrôler la navigation dans la lagune. Il perdit son sommet en 1640, après avoir été touché par la foudre. En grimpant au sommet, on peut admirer l'île.
Cette église, en croix grecque, fut érigée entre le XI° siècle et le XIIe siècle. À l’origine, il s’agissait probablement d’un martyrium, sanctuaire abritant les restes des martyrs. Elle se présente comme un octogone cerné d’un portique, dont les arcs surhaussés reposent sur des colonnes à chapiteaux vénéto-byzantins. Par sa double rangée d’arcades aveugles et sa frise à motif en dents de scie, l’abside rappelle celle de San Donato. Ce sanctuaire est, par son extrême simplicité, le résumé de la conception byzantine de l’espace comme unité et cohérence structurelle. L’équilibre de forme est mis en valeur par une lumière pure et nette.
Devant la cathédrale, face au musée, se trouve un siège de marbre qui, selon la légende, aurait servi de siège à Attila lorsque celui-ci avait traversé l'Italie. Au Moyen-Age, il fut utilisé par l'évêque et pour l'exercice de la justice.
Ce pont en pierre, jadis endommagé, enjambe le principal canal de Torcello. Il a été restauré en 2009. A cette occasion, il a retrouvé son apparence d'origine en perdant les parapets qui avaient été ajoutés au XIXè siècle pour éviter les chutes... ...à l'époque où Torcello comptait encore une population "substantielle".